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Bonjour l'Europe

Portugal: un projet de musée sur la dictature de Salazar fait polémique

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Au Portugal, un projet de musée consacré à la période de l'État nouveau, que le dictateur Salazar avait imposé au Portugal jusqu'en 1974 revient sur le devant de la scène dans sa ville natale. La mairie n’y voit rien à redire, mais la polémique monte.

Au centre, le premier ministre Antonio de Oliveira Salazar qui a dirigé le pays durant la période de l'État Nouveau au Portugal.
Au centre, le premier ministre Antonio de Oliveira Salazar qui a dirigé le pays durant la période de l'État Nouveau au Portugal. AFP Photos/France Presse Voir
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de notre correspondante à Lisbonne,

Santa Comba Dão, la municipalité dont dépend Vimieiro, le village de Salazar, veut ouvrir un musée sur l’Estado Novo («État nouveau» en français) d’ici la fin de l’année. Il prendrait place dans une ancienne école primaire, qui porte d’ailleurs son nom. Un édifice de granit dans le plus pur style architectural qui a prévalu de 1941 à 1969, voulu par le Plan des centenaires de l’État nouveau.

À Santa Comba Dão, le maire socialiste qui se sait sous un feu croisé de critiques se défend de vouloir créer un musée à la gloire de l’ancien dictateur. Il s’agit, toujours selon l’édile, d’élaborer un projet culturel inscrit dans un réseau de centres d’interprétations de l’histoire et de la mémoire politique de la 1ère république portugaise, mais surtout de l’État nouveau : ce régime politique autoritaire, autocrate et corporatiste appelé aussi salazarisme a été en place sans interruption de 1933 à 1974.

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Fort débat dans la société

Un appel de 204 anciens prisonniers politiques ou résistants à la dictature a été lancé au Premier ministre, le socialiste Antonio Costa, afin qu’il empêche la réalisation de ce projet. Ces anciennes victimes du régime salazariste voient une nouvelle tentative de blanchiment du passé récent. Ils craignent qu’un tel musée, lié à ce lieu emblématique de la vie du dictateur, devienne surtout un repaire de nostalgiques.

Des pétitions contre et des pétitions pour circulent, et récoltent près de 20 000 signatures ce qui au Portugal et en août est plutôt significatif.  Ceux qui sont pour estiment que la démarche muséologique confiée à des historiens de la faculté de Coimbra, non loin de Santa Comba Dão, donnera les garanties didactiques et éducatives suffisantes. Après tout, Auschwitz a un musée de l’holocauste.

Résurgence de l’extrême-droite

Nous sommes au cœur d’un débat sur la résilience, mais plusieurs événements liés à l’extrême droite ont récemment suscité de vives polémiques. Mi-août, ce fut une réunion de groupuscules fascistes dans un hôtel de Lisbonne. La semaine dernière, un congrès secret de catholiques conservateurs au sanctuaire de Fátima auquel aurait participé entre autres Victor Órbán, Premier ministre hongrois critiqué pour ses positions radicales contre les migrants et les minorités.

Le gouvernement portugais, très en retrait, laisse entendre qu’il s’agit d’affaires privées. Mais certains s’interrogent sur la permissivité affichée, notamment dans l’affaire de la réunion des groupuscules d’extrémistes de droite, que la Constitution portugaise interdit.

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Le Portugal très attaché aux valeurs de sa toute jeune démocratie de 45 ans fait figure d’îlot épargné alors que les partis d’extrême droite progressent partout en Europe. Faire du salazarisme un objet de tourisme culturel inquiète. Une banalisation qui peut être la porte ouverte à toutes sortes de réunions de nostalgiques et de groupuscules extrémistes. Quelles garanties sont données pour éviter les dérives ? Pour l’instant, on l’ignore, ce qui contribue à crisper le débat.

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