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Aujourd'hui l'économie

La soif d'or des banques centrales

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Certaines banques centrales ne s'empêcheront plus de vendre leur or. Elles ne renouvelleront pas l'accord dit de Washington qui expirera en septembre. Qu'est-ce que cet accord ?

Des lingots d'or, Banque nationale suisse, Zurich.
Des lingots d'or, Banque nationale suisse, Zurich. AFP
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Ce pacte date de 1999. À l’époque, les banques centrales sont de moins en moins friandes d’or et vendent leurs réserves. Mais voilà, les banques centrales possèdent un gros pourcentage de l’or mondial disponible (presque un quart, selon le Conseil mondial de l’or). Résultat : ces ventes déstabilisent le marché.

Les pays producteurs d’or en pâtissent. Cela ne fait pas non plus, bien sûr, les affaires des États qui ont encore beaucoup d’or en stock puisque la baisse des cours réduit automatiquement la valeur de leurs réserves de change.

Alors, la Banque centrale européenne, récemment créée, celle des pays de la zone euro, la Suisse, la Suède et le Royaume-Uni se mettent d’accord. Leurs ventes cumulées ne peuvent pas dépasser 2000 tonnes sur 5 ans et 400 tonnes par an. Depuis 1999, tous les cinq ans, l’accord a été renouvelé, avec des variantes sur les quantités et le nombre d’adhérents.

Prix et demande en hausse

Cette année, ces banques centrales renoncent donc à proroger cet accord : pourquoi ? Parce que le marché s’est consolidé. Un tel accord n’a donc pas été jugé nécessaire pour préserver son équilibre. D’ailleurs, les banques centrales n’ont pas l’intention de bondir sur l’occasion pour se débarrasser massivement de leur or.

Le métal jaune a au contraire le vent en poupe. Les cours sont à la hausse. Selon les statistiques du Conseil mondial de l’or, fin juillet 2018, l’once valait un peu plus de 1 220 dollars à la bourse de New York. Un an plus tard, elle en vaut près de 1 420.

Cette envolée est portée par une hausse de la demande mondiale : + 7 % au premier trimestre 2019 sur un an. Toujours selon le CMO, l’activité joaillière de l’Inde et de la Chine, n’y sont pas pour rien. Mais l’or est surtout très sollicité par les banques centrales.

En 2018, les achats d’or par les instituts monétaires ont bondi de 74 %. Et la dynamique haussière devrait se poursuivre. Selon un sondage CBGR, 11 % des banques centrales des pays émergents et en développement interrogées ont l’intention d’augmenter leur réserve d’or dans les douze prochains mois.

Valeur refuge

Plusieurs raisons à cet attrait pour l’or des banques centrales. Mais, pour bien comprendre, il faut jeter un œil dans le rétroviseur. Si pendant longtemps, les réserves reposent sur un butin en or, dans les années 1990 et 2000, (la fin de la convertibilité or du dollar étant passé par là dans les années 1970) l’or se « démode ». Mais avec la crise, il retrouve de son attrait. C’est vrai le placement en or, ne rapporte pas d’intérêts comme des bons du trésor, mais il est considéré comme plus sûr à long terme, c’est ce que l’on appelle la valeur refuge. Ce n’est donc sans doute pas un hasard si le métal précieux a été particulièrement prisé dans les pays où les incertitudes économiques sont fortes. C’est le cas au Royaume-Uni. L’an dernier dans l’attente du Brexit, la demande a augmenté de 36 %. Regain d’intérêt également en Chine alors que ses performances inquiètent.

Les taux d’intérêt bas donnent aussi un coup de pouce au métal précieux, l’épargne en devise étant devenue moins lucrative.

Alternative au dollar

On peut également y voir un effet Donald Trump. Le dollar est la principale source de réserve de devises des banques centrales à travers le monde. Mais sa puissance et le fait que le président américain s’en serve d’arme de négociation commence à faire réfléchir.

Dans son discours sur l’état de l’Union 2018, Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne sur le départ, s’agaçait de voir les compagnies européennes acheter des avions européens en dollar.

Et c’est en partie la dépendance au billet vert qui permet aux États-Unis d’imposer des sanctions efficaces, contre l’Iran par exemple, car commercer en dollar suppose pour une entreprise de se soumettre à la loi américaine en vertu du principe d’extraterritorialité.

D’ailleurs parmi les grands acquéreurs d’or ces dernières années : la Russie ou encore la Turquie pas les plus enclines à se laisser dicter leur conduite par Washington.

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