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Chronique des matières premières

Nord Stream 2: une victoire à la Pyrrhus pour Gazprom

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Le Danemark a finalement accepté de laisser le gazoduc russe Nord Stream 2 traverser ses eaux territoriales, pour fournir le Nord de l'Europe. Pourtant, la victoire du géant gazier russe Gaprom n'est qu'apparente.

Le 13 septembre 2019, le navire de pose de tuyaux de haute mer pose un tuyau pour le pipeline Nord Stream 2 dans la mer Baltique.
Le 13 septembre 2019, le navire de pose de tuyaux de haute mer pose un tuyau pour le pipeline Nord Stream 2 dans la mer Baltique. REUTERS/Stine Jacobsen
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Le dernier obstacle semble levé pour Nord Stream 2 : le Danemark autorise le nouveau gazoduc russe à traverser la Baltique en passant par ses eaux territoriales. Les travaux ont pris du retard, mais ils vont pouvoir se poursuivre selon le tracé originel - le maintien du véto de Copenhague aurait obligé le gazoduc russe à contourner le Danemark, il aurait fallu au préalable demander l'autorisation de l'Allemagne et de la Suède, ce qui aurait encore reporté l'achèvement de l'infrastructure.

Nord Stream 2 est aujourd'hui réalisé à plus de 90 %. Il ne manque plus grand-chose pour qu'il entre en fonctionnement, peut-être d'ici la fin de l'année prochaine.

Obstacles réglementaires aux molécules de gaz russes

Pourtant ce n'est pas une vraie victoire pour Gazprom. Seul l'un des deux tuyaux de Nord Stream 2 sera, in fine, alimenté en gaz par le géant russe (soit 27 milliards de m3 au lieu de 55 milliards de m3 par an).

Entre les réalisations de Nord Stream 1 et de Nord Stream 2, la réglementation européenne a changé. Bruxelles interdit désormais à un même fournisseur d'utiliser plus de la moitié des capacités des nouvelles infrastructures gazières.

Gazprom vient par ailleurs en septembre de se voir interdire par la Cour européenne de justice d'utiliser 100 % du gazoduc Opal qui prolonge déjà Nord Stream 1 en Allemagne, parce que cela risquait de rendre l'Allemagne trop dépendante d'un seul fournisseur et d'obliger ses voisins européens, en vertu du principe de solidarité, à venir à son secours en cas d'interruption des approvisionnements.

« Nord Stream 2 ne verra jamais le jour dans sa forme voulue par les Russes »

« Autant Nord Stream 1 était un projet européen prioritaire, souligne Thierry Bros, chercheur associé à l'Oxford Institute for Energy Studies - il fallait à l’époque une nouvelle route pour le gaz russe hors d'Ukraine, après plusieurs coupures de gaz dues à l'hostilité croissante entre Kiev et Moscou. Autant Nord Stream 2 est un projet russe qui vise à évincer totalement l'Ukraine, ce qui revient à reconcentrer les routes du gaz. » En ôtant au passage à l'Ukraine une source importante de revenus, ce que l'Europe refuse.

« Nord Stream 2 ne verra jamais le jour dans sa forme voulue par les Russes, résume l’expert. Ils auront payé 9 milliards de dollars pour quelque chose qui n'en vaudra que 5 milliards... Peut-être se retourneront-ils contre les sociétés partenaires européennes qui n'ont pas fait leur travail de diligence raisonnée sur ce dossier. »

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