Italie: le quotidien «L'Unità» à l’agonie

L’Unità, quotidien de référence de l’aile la plus à gauche du Parti démocrate, va cesser de paraître à partir du 1er août. Telle est la décision des actionnaires privés et des liquidateurs judiciaires. Les journalistes du journal ont exprimé leur colère dans l’édition du mercredi 30 juillet.

Capture d'écran du site de «L'Unita», le 31 juillet 2014. D.R.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

« Ils ont tué L’Unità», la Une est au vitriol. Trois pages noircies d’encre pour raconter le désespoir d’une équipe de 80 personnes, entre journalistes et ouvriers du livre, suivies de seize pages blanches en signe de révolte.

En grave difficulté financière et faute de repreneur pour éponger les dettes du journal, les actionnaires ont préféré suspendre la publication. Dans les années 1980, à l’époque de Luigi Berlinguer, le titre tirait à 200 000 exemplaires. Trente ans plus tard, ce chiffre a chuté à 25 000.

Matteo Renzi ne rassure pas

En 2000, déjà, le quotidien avait cessé de paraître pendant huit mois. Mais cette fois-ci, la nouvelle suspension pourrait être définitive. L’éditorialiste Luca Lando souligne que L’Unità n’a aucune intention de mourir et lance un nouvel appel au secrétaire du Parti démocrate et chef du gouvernement, Matteo Renzi.

Ce dernier assure que le Parti démocrate est engagé à 100% pour trouver une solution. Toutefois, les cinquante journalistes de la rédaction, sans salaire depuis le mois d’avril, pensent que Matteo Renzi opterait plutôt pour le sauvetage d’une marque historique que pour celui du journal.

De fait, ce quotidien n’a jamais été tendre envers le président du Conseil auquel il reproche certains choix politiques. Et ce dernier juge les tweets et le petit écran aussi efficaces, si non plus, qu’un média traditionnel.

Un journal historique

Imprimé clandestinement durant la période du fascisme, le journal L’Unità est créé en 1924 par l’un des fondateurs du Parti communiste italien (PCI), le philosophe Antonio Gramsci.

Jusqu’à l’autodissolution du PCI en 1991, le journal est resté son organe officiel. Il s’est ensuite rapproché du Parti démocrate, tout en accordant une attention particulière aux luttes sociales et aux mouvements syndicaux.