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Aujourd'hui l'économie

Brexit: le gouvernement de Boris Johnson double son budget

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Dans trois mois, le Royaume-Uni ne fera plus partie de l’Union européenne. Si cette fois la date limite que se sont fixés Londres et Bruxelles est respectée. En tous cas, avec la prise de fonction en tant que Premier ministre de Boris Johnson, déterminé à concrétiser le Brexit, le Brexit est de retour dans l'actualité. Le Royaume-Uni se prépare.

Le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson à son arrivée au 10 Downing Street, à Londres, le 24 juillet 2019.
Le nouveau Premier ministre britannique Boris Johnson à son arrivée au 10 Downing Street, à Londres, le 24 juillet 2019. Isabel Infantes / AFP
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Pour montrer sa détermination à Bruxelles ou réel besoin, le Trésor britannique double le budget annuel consacré aux préparatifs du Brexit. Jusqu’à 4,2 milliards de livres pourront être mobilisés et plus d’un milliard supplémentaire va être débloqué immédiatement. Un autre le sera plus tard en cas de besoin. Des milliards qui serviront, entre autres, à assurer l’approvisionnement en médicaments pour éviter le risque de pénurie.

377 millions d’euros puisés dans cette nouvelle enveloppe iront à la préparation de la frontière. Cela doit permettre notamment d’améliorer les infrastructures des ports. Avec les nouvelles formalités douanières, certains craignent une congestion du trafic poids lourds. En mars, certains ports et fédérations de transports français s’inquiétaient du niveau de la préparation côté anglais. Une campagne d’information destinée aux entreprises britanniques va d’ailleurs être lancée. Une enveloppe, plus réduite, d’environ 120 millions d’euros, sera par ailleurs vouée au soutien des entreprises.

Des entreprises qui doivent se préparer une nouvelle fois ! La Confederation of British Industry assure que ni l’Union européenne, ni le Royaume-Uni ne sont prêts à une sortie sans accord, malgré le délai supplémentaire par rapport au calendrier initial.

Une partie de la préparation dans l’industrie réside dans la constitution de stocks pour éviter les ruptures d’approvisionnement en cas de difficultés logistiques à la frontière. Des provisions avaient bien été réalisées pour le mois de mars. Cela avait d’ailleurs artificiellement dopé la croissance. Mais au moins une partie des stocks aura été écoulée entre temps.

Les investissements dans l’automobile à la peine

Mais, pas besoin d’attendre, le Brexit a déjà des conséquences concrètes, sur l’automobile par exemple. La forme que prendra le divorce est encore incertaine et après les rebondissements du printemps, difficile aussi d’avoir toute confiance dans le calendrier. Or, les investissements ne font pas bon ménage avec l’incertitude. Résultat : entre janvier et juin, dans le secteur automobile, les nouveaux investissements promis ont fondu de 70 % par rapport à la même période de l’an dernier. Des chiffres qui, cependant, ne prennent pas en compte les dépenses annoncées en juillet par Jaguar Land Rover pour lancer la fabrication de voitures électriques. Mais cela fait figure d’exception rappelle l’Association des constructeurs et des vendeurs automobiles.

La production a, elle, chuté de 20 %, en partie, il est vrai, en raison de l’instabilité mondiale. Mais le Brexit est un caillou de plus dans la chaussure du secteur. Le coût d’un no deal pour l’industrie automobile est estimé à 4,5 milliards de livres par an en droits de douane. Alors, Carlos Tavares, le patron de PSA, n’exclut pas de fermer l’usine d’Ellsmere Port.

La livre sterling perd de sa valeur

Autre conséquence concrète, le début du mandat de Boris Johnson, qui promet que le Brexit aura lieu le 31 octobre quoiqu’il arrive, a fait tanguer la livre sterling.

Avant de se reprendre un peu en début de semaine, la livre perdait 1,15 % face au billet vert ne valant plus que 1,22 dollar. Cela ne s’était plus vu depuis mars 2017. Il faut dire que la chute était déjà amorcée. Depuis mai et la perspective de l’arrivée de Boris Johnson au poste de Premier ministre, la devise britannique a perdu environ 3 % face au dollar.

Plusieurs conséquences : c’est plutôt a priori une bonne nouvelle pour les exportateurs britanniques et le tourisme. Pour les consommateurs qui paient dans une autre devise, le prix baisse automatiquement. C’est d’autant plus avantageux pour les sociétés qui vendent dans une autre devise : à prix fixe en dollar, au moment de la conversion, elles auront plus de livres qu’auparavant. C’est pourquoi les cours en bourse des multinationales britanniques ont tendance à grimper quand la livre décroche.

Conséquence sur le panier des ménages

Mais cette chute n’a pas que des avantages. En raison du même mécanisme, les produits importés au Royaume-Uni coûtent plus cher. Or, un tiers de ce que les Britanniques mettent sur leur table vient du continent européen. La dépréciation de la livre pèse donc sur le panier des ménages.

Par ailleurs, les entreprises britanniques deviennent des proies plus faciles face aux appétits américains et européens qui voient leur pouvoir d’achat augmenter en dollar ou en euro. Il leur est donc plus abordable de racheter des sociétés britanniques.

Les analystes ont récemment pointé du doigt ce phénomène avec le rachat notamment de Merlin Entertainments, connu pour le musée de cire Madame Tussauds et la grande roue de Londres par Lego, le géant danois du jouet.

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