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Les dessous de l'infox, la chronique

Royaume-Uni: des élections polluées par les infox

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Le parti conservateur de Boris Johnson a remporté une victoire écrasante lors des élections anticipées du 13 décembre 2019. Le leader des Tories s'en est félicité ce vendredi matin sur tweeter, affirmant : « nous vivons dans la meilleure démocratie du monde ». Un slogan en forme de provocation, pas seulement aux yeux de ses opposants, car il semble que le débat démocratique ait été le grand perdant de ces élections, littéralement polluées par les infox.

Alors que la campagne a été polluée par les infox, Boris Johnson a été renommé Premier ministre après la victoire de son parti.
Alors que la campagne a été polluée par les infox, Boris Johnson a été renommé Premier ministre après la victoire de son parti. REUTERS
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Jamais les électeurs n’ont eu à leur disposition autant de moyens pour vérifier les déclarations des candidats. On citera, par exemple, les sites d’information en ligne « Full Fact », « First draft », qui appartient au réseau de journalistes « Cross check » pour « vérification croisée », mais aussi « Fact check » de channel 4, ou encore « reality check » de la BBC. Tous ont fait un énorme travail de détection des infox, n’épargnant aucune grande formation politique, pour aboutir à ce constat : la surenchère, la manipulation des chiffres, la publication de faux graphiques avec des données fantaisistes, le recours à de pseudo experts, les faux témoignages sont devenu les ingrédients les plus répandus des campagnes électorales. Des millions de livres sterling ont été dépensées pour des publicités politiques sur les réseaux, truffées de fausses informations.

Malgré tous ces nouveaux outils de vérification, rien ne semble empêcher les infox de circuler. C’est ce qu’illustre l’affaire du petit garçon photographié couchant à même le sol de l’hôpital de Leeds.

48 heures avant le vote, la photo du petit Jack par terre avec son appareil respiratoire fait des millions de vues sur les réseaux sociaux. Jeremy Corbyn ne résiste pas à exploiter ce cliché à fort contenu émotionnel. Il brandit la Une du journal avec cette photo en plein meeting pour déplorer le délabrement des services de santé publics.

Boris Johnson, interviewé à ce sujet refuse de regarder la photo -il s’en excusera par la suite. Entre temps la machine de la désinformation s’est emballée. La photo est présentée -à tort- sur les réseaux sociaux comme une mise en scène. Et ces allégations se propagent à une vitesse faramineuse, en dépit de l’enquête qui atteste de la véracité de l’histoire. Le petit Jack dormait à même le sol car l’hôpital n’avait plus de lit pour lui.

Les data journalistes ont pu retracer les circuits de la désinformation. Des comptes twitter liés au parti conservateur n’ont pas hésité à propager l’infox. De faux comptes Facebook l’ont relayée mais aussi de très nombreux internautes peu scrupuleux. Le mensonge est assumé.

Quant à l’impact de ce type de manipulations sur l’électorat, il reste difficilement mesurable. Les infox sèment la confusion, mais on ne peut pas établir un lien de cause à effet, entre telle campagne mensongère et tel résultat électoral. Néanmoins les manipulations laissent des traces sur internet. On a bien finit par apprendre comment l’exploitation des données personnelles des abonnés de Facebook avaient été utilisées, en juin 2016, pour cibler les électeurs susceptibles de pencher en faveur du Brexit. Tout finit par se savoir.

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