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Ukraine

Ukraine: les séparatistes pro-russes rejettent l'accord de Genève

Les insurgés pro-russes refusent l'accord conclu à Genève pour apaiser la crise dans le pays. Et ce malgré les propositions des autorités de Kiev. Côté russe, le porte-parole du Kremlin a confirmé vendredi que des troupes restaient en alerte près de la frontière ukrainienne.

Une homme armé devant une barricade jouxtant la mairie de Slaviansk, le 18 avril 2014
Une homme armé devant une barricade jouxtant la mairie de Slaviansk, le 18 avril 2014 REUTERS/Gleb Garanich
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Les pro-Russes, maîtres de plusieurs localités dans l'est de l'Ukraine, n'ont pas suivi la ligne adoptée à Genève, jeudi 17 avril, par les chancelleries russes, ukrainiennes, américaines et européennes. Sur le terrain, ils n’ont pas non plus l’intention de quitter les bâtiments administratifs qu’ils occupent, notamment dans toute la région de Donetsk. Ils multiplient les actes de défiance envers le pouvoir.

A Slaviansk, où notre envoyée spéciale Anastasia Becchio suit l'évolution de la situation, trois hommes armés en treillis militaire montent la garde devant un haut mur de sac de sable qui barre la quasi-totalité de l’entrée de la mairie de Slaviansk. « Nous partirons quand tout sera fini », explique le plus bavard d’entre eux qui s’écarte pour laisser sortir un homme portant blouson noir et casquette sur la tête et qui s’avère être le nouveau maire autoproclamé de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev.

Stella, qui se présente comme une porte-parole du nouveau pouvoir pro-russe de la ville est occupée à préparer une nouvelle manifestation de soutien. Les quelques annonces venues de Kiev promettant notamment un statut spécial pour la langue russe ou une décentralisation ne la rassurent pas vraiment.

En attendant un hypothétique assaut des forces ukrainiennes, les mystérieux hommes en uniformes verts se prêtent de bonne grâce aux séances photo avec des passants qui les voient déjà comme des héros.

Kiev tend la main aux pro-Russes

A Dontesk, l'ancien Premier ministre Ioulia Timochenko est venue porter en personne le message du gouvernement de Kiev. Dans une adresse commune à la nation, le président par intérim Olexandre Tourtchinov et son Premier ministre Arseni Iatseniouk ont promis une importante décentralisation et un statut protecteur pour la langue russe.

Ioulia Timochenko lors d'une conférence de presse à Donestk, le 18 avril 2014.
Ioulia Timochenko lors d'une conférence de presse à Donestk, le 18 avril 2014. REUTERS/Baz Ratner

Ioulia Timochenko est venue tendre la main dans une région où elle n’est pas vraiment la bienvenue. La candidate à la présidentielle du 5 mai a beaucoup parlé d’harmonie, d’unité, de rassemblement. Comme pour mieux faire passer son message, elle a parlé en russe, la langue dans laquelle s’exprime 70% de la population ici et dont le statut soulève bien des passions.

En écho aux propositions faites par Kiev, Timochenko a plaidé en faveur d’un statut spécial pour la langue russe, d'une décentralisation avec des pouvoirs élargis pour les régions. Ioulia Timochenko a précisé qu’elle était venue apporter son soutien aux brigades spéciales de défense qui se mettent en place ici, sorte de mouvement de résistance qu’elle affirme avoir initié. Dans le même temps, elle voulait aussi rencontrer les insurgés qui occupent l’administration régionale. Mais l’un de leurs porte-paroles lui a poliment répondu qu’il ne lui conseillait pas de venir.

« Si la Russie ne fait pas marche arrière... »

Pour ne pas se départir de son image de femme forte, Ioulia Timochenko a aussi tenu un discours aux accents guerriers : « Je pense que Poutine est le seul chef d’Etat du monde à ne pas voir de soldats russes sur le territoire ukrainien », a-t-elle dit, avant de prévenir :

« Si la Russie ne fait pas marche arrière, jeudi prochain, les leaders de l’Union européenne pourraient se réunir en sommet pour décider d’engager un troisième train de sanctions contre la Fédération de Russie, a prévenu l'ancienne icône de la révolution orange. Après les pourparlers de Genève, nous avons toutes les chances d’éviter la confrontation et surtout la guerre. Mais si après toutes ces discussions et tous les engagements pris, la Russie ne retire pas ces unités spéciales, l’Ukraine se défendra par les armes. Aujourd’hui, le peuple ukrainien est prêt à défendre son pays les armes à la main ».

Pour la Russie, l'accord est « une responsabilité collective »

A Moscou, le porte-parole du Kremlin a confirmé que la Russie gardait ses troupes positionnées à proximité de la frontière, « en raison de la situation ». « Certaines y sont basées, d'autres ont été envoyées en renfort en raison de la situation en Ukraine », a déclaré le porte-parole, Dmitri Peskov.

Par ailleurs, la Russie refuse enfin de porter seule la responsabilité du respect de l'accord de Genève sur l'Ukraine comme essaient de le faire, selon Moscou, les Occidentaux.

Enfin, le Kremlin juge « inacceptables » les menaces de nouvelles sanctions américaines. D'après l'ambassadeur russe auprès de l'Union européenne, Vladimir Tchijov, Kiev aurait mal interprété les termes de l'accord de Genève. « Si nous parlons de la façon dont les autorités au pouvoir à Kiev ont interprété le document de Genève, alors, malheureusement, elles l'ont compris de travers », a-t-il dit à la chaîne officielle Russia 24. « En particulier le fait qu'il ne s'applique qu'aux provinces de l'est et du sud et à ceux qui réclament le fédéralisme, mais ne s'applique pas à Kiev où tout est légal, y compris l'occupation en cours de Maïdan (la place de l'Indépendance) ».

Réponse de Washington : « L'accord prend effet immédiatement, il y a donc clairement des mesures qui doivent être prises », a martelé la porte-parole du département d'Etat Jennifer Psaki. « Je ne vais pas faire de prédiction sur notre degré de confiance. Je dirais que nous sommes lucides quant au bilan de la Russie, dans le passé, pour ne pas mettre en oeuvre des mesures » agréées.

→ A (RE)LIRE : Ukraine: l'accord de Genève, une «surprise» qui «ne règle pas tout»

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