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Chronique transports

Ticket de métro, la double face

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Devinette : je suis Parisien, je pèse 5 grammes, j'aurai bientôt 120 ans. Ma mort est annoncée mais ma renommée periste puisqu'à chaque minute écoulée, 1 500 personnes m'achètent à Paris et ailleurs en France. Qui suis-je ? Le ticket de métro !

La couverture de «Petite histoire du ticket de métro parisien».
La couverture de «Petite histoire du ticket de métro parisien». Éditions Télémaque
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Pour l'historien Grégoire Thonnat, ce ticket de transport sert depuis près de cent ans au croisement de millions de voyageurs. Des rencontres souterraines où l'Afrique joue aussi son rôle. L'auteur en parle dans son livre amusant en forme de ticket de métro. Petite histoire du ticket de métro parisien, paraît aux Éditions Télémaque.

Ce livre est d'abord un objet très original. Allongé en forme de ticket de métro, tout de jaune vêtu avec sa bande marron magnétique comme il était vendu au guichet dans les années 90. Aujourd'hui remplacé par les passes à puce, le ticket de métro se sait en voie de disparition. Malgré tout, il s'en vend encore 600 millions par an.

Papa Wemba, Keziah Jones, le ticket a un ticket avec l'Afrique

Ils s'appellent les ambianceurs et sont nés en Afrique ou en France. Originaires de Brazzaville, de Kinshasa, de Douala ou de Paris, ils sont passionnés de vêtements chics. Ces dandys à peau noire ont développé la Sape, la Société des ambianceurs et des personnes élégantes. Quelques célébrités parmi ces dandys africains, les musiciens Papa Wemba et Koffi Olomidé.

Le nec plus ultra des ambianceurs est d'arriver dans les fêtes et cocktails de la capitale parisienne comme dans les parties des villes et villages africains en tenue chic avec un ticket de métro parisien non oblitéré (attention c'est obligatoire) débordant légèrement de la poche de leur veston.

L'autre star africaine s'appelle Keziah Jones, jeune débutant chantant dans les couloirs souterrains de la capitale et remarqué par un producteur. Ce fut le début de sa carrière. Keziah Jones est tellement reconnaissant à ce métro qui l'a fait naître qu'il organisera un concert sur un quai en 2008.

Les juifs interdits de première classe et un billet militaire pour les GI

Grégoire Thonnat, l'auteur de cette Petite histoire du ticket du métro parisien parle de période noire du métro de Paris. Pendant l'Occupation, le régime de Vichy a fait interdire l'utilisation des premières classes à tous les juifs usagers du métro. Obligation leur était aussi faite de ne voyager que dans la dernière rame. Pour cette raison, la voiture de queue fut surnommée et longtemps encore après la guerre, la « synagogue ». On apprend également que les GI avaient leur ticket dédié. À la Libération, l'administration du métro décide, avec les représentants des troupes alliées, de créer le ticket GI (Galvanized Iron) réservé aux soldats anglo-américains circulant dans la capitale française.

Autant de couleurs que d'aventures

De sa naissance en 1900 à l'occasion de l'Exposition universelle à aujourd'hui, le ticket en a vu de toutes les couleurs. Passé du rose au beige du vert au violet au jaune ou au blanc actuel, le ticket a commencé par ne servir que l'unique ligne du réseau, la ligne 1. Nous étions au début du siècle, le 19 juillet 1900 et le trajet permettait de traverser Paris d'Ouest en Est. C'est cette ligne 1 qui est toujours en fonction entre la Porte de Neuilly et Vincennes.

Le métro raté de Louis de Funès, la nostalgie de Michèle Morgan

L'auteur a récolté le témoignage unique de Michèle Morgan qui l'a appelé personnellement un matin pour lui dire son amour du métro parisien. Par-dessus tout, l'actrice aime l'odeur des rames. Des madeleines de Proust dit-elle, des souvenirs qui remontent au simple contact du parfum des rames qui lui rappelle ses débuts d'actrice lorsque toute jeune elle achetait ses tickets de métro pour se rendre à ses cours de comédie à Paris.

Une autre aventure, celle de l'acteur Louis de Funès qui, jeune acteur sans argent ne trouvait pas de rôles assez importants pour pouvoir en vivre. C'est en ratant son métro qu'il est tombé nez-à-nez avec un un ami de jeunesse. Cet ami s'appelait Daniel Gélin, acteur lui aussi mais plutôt connu et l'a fait embaucher sur le tournage qui fera démarrer sa carrière.

Le ticket sauveur de Juliette Gréco

Quant à Juliette Gréco, elle doit son salut au ticket de métro retrouvé au fond d'un sac. La France était en guerre cette année 1943 lors de l'arrestation de sa mère par la police allemande. La jeune Juliette avait 16 ans sa soeur 19 ans, elles s'étaient absentées et n'en découvrirent l'horreur qu'à leur retour dans la maison familiale. La demeure était à Bergerac près de Bordeaux et les filles obéirent à leur mère qui leur avait fait promettre d'aller à Paris en cas de malheur. Mais la Gestapo les a traquées. Après un séjour en prison où elle fut tabassée, Juliette se retrouva seule et sans ressources le Paris de l'Occupation. C'est ce ticket de métro qui lui fit penser à l'une des amies de sa mère qui habitait au centre de Paris. La jeune Juliette rejoindra cette amie en métro et sera protégée jusqu'à la fin de la guerre.

Les poinçonneurs et leur pince à imprimer les 365 jours de l'année

D'autres anecdotes sur le couple des célèbres chanteurs Serge Gainsbourg et Jane Birkin ou les non moins célèbres poinçonneurs, ces agents qui pendant 75 ans ont perforé les tickets à l'aide de leur pince en y laissant la trace du jour avant de laisser les usagers gagner les quais... toutes ces histoires vraies sont à lire dans Petite histoire du ticket de métro parisien, un livre unique en son genre.

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