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Revue de presse Afrique

À la Une: l’Algérie, comment organiser une présidentielle sans l’approbation du peuple ?

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Manifestation contre la présidentielle en Algérie, le 15 novembre 2019, à Alger.
Manifestation contre la présidentielle en Algérie, le 15 novembre 2019, à Alger. RYAD KRAMDI / AFP
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C’est la question à laquelle est confronté le pouvoir algérien depuis le début de la campagne électorale dimanche dernier.

« Participation aux meetings sur invitation, sorties sur le terrain chahutées et discours inaudibles… Les cinq candidats à la présidentielle contestée du 12 décembre prochaine découvrent le bourbier de la campagne électorale, constate El Watan. Cette dernière ressemble plutôt à une opération casse-cou pour les compétiteurs qu’à une quête de voix d’électeurs potentiels, dont l’écrasante majorité tourne le dos à ce scrutin qui, le moins que l’on puisse dire, risque de se dérouler à huis clos. En effet, poursuit le quotidien algérien, la campagne électorale se tient dans un climat d’extrême tension et les candidats sont carrément contraints à la clandestinité. Sous haute surveillance policière, ils se contentent, jusque-là, de meetings tenus devant un auditoire trié sur le volet. Du jamais-vu dans l’histoire des campagnes électorales pour accéder à la magistrature suprême en Algérie, pointe encore El Watan. Les bains de foule habituels en ce genre d’occasion sont quasiment impossibles. Aucun des candidats, à l’exception de l’islamiste Abdelkader Bengrina qui a tenté une expérience avortée à Alger, ne s’est adonné jusqu’à présent à cet exercice risqué. Et pour cause : le rejet, de plus en plus affirmé, de cette joute électorale par les Algériens. »

La vague de protestation s’intensifie

Hier mardi, relève pour sa part le site algérien TSA, « le troisième jour de campagne a coïncidé avec la marche des étudiants. Là où ils se rendent, les cinq candidats sont accueillis par des rassemblements hostiles. En plus des marches des étudiants, des manifestations contre la présidentielle se sont déroulées dans plusieurs wilayas. »

Exemple à Bejaïa, pointe Maghreb Emergent, « la marche des étudiants qui a démarré du campus de Targa Ouzemour a draîné des milliers personnes. Des travailleurs de plusieurs secteurs d’activités dont les communaux, les travailleurs des universités et autres ont rejoint la marche qui s’est terminée devant le siège de la Cour de Bejaia. Les manifestants ont scandé tout au long de leur chemin des slogans hostiles au pouvoir et aux élections. »

Dans cette même wilaya de Bejaia, à Tichy, « la police a tiré avec des balles en caoutchouc, avant-hier lundi, pour disperser une manifestation anti-élection », dénonce Algérie Focus. Bilan : 3 blessés. (…) Ces derniers jours, note encore le site, la vague de protestation s’intensifie (…). Pour les Algériens, le régime tente de se remettre sur les rails à travers ce scrutin. Au-delà de cette lecture, poursuit Algérie Focus, on serait tenté de penser que les tenants actuels du pouvoir cherchent à provoquer une situation de chaos qui justifierait l’écrasement total d’un mouvement de protestation prodigieux qui, tout au long de ces huit derniers mois, a pu déjouer toutes les manœuvres du régime grâce à son caractère pacifique. »

Election en trompe-l’œil…

Alors une présidentielle pour quoi faire ? Car on arrive à ce paradoxe, analyse le quotidien Liberté : « les candidats qui cherchent à s’adresser aux Algériens mobilisés dans le Hirak sont perçus, au même titre que le pouvoir et les milieux favorables au processus électoral, comme partie intégrante du système qui réprime le peuple manifestant et qui veut s’imposer à lui. Au vu de l’atmosphère dans laquelle baigne déjà la campagne, il est difficile d’envisager un retournement de situation dans le sens d’une participation à l’opération électorale. Certainement averti de l’ampleur du rejet populaire pour cette élection, le pouvoir a dû prendre en compte l’hypothèse d’un scrutin à participation minimale, voire marginale. La conséquence en sera que le président qui en sortira ne pourra pas prétendre à la bénédiction populaire à laquelle un bon élu a droit. A moins qu’il ne suscite, par ses premières mesures, la confiance qu’il n’a pas pu éveiller avant son élection ! »

« Une campagne électorale pour quoi faire ? », renchérit Aujourd’hui au Burkina. « Trois semaines de poker menteur se sont ouvertes depuis ce dimanche en Algérie, car chacun sait que cette campagne sera une comédie qui se terminera le 12 décembre par une élection trompe-l’œil, avec un futur locataire du palais d’El Mouridia qui ne pourra pas habiter la fonction, car mal élu, avec l’aval d’un système vomi par les citoyens. »

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