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Revue de presse Afrique

À la Une: «notre poumon brûle»

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Une vue de la forêt amazonienne en train de brûler le 17 août 2019 dans l'État d'Amazonas au Brésil.
Une vue de la forêt amazonienne en train de brûler le 17 août 2019 dans l'État d'Amazonas au Brésil. REUTERS/Ueslei Marcelino
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C’est la Une du Parisien, qui publie par ailleurs un article sur la bibliothérapie, ou comment les livres aident à lutter contre la dépression. « Lire c’est meilleur qu’un antidépresseur », assure même le journal. Comme hier deux obsessions dans la presse française : l’Amazonie et le G7. L’Amazonie d’abord, le sujet fait la Une de la plupart des médias y compris de la presse locale. Et cette expression de « poumon de la planète » revient régulièrement. Libération notamment titre sur « Bolsonaro, cancer du poumon vert ».

La photo d’illustration, une forêt luxuriante vue du ciel en partie ravagée par les flammes n’est pas sans rappeler celles de poumons noircis que l’on trouve sur les paquets de cigarettes dans de nombreux pays. Mais au-delà de l’image et de la facilité journalistique, peut-on vraiment parler de « poumon de la planète » ?, se demande le Huffington Post. La formule amuse autant qu’elle agace les scientifiques interrogés par le journal en ligne, « au mieux l’Amazonie est un alvéole pulmonaire parmi d’autres, explique l’un d’eux, mais dire qu’elle produit 20 % de l’oxygène mondial (comme l’a fait le président français) c’est très, très optimiste ». S’il fallait trouver un poumon de la planète, rappelle un chercheur « le producteur numéro un d’oxygène c’est l’océan ». Les 74 000 foyers d’incendie, chiffre du Monde, qui ravagent actuellement le Brésil mais aussi la Bolivie et le Paraguay n’en sont pas moins un drame : d’abord une forêt qui brûle rejette énormément de dioxyde de carbone et aggrave donc le réchauffement climatique, mais surtout alors que la biodiversité partout s’effondre, le Huffington Post nous rappelle qu’un quart des espèces mondiales se trouvent en Amazonie.

Un drame écologique et une crise diplomatique

Ces incendies « électrisent le G7 » titre Aujourd’hui en France. Avant même l’ouverture du sommet aujourd’hui à Biarritz, Emmanuel Macron a dénoncé un « écocide », « accusant son homologue brésilien Jair Bolsonaro de ne pas respecter ses engagements climatiques ». « Le président français a donc décidé en guise de représailles de s’opposer au traité de libre-échange entre l’Union Européenne et le marché commun sud-américain ». « Pour Emmanuel Macron, l’occasion était inespérée de repeindre en vert un sommet du G7 qui s’annonçait une nouvelle fois décevant sur le volet environnemental », estime Le Figaro. Conséquence nous dit Le Monde, « la mobilisation contre les inégalités pourrait passer au second plan ».

Il y a pourtant urgence notamment pour les pays africains

Toujours dans le journal du soir, on peut lire que 40 % de la population du continent, soit 400 millions de personnes, vit encore sous le seuil d’extrême pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 2 $ par jour. Parmi les nombreuses raisons, « les exonérations fiscales accordées aux entreprises bien souvent étrangères dans le domaine de l’extraction des matières premières ». « Au Mali, par exemple, ces exemptions représentent 11 % du budget, soit trois fois et demi celui de l’éducation. »

Alors forcément à Biarritz, c’est « deux salles, deux ambiances »

Pour reprendre l’expression de la Dépêche du Midi. « D’un côté, il y a le rendez-vous des grands de ce monde, "bunkerisés dans de jolies cités transformées en camps retranchés", de l’autre côté "des dizaines d’associations, des milliers de militants organisent des contre-sommets, des espaces de discussions, de proposition, d’indignation"».

Certains tentent quand-même d'influer sur le sommet de l'intérieur. L'Élysée avait promis un dialogue inclusif en amont avec les associations, à en croire les ONG qui ont joué le jeu, elles ont plutôt eu le sentiment « d'une mise en scène », comme le raconte à La Croix Cécile Duflot, ancienne ministre de l'environnement devenue directrice d'Oxfam France. Une autre directrice d’ONG, Friederike Röder (ONE), se justifie tout de même auprès du journal catholique : « Même si cela est difficilement perceptible par le grand public, les décisions prises lors des G7 ont un impact », rappelant qu’en 2005 après le sommet de Gleneagles au Royaume-Uni, 40 milliards de dettes des pays les plus pauvres avaient été effacés. On n’en attend pas autant aujourd’hui, l’ambiance étant plutôt « au repli nationaliste ». La formule qui résume le mieux l’état d’esprit de la presse française ce matin revient d’ailleurs à L'Opinion : le journal libéral estime que ce G7 « sera un succès s’il ne se passe rien. Nada, nitchevo. Car s’il s’y passe quelque chose, ce sera forcément fâcheux ».

La société civile espérait tout de même l’annonce, donc, « d’un vrai partenariat pour l’Afrique, et une action en direction des femmes ».

Dans Le Figaro on trouve d’ailleurs cette photo : les visages des dirigeants du G7 dessinés sur le sable de Biarritz. Six hommes et une seule femme, Angela Merkel la chancelière allemande, et ce slogan : « Renversez la tendance pour favoriser l’égalité des genres ». Dans Le Monde, justement, la chercheuse et spécialiste de l’IRIS Marie-Cécile Naves estime que la prise en compte des différences non biologiques entre les hommes et les femmes est un champ délaissé de la géopolitique. « Or, explique-t-elle, les droits des femmes, des LGBT, les violences sexuelles et sexistes, les questions relatives au corps et à la sexualité deviennent des préoccupations incontournables » partout dans le monde. Elle appelle donc à la naissance d'une véritable diplomatie féministe.

La place des femmes en question dans le milieu de la Justice

Pour lutter efficacement contre un mal, il faut le nommer. C'est ce qu'a fait la procureure d'Auch dans le sud-ouest de la France après le meurtre d'une femme tuée par le compagnon qu'elle voulait quitter, elle a parlé cette procureure de « féminicide ». Comme ça, sans y penser mais provoquant aussitôt une levée de bouclier. Le mot, nous dit Le Monde, n'est pas dans le dictionnaire Larousse, on ne le trouve dans le Petit Robert que depuis 2015 avec la définition « meurtre d’une femme en raison de son sexe » et il n'est certainement pas dans le code pénal. Mais elle assume : « Je contrebalance tous ces discours autour de ces auteurs qui tueraient guidés par un trop plein d'amour alors que ça n'a rien de romantique. »

Le terme de crime passionnel pourtant lui encore trop utilisé dans les médias a d’ailleurs disparu du code pénal en 1975. Elle poursuit : ces hommes se croient « propriétaires de leur femme. Le meilleur moyen de continuer à posséder quelqu’un c’est de le tuer ». A ceux qui s’agacent de cette vision genrée de l’homicide conjugal elle répond : « Peut-être que si 94 hommes avaient été tués par leur femme (94, c’est le nombre de féminicides recensés en France cette année), la réaction du corps social aurait été plus évidente. »

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