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Turquie: Recep Tayyip Erdogan et l'AKP de plus en plus contestés en interne

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En Turquie, la désillusion se propage au sein de l’AKP, le parti du président Recep Tayyip Erdogan. Malgré la perte de grandes villes aux dernières municipales, le chef de l’État refuse – et sanctionne – la moindre remise en question de sa ligne politique… et les défections se multiplient.

Une militante de l'AKP lors du meeting organisé le 29 octobre 2015 par le parti au pouvoir à Diyarbakir en Turquie (illustration).
Une militante de l'AKP lors du meeting organisé le 29 octobre 2015 par le parti au pouvoir à Diyarbakir en Turquie (illustration). REUTERS/Sertac Kayar
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de notre correspondante à Istanbul,

Le mécontentement se ressent notamment dans la presse pro-Erdogan, avec le départ cette semaine d’une célèbre journaliste, Özlem Albayrak. Celle-ci avait envoyé à son journal, Yeni Safak, une chronique dans laquelle elle critiquait la condamnation à près de dix ans de prison de la responsable à Istanbul du principal parti d’opposition. Elle estimait – comme beaucoup – que ce verdict donnait l’impression que le pouvoir cherchait à se venger de la perte d’Istanbul aux municipales de juin. Mais ces critiques, les lecteurs de Yeni Safak ne les ont pas lues car la chronique d’Özlem Albayrak a tout simplement été censurée. La journaliste a présenté sa démission et l’a annoncée sur Twitter, en publiant le fameux texte.

Son départ fracassant, après dix années de chroniques dans ce journal, est symptomatique d’une gêne mêlée de désillusion qu’on sent monter, à mots de moins en moins couverts, chez certains journalistes qui travaillent dans la presse pro-gouvernementale. Une déception qui touche aussi des cadres de la formation au pouvoir et une partie de ses électeurs.

Fronde interne à l'AKP

L’AKP fait d’ailleurs face une fronde interne, avec le départ ces dernières semaines de certains de ses poids lourds à commencer par Ali Babacan, l’ancien ministre de l’Economie, qui a démissionné en juillet. Soutenu en coulisses par l’ancien président Abdullah Gül, il se prépare à fonder un nouveau parti.

L’autre figure en rébellion ouverte contre Recep Tayyip Erdogan, est son ancien Premier ministre Ahmet Davutoglu. Visé par une procédure d’exclusion à cause de ses critiques, il a démissionné cette semaine et s’apprête lui aussi à fonder un parti. Ces démissions sont embarrassantes et inquiétantes pour le président turc, qui n’a jamais subi une telle remise en cause de son autorité au sein de son parti fondé il y a 18 ans.

Au-delà des revers électoraux de l’AKP, quelles sont les causes du mécontentement ?

Ce que ces voix critiques reprochent à leur parti et au président Erdogan, ce sont évidemment ses dérives répressives, ses atteintes à la liberté d’expression qui violent ce qui constituait, selon eux, les valeurs fondatrices de l’AKP... Mais le problème, et la cause première de ces démissions, c’est l’absence désormais totale d’introspection et donc de débat au sein du parti. Ceux qui osent exprimer une voix discordante sont mis à l’écart, et ceux qui le font publiquement sont accusés de « trahison ».

Aux yeux de certains de ses partisans et anciens compagnons de route, Recep Tayyip Erdogan est non seulement déconnecté de la base du parti, mais il a aussi perdu son aura. Et cela se vérifie en chiffres : entre août 2018 et juillet 2019, l’AKP a perdu plusieurs milliers de membres.

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