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Suède

La copie sur internet devient religion en Suède

La « congrégation missionnaire des Kopimistes » (Det Missionerande Kopimistsamfundet) vient d'être reconnue par l'Etat suédois. Elle prône les vertus de la copie et de l'échange de fichiers sur internet, et rejette la législation actuelle sur le droit d'auteur. Une nouvelle manifestation de la « génération internet » dans un pays qui a déjà vu naître « The Pirate Bay » et le parti Pirate.

Isak Gerson, le guide spirituel des Kopimistes.
Isak Gerson, le guide spirituel des Kopimistes. Benoît Derrier
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Le tout nouveau mouvement religieux tire son nom du phénomène internet Kopimi (de l'anglais « copy me ») dont les membres apposent un logo sur leur site pour signifier que son contenu est librement reproductible.

Pour la congrégation Kopimiste, l'information (au sens large) est sacrée, et sa copie est un sacrement. Leur « guide spirituel », Isak Gerson, étudiant en philosophie, parle réellement de foi : « Nous considérons l'information sacrée mais je ne peux pas expliquer pourquoi. C'est comme demander à quelqu'un pourquoi il croit en Dieu. Peu de personnes sont capables d'expliquer leur foi de manière concrète ».

Une religion sans Dieu ni Eglise

En Suède, créer une religion est possible depuis la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 2000. L'agence suédoise des services juridiques, financiers et administratifs (Kammarkollegiet), qui a validé la décision précise qu'une religion peut être « à peu près n'importe quoi, du moment qu'elle organise des activités religieuses ».

Même si les kopimistes ne vénèrent aucun Dieu (ils font d'ailleurs remarquer que toutes les religions n'en ont pas : c'est le cas de certaines branches du bouddhisme, par exemple) et n'ont pas de lieu de culte physique, ils organisent bel et bien des messes : « Nous nous retrouvons virtuellement, sur nos serveurs. Nous échangeons des fichiers informatiques. On discute via des forums ou des ' chats '. Puis, quand nous en avons terminé, nous nous invitons mutuellement à répandre cette pratique chez les non-initiés ».

Les kopimistes réfutent les lois actuelles de lutte contre le piratage sur internet. Certains d'entre eux sont issus de « The Pirate Bay », site web qui recense des torrents (des liens pour télécharger gratuitement et illégalement films ou musique). D'autres sont membres du parti Pirate, formation politique tout à fait officielle qui milite depuis 2006 pour un internet libre, sans licence, et une réforme de la propriété intellectuelle, et notamment du droit d'auteur.

Un mouvement officiel... aux pratiques illégales

C'est là que réside le paradoxe : en Suède comme dans la plupart des autres pays, l'échange de fichiers soumis aux règles du droit d'auteur est interdit. Les activités de la désormais officielle congrégation sont donc illégales. « Nous devons nous cacher », déplore Isak Gerson, « parce qu'il est aujourd'hui inévitable de s'échanger des données protégées par le droit d'auteur. Musique, films, documents écrits ... Le monde entier est sous copyright. C'est un modèle économique dont malheureusement plus personne ne s'étonne. Je pense qu'il est obsolète, mais beaucoup d'intérêts économiques sont en jeu. C'est un modèle mondial, donc très difficile à casser ».

Ce sur quoi le leader kopimiste fait un parallèle historique plutôt pertinent : « Quand l'imprimerie a été inventée, au XVe siècle, les gouvernements ont mis en place une censure car ils voyaient la propagation du savoir comme une menace contre leurs intérêts. C'est exactement la même chose aujourd'hui avec le droit d'auteur, qui bride la libre propagation de la connaissance sur internet au nom du profit d'entreprises multinationales ».

L'Eglise Kopimiste a déjà fait des émules un peu partout dans le monde, notamment en Inde, en Russie, en Amérique du Nord et dans quelques pays européens, mais n'est pour le moment reconnu religion qu'en Suède, où elle compte 3 000 membres.

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