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Pays-Bas / Drogue

Les Pays-Bas, une narco-nation?

Pas un mois ne se passe sans l’annonce d’une arrestation ou d’une saisie de drogue importante en lien avec les Pays-Bas. Un pays parfois dénoncé comme une «narco-nation» par ses propres dirigeants.

Herbe hollandaise en vente à Amsterdam
Herbe hollandaise en vente à Amsterdam Getty Images/Will Salter
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Dernières grosses saisies en date : 160 kg de coke, d’une valeur de 7 millions d’euros, le 6 janvier à Appeldorn dans une cargaison d'ananas à destination d'Anvers. Quelques jours auparavant, 1,7 tonne de qat était découverte en Allemagne entre les mains d’un ressortissant néerlandais. Une cargaison d’une valeur de 100 000 euros, découverte dans une fourgonnette de location.

Le qat, une drogue d’Afrique orientale, est prisé par les communautés yéménite et somalienne émigrées aux Pays-Bas. Ses feuilles, qui se mâchent, produisent un effet euphorisant et coupe-faim comparable à celui des amphétamines. Le qat, toléré aux Pays-Bas, a été interdit le 10 janvier. Le cannabis et le hachisch, en revanche, restent des drogues douces dont la vente est légale depuis 1976, mais la culture interdite.

Les coffee shops rapportent environ 200 millions d’euros au fisc par an

Cette politique de tolérance permet aux quelque 700 coffee shops que comptent les Pays-Bas de vendre légalement un maximum de 5 grammes de drogues douces par jour à chaque client. « Ces bars à joints rapportent environ 200 millions d’euros au fisc chaque année », selon August de Loor, un expert qui a fondé le Drug Advies Bureau (Bureau de conseil sur les drogues) à Amsterdam.

Les affaires sont fructueuses, mais ne vont pas sans effets pervers. L’approvisionnement des coffee shops par «la porte arrière», en lien avec des trafiquants, est souvent décriée pour son hypocrisie. Elle a permis à toute une mafia de prospérer, aussi bien dans les domaines des drogues tolérées que celles qui ne le sont pas.

D’où les débats récurrents, au Parlement. Les partis de droite veulent revenir sur cette politique de tolérance. La gauche, elle, préconise la légalisation de la production de cannabis, sous contrôle des mairies. Ce qui permettrait à la nederwiet, l’herbe hollandaise, une variété de skunk très forte, de ne pas contenir un principe actif trop élevé – comme c’est le cas actuellement.

Réduire le tourisme de la drogue

Seul changement en vue pour le moment : plusieurs villes vont restreindre cette année l’accès aux coffee shops aux seuls citoyens néerlandais. Il s’agit surtout de limiter le tourisme de la drogue et l’afflux de jeunes de toute l’Europe, chaque week-end, dans les villes frontalières telles que Maastricht.

Les Pays-Bas sont depuis les années 1980 une plaque tournante du trafic de drogue en Europe. Une véritable «narco-nation», estime l’ancien ministre de la Justice Piet Hein Donner. Selon la police néerlandaise, seulement la moitié de l’herbe produite aux Pays-Bas est vendue dans les coffee shops.

Le reste est exporté. Le cannabis serait le troisième produit d’exportation de l’agriculture néerlandaise, après les tomates et les concombres, dénonce le chef de la police. Avec des ventes annuelles estimées à 2 milliards d’euros, l’industrie du cannabis pèse aussi lourd que les transports publics.

Mais le chanvre indien n’est pas seul en cause. Exemple parlant du savoir-faire néerlandais en matière de drogues : un camion rempli de décorations de Noël, en provenance de Rotterdam, a été saisi le 24 novembre dans le port britannique de Harwich. Une cargaison de drogues diverses et variées, d’une valeur de 4,5 millions d’euros, était cachée dans des palettes, sous des sapins de Noël et des boîtes de guirlandes. Elle comprenait 235 kg d'amphétamines, 18 kg de cocaïne, 15 kg d'héroïne, 85 kg de résine de cannabis et 17 kg d'herbe.

La dernière étape de la route des Balkans

Selon le dernier rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), les Pays-Bas ont une position de « pivot dans le trafic international de cocaïne en provenance d’Amérique latine, mais aussi d’héroïne en provenance d’Afghanistan, représentant l’étape finale de la route des Balkans ».

Les Antilles néerlandaises (Aruba, Curaçao, Bonaire, Saint-Martin, Saint-Eustache et Saba) et l’ancienne colonie du Surinam, en Amérique latine, jouent un grand rôle dans le passage de la cocaïne, même si elles sont supplantées depuis quelques années par des pays d’Afrique. Les Pays-Bas se distinguent aussi parmi les plus grands producteurs et exportateurs européens, avec la Belgique et la Pologne, de drogues synthétiques.

Chaque année, une vingtaine d’unités de production d’ecstasy et d’amphétamines sont démantelées par la police royale et une brigade spéciale de lutte contre les drogues synthétiques. L’existence de différentes unités de lutte contre ces centres de production rend d’ailleurs la collecte de données statistiques plus difficile aux Pays-Bas, signale l’OEDT. Une façon de ne pas trop ternir la réputation d’un pays dont l’économie repose largement sur des activités d’exportation et de réexportation – et pas seulement de tulipes, de roses et de plantes en pot.

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