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Le grand invité Afrique

Philip Kla (journaliste culturel): Dj Arafat «fut et restera un grand artiste»

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Un hommage national est rendu à DJ Arafat, légende de la musique ivoirienne, ce vendredi 30 août dans l'après-midi, au stade Félix Houphouet-Boigny d'Abidjan. Philip Kla, président de l'Union des journalistes culturels de Côte d'ivoire est l'invité Afrique de RFI. Il répond à notre correspondant à Abidjan.

Les funérailles de la star du coupé décalé, DJ Arafat auront lieu ce vendredi 30 aout 2019 au stade Félix Houphouet-Boigny d'Abidjan. (Sur la photo) à Abidjan en octobre 2017.
Les funérailles de la star du coupé décalé, DJ Arafat auront lieu ce vendredi 30 aout 2019 au stade Félix Houphouet-Boigny d'Abidjan. (Sur la photo) à Abidjan en octobre 2017. ISSOUF SANOGO / AFP
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RFI : Les funérailles de DJ Arafat vont avoir lieu ce vendredi au Stade Félix-Houphouët-Boigny. Des funérailles très festives, puisqu’on annonce la présence d’artistes africains de renom, comme Davido, Fally Ipupa, Koffi Olomidé. Des obsèques nationales d’une telle ampleur, c’est inédit pour un artiste ivoirien ?

Philip Kla : Oui, c’est inédit, parce que DJ Arafat est avant tout un artiste de renommée internationale. DJ Arafat a connu des collaborations avec plusieurs artistes internationaux et ces mêmes artistes internationaux viennent lui rendre hommage.

Et c’est d’autant plus inédit, qu’Arafat de son vivant était très critiqué à cause de son attitude de mauvais garçon. Il s’était même mis à dos une bonne partie du monde culturel ivoirien.

Je pense que cela va servir d’exemple, surtout à nos autorités, pour mieux considérer les artistes. Donner de tels honneurs à DJ Arafat qui était plus ou moins blâmé par beaucoup de gens, considéré comme un gueulard, quelqu’un qui ne respectait pas, un « bad boy »… Et qu’aujourd’hui toute la Nation entière, le président de la République décide de prendre l’organisation en charge et que le président, à l’annonce de son décès, passe, fasse un message. Que tous les ministres, les présidents d’institutions, le Premier ministre, la Première dame, tout le monde suit avec des messages de compassion, que tout le monde se déporte à la résidence d’Arafat pour présenter les condoléances. On comprend qu’Arafat fut un grand artiste et restera un grand artiste.

C’est vrai que la classe politique, toutes sensibilités confondues, a multiplié les messages de condoléances de deuil. Comment vous expliquez, ces réactions des politiques ?

Le jour de son décès, quand les « Chinois » ont appris que leur leader était décédé, ils ont pris d’assaut la polyclinique où il était hospitalisé.

Les « Chinois », ce sont les fans. Le nom qu’Arafat donnait à ses fans, du fait de leur grand nombre.

Ils ont pris d’assaut la polyclinique, parce qu’ils ne voulaient pas croire à la mort de leur leader. Donc le politique a compris que, s’il n’encadrait pas ces obsèques-là, cela pouvait dégénérer à tout moment. Donc, c’est à partir de là qu’ils ont vu l’influence réelle de DJ Arafat. Je me rappelle que le ministre d’État, ministre de la Défense Hamed Bakayoko, qui est le parrain d’Arafat, a dû faire un post après, pour ramener les « Chinois » à l’ordre, pour les mettre face à la réalité de la mort de leur président.

Justement, les « Chinois », dans les jours qui ont suivi la mort d’Arafat, il y a deux semaines, ont beaucoup déploré qu’aucun grand événement en sa mémoire n’ait lieu. Cet hommage spectaculaire au Stade Félix-Houphouët-Boigny, finalement c’est une victoire pour eux ?

Oui, et jusque-là, les « Chinois » remportent pratiquement tout ce qu’ils veulent. En plus du stade, il y a des artistes qui étaient plus ou moins en froid avec leur leader de son vivant. Ils ont réussi à repousser ces artistes-là. Ils ont tout fait pour ne pas que ces artistes puissent venir à la veillée artistique de leur président.

Des artistes qui étaient considérés comme étant des ennemis sur le plan professionnel musical de DJ Arafat ?

Ce sont les « Chinois » qui imposent la conduite à suivre. Ariel Sheney ne pourra pas assister à la veillée artistique.

Autre artiste de coupé-décalé, Ariel Sheney, qui était un peu le concurrent de DJ Arafat sur ce segment-là ?

Oui, Ariel Sheney était le poulain d’Arafat, mais ils ont dû se séparer pour des incompréhensions. Et depuis lors, son maître et lui n’étaient plus dans de bons termes. Il y a Safarel Obiang qui n’était pas non plus dans de bons termes, il y a Molare qui n’était pas dans de bons termes avec Arafat… Donc les « Chinois » ont menacé, pour dire : « Si tous ces artistes qui, du vivant de notre président n’étaient pas en accord avec lui, assistent à un événement de cette envergure, nous allons répliquer par la force ou par d’autres moyens ».

De tous les artistes en Côte d’Ivoire, pourquoi il n’y a que DJ Arafat qui soit parvenu à rassembler une communauté aussi nombreuse et aussi passionnée ?

Le coupé-décalé est venu avec un certain nombre de personnes qui étaient quand même dans une certaine aisance. Et Arafat a vu qu’il y avait des gens plus ou moins dans de la rue, qui ne se contentaient que de la musique reggae, généralement. Donc il a adopté un style coupé-décalé très proche de ces gens-là, qui ont tout de suite vu en Arafat un leader ou quelqu’un qui essaie de mener le combat, d’incarner ce qu’ils veulent voir. Et donc tout ce monde a pu basculer vers Arafat.

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