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Le grand invité Afrique

Jean-Baptiste Ouédraogo: «J’ai joué un rôle d’apaisement» en septembre 2015

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Au Burkina Faso, les avocats du général Gilbert Diendéré ont demandé l’acquittement de leur client. Ils se sont exprimés au cours d’une conférence de presse ce jeudi 8 août à Ouagadougou. Ils estiment que le parquet n’a pas pu démontrer que l’ancien chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré a participé à un complot. Selon maître Jean Yaovi Degli le général Gilbert Diendéré a assumé la vacance du pouvoir sur une proposition expresse de l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo pour éviter « le chaos ». De son côté, Jean-Baptiste Ouédraogo qui faisait partie d’un groupe de médiateurs dès les premières heures de l’arrestation des autorités de la transition, rejette les accusations de la défense du général Gilbert Diendéré. Jean-Baptiste Ouédraogo est notre invité ce matin.

Le carré des martyrs du coup d'État manqué du 16 spetembre 2015 au cimetière de Ouagadougou, au Burkina Faso, le 16 septembre 2016.
Le carré des martyrs du coup d'État manqué du 16 spetembre 2015 au cimetière de Ouagadougou, au Burkina Faso, le 16 septembre 2016. Ahmes Ouoba/AFP
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RFI : Jean-Baptiste Ouédraogo, vous aviez deux médiateurs pendant la crise que le Burkina Faso a traversé le 16 septembre 2015. Quel rôle vous avez exactement joué durant cette crise ?

Jean-Baptiste Ouédraogo : Durant cette crise j’ai joué un rôle d’apaisement. J’ai cherché absolument à concilier les éléments du RSP avec les responsables de l’armée. Mon rôle était d’apaiser la situation et de restituer la justesse même, la quintessence de ce qu’il fallait. Le RSP, telle que la chose était présentée, était totalement dans l’erreur, dans l’indiscipline totale. Il fallait simplement le rappeler. Mon rôle était de faire comprendre au général Gilbert Diendéré qu’il devait assumer pleinement sa responsabilité de général et de père spirituel du RSP.

Concernant cet épisode de la médiation, les avocats du général Gilbert Diendéré ont animé une conférence de presse au cours de laquelle ils parlent de faits qui ont été tronqués, notamment vos déclarations. Vous auriez dit clairement au général Gilbert Diendéré d’assumer le pouvoir pour éviter le chaos.

Je n’ai absolument jamais parlé de cela. Je voulais prémunir tout contre le chaos. Donc mon rôle ; je voulais bloquer les choses au moment où nous étions. Il n’y avait pas de chaos à ce moment. Nous les avons écoutés. Nous avons vu que le RSP, mené par le général Gilbert Diendéré, était dans l’erreur. Nous avons discuté pendant des heures et des heures. De 5 heures du matin, le 16, jusqu’à 4 heures du matin du 17 septembre et nous pensons avoir joué pleinement notre rôle.

Pourquoi, selon vous, les avocats du général Gilbert Diendéré vous attribuent ces propos qui, selon eux, figurent dans l’arrêt de renvoi ?

Je ne sais pas de quoi il s’agit, je ne sais pas d’où cela vient. Cela n’est jamais sorti de ma bouche. Je ne vois vraiment pas en quelle circonstance j’aurais pu sortir de tels propos. C’est ahurissant, c’est délirant, c’est totalement une invention.

Excellence Jean-Baptiste Ouédraogo, vous avez joué un rôle de médiation. À quel moment vous avez senti que tout était fini, que la médiation avait échoué et qu’il fallait laisser les éléments du RSP gérer le pouvoir ?

J’ai compris cela à partir du moment où le colonel-major Kéré est allé chercher le soi-disant papier qui était en préparation par les éléments du RSP. Il est revenu avec ce papier et le général Gilbert Diendéré lui-même l’a lu.

A ce moment-là, j’ai déclaré tout de go qu’il s’agissait d’un projet de proclamation. Donc cela veut dire que c’était un coup d’État. Et j’ai posé la question : « Est-ce un coup d’État, oui ou non ? ». Et Gilbert a répondu : « Mais vous avez entendu ? Vous avez entendu ce qui est lu ? »

A ce moment-là, j’ai dit : « Si c’est comme ça, vous assumez. Monseigneur Paul et moi, qui sommes là, nous n’avons plus notre rôle à jouer. Ça, c’est entre vous. C’est l’armée. Et nous, nous partons ». Et c’est à ce moment-là que nous avons quitté la salle.

Aujourd’hui, nous sommes pratiquement à la fin du procès de ce coup d’État manqué de septembre 2015. Pensez-vous qu’après ce procès, les Burkinabè pourront se réconcilier ?

Mon avis, depuis ce fameux coup d’État raté, a toujours été qu’il fallait traiter cette affaire en urgence. C’est-à-dire qu’à partir du moment où le général Gilbert Diendéré a déposé les armes, il appartenait aux autorités de prendre la décision de créer un tribunal, une cour martiale, tout ce que l’on veut. L’essentiel était de juger ces gars pour indiscipline, les juger dans l’urgence, en flagrant délit, et les condamner seulement au niveau militaire. C’est tout. Les choses en seraient restées là.

On voulait absolument la justice, la justice nous a été servie. Et voilà le résultat. Je pense que l’on a créé plus de problèmes que ceux qu’on a voulu résoudre. A la fin, on ne percevra même pas ce qu’on était en droit d’attendre.

Pensez-vous qu’après ce procès la majorité des Burkinabè ne sauront pas exactement ce qui s’est passé le 16 et les jours suivants de septembre 2015 ?

Absolument pas. Beaucoup de gens ne le sauront pas, parce qu’il y a beaucoup de non-dits. La genèse même de cette tentative de coup d’État n’a pas été dite. Le RSP et le gouvernement d’alors ont connu beaucoup de crises qui ont fait le lit de ce coup d’État-là. Mais on n’en a pas parlé.

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