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Revue de presse Afrique

À la Une: exaspération à Beni

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Les stigmates d'une précédente manifestation à Beni, RDC, en mars 2019.
Les stigmates d'une précédente manifestation à Beni, RDC, en mars 2019. AFP/Alexis Huguet
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C’est le « ras-le-bol », en effet, s’exclame Le Potentiel à Kinshasa. « La ville de Beni (dans la région de l’Ituri dans l’extrême est de la RDC) ne finit pas de compter ses morts. Pratiquement toutes les semaines, pour ne pas dire chaque jour, les "fameuses" ADF (Forces armées démocratiques) font des incursions dans cette ville. [...] La dernière en date, ayant fait huit morts dans la nuit de dimanche à lundi, a amené la population de Beni, exaspérée, à s’attaquer aux symboles de l’État congolais en saccageant la mairie de la ville et les installations de la Monusco. Cette réaction de la population est, certes, condamnable, pointe le quotidien congolais. Cependant, cela doit interpeler Kinshasa qui, pour les habitants en colère, ne fait rien pour empêcher les tueries dont ils sont victimes depuis plusieurs années. »

D’autant plus, relève Le Potentiel, que « les compatriotes de Beni ne sont pas dupes. Ils savent que derrière les "prétendus" rebelles ougandais se cachent des Congolais, pour besoin des "affaires", précisément le trafic de matières précieuses. Tant que les éléments des ADF continueront à jouer le jeu, mieux l’affairisme des Congolais et des responsables de la Monusco se portera, dénonce encore le journal. Ce qui met toujours la population de Beni dans tous ses états. »

Promesses…

La réaction des autorités congolaises a été malgré tout rapide… « Le président Félix Tshisekedi a autorisé hier l’installation d’un quartier général avancé des FARDC et la mise en œuvre d’opérations conjointes entre l’armée nationale et la Monusco, pointe le site congolais Cas-Info, afin d’assurer la paix et la sécurité à la population civile de Béni. »

De son côté, « la Monusco s’est dit prête à mener des opérations offensives contre les ADF, à mener des patrouilles conjointes en ville ou en brousse », rapporte le Congo Libéré. Mais, s’interroge le site, « la promesse sera-t-elle tenue ? Beaucoup restent sceptiques. [...] La Monusco étant passée maître dans l’art de la communication. Sans doute pour mieux masquer son inaction. »

L’incurie de l’État ?

Toutefois, s’interroge Afrikarabia, « les Congolais ne se trompent-ils pas de cible en s’attaquant aux casques bleus ? L’insécurité endémique au Nord-Kivu est également largement imputable aux différents gouvernements congolais, affirme le site spécialisé sur la RDC, qui ne sont jamais parvenus à éradiquer les groupes armés depuis plus de deux décennies. Et d’ailleurs les Congolais ne s’y sont pas trompés en s’en prenant aussi aux symboles d’un Etat congolais largement absent dans l’Est du pays. » En effet, pointe Afrikarabia, « les manifestants ont aussi incendié la mairie de Beni, qui a été fortement endommagée. L’ancien président Joseph Kabila s’était rendu par trois fois dans la région de Beni en promettant de mettre fin aux massacres… sans résultat, rappelle Afrikarabia. Le nouveau président Félix Tshisekedi a lui aussi promis de ramener la paix dans les Kivu, notamment en installant le quartier général de l’armée congolaise à Beni. Une promesse restée lettre morte (jusqu’à présent et qu’il vient de réitérer). Régulièrement, les politiques congolais tentent de dissimuler l’incurie de l’État en fustigeant les Nations unies. Car le sentiment anti-ONU a largement été instrumentalisé par la classe politique congolaise, toute tendance confondue, rappelle encore le site. Une cible facile pour masquer la propre impuissance de tous les gouvernements congolais depuis plus de 20 ans. Il est donc temps, conclut Afrikarabia, que les autorités congolaises ravalent leur fierté et se mettent autour d’une table pour coordonner leurs offensives avec l’aide militaire de la Monusco. »

La Monusco, bouc-émissaire ?

Enfin, le quotidien Aujourd’hui au Burkina ne ménage pas ses critiques envers l’État congolais : « il est facile d’accuser la Monusco, écrit le journal. Les attentions devraient également se tourner vers l’État congolais, s’exclame Aujourd’hui, qui, en premier, devrait assurer la sécurité de ses populations. Au lieu d’ouvrir le feu sur des manifestants désarmés, les forces de sécurité congolaises feraient mieux plutôt de tourner les canons de leurs armes sur ces hordes qui viennent troubler la quiétude des Congolais. »

Et le quotidien burkinabé de conclure : « la force d’un État ne se mesure pas à la vigueur de sa répression sur sa population civile, mais plutôt à assurer sa défense et sa sécurité. Et cela, sans compter sur une quelconque aide extérieure. »

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