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Aujourd'hui l'économie, le portrait

Sébastien Gendron, un entrepreneur à 1000 km/heure

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Ce sera peut-être le transport de demain : l'Hyperloop, un système de capsules lévitant dans des tubes à basse pression. L'idée est médiatisée par le milliardaire Elon Musk. Mais plusieurs entreprises se sont lancées dans le projet. C'est le cas de Transpod, une société canadienne mais co-créée et dirigée par un Français, Sébastien Gendron. Portrait.

Le Français Sébastien Gendron dirige la société Transpod, qui envisage de construire l'Hyperloop (capture d'écran).
Le Français Sébastien Gendron dirige la société Transpod, qui envisage de construire l'Hyperloop (capture d'écran). youtube.com
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Ce 11 mai 2016 a eu lieu le premier essai de la société Hyperloop One, au nord de Las Vegas, aux États-Unis.
Ce 11 mai 2016 a eu lieu le premier essai de la société Hyperloop One, au nord de Las Vegas, aux États-Unis. Reuters

L'Hyperloop, c'est ce qui permettra (peut-être) de déplacer marchandises et voyageurs à plus de 1 000 kilomètres/heure dans un tube, un genre « d'hybride entre un train et un avion ». Ça n'a pour l'instant rien d'évident. Mais Sébastien Gendron est un homme de défi.

Ce qui a, en tous cas, été évident dès son enfance passée en Afrique de l'Ouest et à Singapour, c'est sa vocation pour les transports. « Étant jeunes, on rêve tous d'être pilotes. Je me disais que pilote de chasse, ce serait sympa, se souvient-il. Et en grandissant, je me suis dit : "Pourquoi pas les fabriquer, les avions ?" »

Un problème avec l'autorité

Il se fait donc embaucher chez Airbus où il travaille sur l'A320 et l'A380, puis chez le Canadien Bombardier. Des mastodontes qui n'ont pas su le satisfaire, même s'il y a un temps trouvé son compte. « Les équipes à gérer, être mis sous pression », ça, cela lui plaisait.

Mais il reconnait avoir « un souci avec l'autorité, surtout quand elle n'est pas justifiée, pas expliquée ou qu'elle n'a aucun sens. Donc, au bout d'un moment, je suis arrivé à la conclusion que soit j'acceptais le mode de fonctionnement de ces grosses sociétés, soit je démarrais ma propre société. »

Il la crée donc, sans vouloir changer d'échelle. Pour l'instant, Transpod n'en est pas à la phase de l'exploitation commerciale et n'emploie qu'entre 10 et 15 salariés, mais à terme, il veut se positionner comme concurrent de Bombardier, Alstom ou Siemens. Il a simplement fallu trouver le bon moment pour se lancer.

« Le déclic a vraiment eu lieu quand Elon Musk a amené ce sujet-là au grand public. J'ai pensé qu'il y avait une fenêtre de tir. Vu qu'une personnalité, que l'on aime ou que l'on n'aime pas, mais qui a une crédibilité industrielle, valide le concept, le développement de cette technologie pouvait intéresser des investisseurs. »

L'analyse semble pour l'instant avoir été la bonne. Transpod est sur le point de conclure sa seconde levée de fond. Pour un total jusqu'à présent de 65 millions de dollars. Mais il en faudra encore bien davantage.

Les « gilets jaunes », « une opportunité »

Les levées de fonds, c'est d'ailleurs son domaine. Sébastien Gendron est ingénieur de formation, mais ce n'est pas lui qui s'occupe directement de la conception des véhicules Transpod. Son métier à lui, c'est convaincre. Ce presque quadragénaire gère plutôt les aspects financiers et politiques, avec quelques succès.

« On sent un niveau d'engagement supérieur à l'année dernière. On a la chance de se développer dans le département de la Haute-Vienne, qui est économiquement sinistré, donc il y a une volonté politique. Je ne sais pas si c'est une conséquence directe des "gilets jaunes", mais cette crise sociale est une opportunité pour nous et on veut, en tant qu'entreprise, démontrer que l'on peut créer des emplois dans ce département et contribuer à dynamiser son économie. »

Au-delà du projet industriel lui-même, Sébastien Gendron aimerait développer un nouveau modèle de management. Adepte de la récompense au mérite et volontiers rancunier, il fonde ses méthodes de gestion sur quelques notions clés :

« Responsabiliser les équipes ; ne pas considérer le management comme une promotion mais comme une compétence ; faire en sorte que le management se mette dans une position de faire tout pour aider ses équipes et pas l'inverse ; rajouter énormément de transparence, plus d'éthique ; faire comprendre à l'entreprise que l'échec fait partie du processus d'apprentissage. »

Prochain arrêt : l'espace ?

Droit à l'échec, mais en donnant son maximum. David Rechatin, ami de Sébastien Gendron, et fondateur de Rec Architecture - qui travaille sur les projets d'infrastructures autour de l'Hyperloop -, nous décrit ses relations de travail avec le patron de Transpod : « Sébastien, c'est un Breton. C'est quelqu'un d'entier, honnête. Il voudrait que cela avance beaucoup plus vite, mais il sait être à l'écoute et faire avancer les dossiers. »

Comme l'Hyperloop, Sébastien Gendron veut aller vite. Il pense déjà au coup d'après, dans les transports, toujours. « Dans le domaine du spatial », dévoile-t-il à peine. En attendant, quand ce passionné de travail peut faire une pause, ce n'est pas dans l'espace mais sur l'eau. La voile est l'un de ses hobbies. Le transport, encore et toujours.

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