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Bonjour l'Europe

Allemagne: des élus locaux menacés par l'extrême droite

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Les menaces contre des élus locaux en Allemagne augmentent depuis la crise des réfugiés en 2015. Les menaces sont multiples, sur le net ou parfois physiques. On se rappelle en juin 2019 l'assassinat d'un préfet favorable à la politique migratoire d'Angela Merkel. En Rhénanie-du-Nord Westphalie, un maire menacé, et qui préfère garder l'anonymat, a demandé un permis de port d'armes pour assurer lui-même sa sécurité.

Des affiches de campagne du parti allemand d'extrême droite AfD à Dresde, avant des élections régionales en septembre 2019. (Image d'illustration)
Des affiches de campagne du parti allemand d'extrême droite AfD à Dresde, avant des élections régionales en septembre 2019. (Image d'illustration) © John MACDOUGALL / AFP
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Quelles raisons ont poussé ce maire à franchir ce pas ?

Cet élu d’une petite ville en Rhénanie-du-Nord Westphalie, dans l’ouest de l’Allemagne, est dans le collimateur de l’extrême droite depuis la campagne pour les élections européennes l’an dernier. Il avait fait décrocher dans sa commune des affiches d’un groupuscule sur lesquelles on pouvait notamment lire : « Israël est notre malheur ». Immédiatement, il a été violemment attaqué sur les réseaux sociaux. Son adresse a été publiée et on l’a menacé d’une visite qui n’aurait sans doute pas été de courtoisie. Depuis, les menaces n’ont pas cessé. Certes, la police patrouille régulièrement devant son domicile mais le maire - qui veut garder l’anonymat - se sent insuffisamment protégé. Il a demandé un permis de port d’arme, qui lui a été refusé. Il a saisi la justice pour obtenir gain de cause.

Ces menaces contre des élus sont de plus en plus nombreuses. Quelle est l'ampleur du phénomène et comment se traduit-il ?

L’arrivée de nombreux réfugiés en 2015 en Allemagne a marqué une césure. Des élus qui ont soutenu une politique migratoire libérale ou se sont engagés contre l’extrême droite sont régulièrement menacés. Les réseaux sociaux jouent un rôle décisif. Des débats normaux avec certains administrés deviennent impossibles. Le développement du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) contribue à cette atmosphère plus agressive. Il faut aussi préciser que des élus de l’AfD sont aussi menacés, leurs permanences sont attaquées ou leurs voitures incendiées, cette fois par des forces d’extrême gauche.

Des élus locaux ont préféré démissionner pour ne plus subir des menaces permanentes et une pression psychologique. Des agressions physiques ont montré que le danger allait au-delà de menaces sur le net. Une candidate à la mairie de Cologne a été frappée d’un coup de couteau dans la gorge dans la rue à l’automne 2015. En juin dernier, un préfet a été tué à bout portant devant sa maison. Il s’était fait connaître pour son soutien à la politique migratoire libérale de la chancelière. Un maire sur cinq a déjà été menacé, d’après la fédération qui les regroupe. Plus de 1 200 élus ont été victimes de tels délits en 2018. Là où la situation est particulièrement difficile, les partis pourraient avoir à l’avenir des difficultés à trouver des candidats prêts à affronter une telle situation.

Quelles réponses peut-on apporter pour lutter contre de tels excès ?

D’un côté, bien sûr, il y a la lutte contre les personnes et les groupes qui publient des menaces et passent à l’acte. Le contrôle des réseaux sociaux joue un rôle central. Le gouvernement veut renforcer la législation pour que de telles publications sur le net ne soient pas seulement rapidement effacées par les plates-formes qui gèrent les sites mais aussi dans les cas les plus graves pour que ces réseaux sociaux transmettent à la justice les coordonnées, notamment les adresses IP des auteurs de telles menaces. Une réforme du droit pénal est en gestation. Une disposition qui protège les élus au niveau national et régional doit être étendue à leurs collègues à la tête de communes. Le ministère de la Justice veut aussi développer les aides financières pour des victimes de l’extrême droite. Un fonds doit leur permettre de financer un déménagement ou des mesures de sécurité. Évidemment, tout cela ne permet guère de lutter contre les racines du mal.

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