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Aujourd'hui l'économie

5G: la France dans la course mondiale, les opérateurs en colère

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Le monde entier se prépare à l'arrivée de la 5G, technologie mobile de nouvelle génération, chargée de nombreuses promesses. Elle est déjà présente dans quelques pays et voilà que la France se lance officiellement dans la course. Le gouvernement ouvre les enchères, provoquant déjà le mécontentement des opérateurs.

La 5G devrait bientôt arriver en France.
La 5G devrait bientôt arriver en France. REUTERS/Sergio Perez/File Photo
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Ils trépignaient d’impatience. Mais ça y est, les opérateurs télécoms ont désormais les cartes en main. Ils vont pouvoir se disputer, par un système de mises aux enchères, les fréquences indispensables au déploiement de la 5G. Avec quelques semaines de retard par rapport au calendrier initial, le gouvernement et l’Arcep (Autorité de régulation des communications) ont dévoilé le cahier des charges. Et ça va aller maintenant relativement vite puisque les premières commercialisations destinées au grand public sont prévues en 2020.

Un gouvernement trop gourmand ?

Ce qui est à vendre : des blocs de fréquence, par dizaines de mégaHertz, un spectre radio électrique. Un peu comme quand des radios se répartissent la bande FM dans un pays. Les quatre principaux opérateurs français (Bouygues, Free, Orange et SFR) vont se partager le gâteau : le réseau découpé en plusieurs lots. Mais il va falloir payer cher. L'État, qui en est le propriétaire, espère en tirer plusieurs milliards d'euros. C'est ce qui s'est passé en Allemagne et en Italie, qui ont déjà attribué leurs fréquences 5G. Coup de tonnerre dimanche 24 novembre : Agnès Pannier-Runnacher, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Économie, a annoncé le prix de réserve, le prix plancher: 2,17 milliards d'euros, un prix qu'elle juge « très attractif ». Trop cher au contraire, ont immédiatement répondu les opérateurs. Le président de la Fédération française des télécoms rappelle les énormes investissements de ces dernières années pour déployer la fibre optique ou la 4G, dans un secteur très concurrentiel, une guerre des prix depuis des années et avec une lourde fiscalité. Il s'estime en substance trahi par le gouvernement qui serait donc en l'occurrence trop gourmand.

La France à la traîne ?

Et c'est vrai que l'enjeu économique est majeur. Dans cette course mondiale, il ne faut pas que la France soit décrochée. Un certain nombre de pays, comme les États-Unis, la Chine, la Corée du Sud, l'Australie, la Suisse, la Grande-Bretagne, l’Italie, la Finlande, la Pologne ou la Roumanie, ont en effet pris une longueur d'avance. Pas toujours dans une grande sérénité, avec des craintes pour la santé. La 5G est-elle dangereuse ? Rien n'est encore prouvé scientifiquement. Mais tous les acteurs sont bien conscients que l'acceptabilité est déterminante. L'implantation des nouvelles antennes sera très encadrée, avec des contraintes d'aménagement du territoire. Et « on n'en est d'ailleurs qu'au début », explique Michel Corriou, Directeur des Opérations de b<>com, institut de recherche spécialisé dans le numérique, pour qui la France est dans le bon timing. Dans les prochaines années, d'autres travaux majeurs seront nécessaires pour servir les industriels qui vont exprimer leurs besoins : des « services à la demande pour chaque usage » dans les domaines des transports par exemple. La 5G devra tenir ses promesses.

Huawei ou pas Huawei ?

Avec une autre inconnue : le choix des équipementiers. Faut-il interdire Huawei ? Les Occidentaux hésitent. Dans un contexte géopolitique exacerbé, avec de forts enjeux de souveraineté, les agences de renseignement sont divisées, particulièrement au Canada, pays en pleine crise diplomatique avec Pékin. Les opérateurs télécoms français eux, veulent avant tout de la clarté. Savoir si oui ou non, ils ont le droit d'utiliser les services du puissant groupe chinois. Ils sont prêts, ils ont déjà effectué de nombreux tests. Ils ne veulent pas que la France, qui a voté il y a quelques mois une loi (dite loi Huawei) pour sécuriser les réseaux, ils ne veulent pas que la France prenne du retard.

Les attentes africaines

Et l'Afrique ? Est-elle prête elle aussi ? Elle est volontaire en tous cas. Vendredi 22 novembre, s'est refermée la 38e conférence mondiale des radiocommunications. Un énorme rendez-vous où l'on se répartit les fréquences sur la planète. Et pour la première fois, elle était organisée sur le sol africain, à Charm-el-Cheikh en Égypte, avec de nombreux représentants du continent. « La 5G n’a pas de frontières », explique Gilles Brégant, directeur général de l’ANFR (Agence française des fréquences), de retour de ce congrès. Il évoque un intérêt important au Maghreb et dans les pays du Golfe de Guinée et se dit assez optimiste sur un déploiement rapide de la 5G dans les grandes métropoles africaines, où la demande est très forte notamment chez les nombreux utilisateurs de téléphones portables. Le déploiement de nouveaux satellites de télécommunications grâce aux projets Oneweb ou SpaceX pourrait aider à alimenter en réseau internet des zones jusque-là non couvertes.

EN BREF

Une initiative mondiale contre les dérives d’internet. Elle vient d’être lancée à Berlin par Tim Berners-Lee. Ce Britannique fut il y a trente ans, l'inventeur du World Wide Web. Il annonce un plan d'action pour stopper les abus, une feuille de route pour un meilleur internet. Il serait soutenu par plus de 150 organisations dont Microsoft, Google, Facebook et des gouvernements comme ceux de l'Allemagne et de la France.

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