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Aujourd'hui l'économie

Afrique du Sud: les inégalités au cœur de la campagne électorale

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Dans deux jours, les Sud-africains iront voter pour les élections législatives. C’est le sixième scrutin depuis la fin du régime raciste d'il y a 25 ans. Et l’un des sujets brûlants de la campagne, ce sont les inégalités économiques. L’Afrique du Sud est l’une des sociétés ou l’écart entre riches et pauvres est le plus important au monde. Malgré la promesse faite, il y a 25 ans, de mettre fin à ces inégalités.

Un partisan de l'ANC tient une affiche de Cyril Ramaphosa lors d'un meeting du parti au pouvoir, à Johannesburg, le 5 mai 2019.
Un partisan de l'ANC tient une affiche de Cyril Ramaphosa lors d'un meeting du parti au pouvoir, à Johannesburg, le 5 mai 2019. REUTERS/Siphiwe Sibeko
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Pas étonnant que ce soit un sujet au cœur de la campagne et que les opposants, au premier rang desquels « les Combattants pour la liberté économique » fustigent le bilan de l’ANC. De plus, l’Afrique du Sud est la 2e économie africaine, un géant !

Pourtant, l’an dernier, la Banque mondiale l’avait qualifiée comme étant la société la plus inégalitaire au monde. Malgré des efforts du gouvernement post-apartheid pour réduire la pauvreté en investissant lourdement dans des programmes sociaux et d’infrastructures. Mais les années de croissance n’ont pas profité à tous, loin de là.

Une dégradation de la situation économique qui a enfoncé le clou

La société sud-africaine est extrêmement polarisée. Selon la banque mondiale, en 2015, les 10% les plus riches possèdent toujours 70% des richesses du pays et la moitié de la population vit avec moins de 5 dollars par jour.

Au pays de Nelson Mandela, la dimension raciale de ces inégalités est une constante. La pauvreté frappe surtout les populations noires. Elles sont en moyenne moins éduquées et davantage frappées par le chômage.

Une situation qui ne change pas, car lorsque l’on évoque les inégalités en Afrique du Sud, la dimension spatiale n’est jamais loin et c’est là que l’héritage de l’Apartheid est le plus évident. Les pauvres, en immense majorité Noirs, se concentrent dans les zones qui étaient déjà des ilots de pauvreté avant 1994, à savoir, les anciens homelands fabriqués par le régime ségrégationniste devenus des bidonvilles.

Les riches, en majorité Blancs, sont dans les centres urbains, où se trouvent les emplois, les opportunités économiques. Résultat : le chômage touche plus de 30% de la communauté noire contre 7,6% des actifs blancs.

L’opposition en a fait le cœur de son message, tant que les terres qui ont été récupérées au régime raciste ne seront pas consacrées à construire des habitations décentes pour les plus pauvres, s’offrir un logement aux abords des villes restera un mirage pour eux. Ainsi, la fracture « Noirs et pauvres » et « Blancs et riches », elle, sera toujours d’actualité.

L’échec de la discrimination positive

Dans les universités, les administrations publiques, l’accès de la population noire a été facilitée par le programme « Black Economic Empowerment » du gouvernement.

Mais dans les entreprises privées, le gouvernement l’admet : on donne surtout de la place au mâle blanc, en particulier dans les postes à responsabilité, à 70% occupés par des Blancs si on en croit les statistiques du gouvernement, basées sur les informations que doivent fournir les entreprises.

Dans l’échelon bas de la hiérarchie, les changements sont plus visibles. Plus de la
moitié des postes d’encadrement sont occupés par des non-blancs, Indiens et métis inclus.

En ce qui concerne la propriété des entreprises, c’est une autre affaire. D’après un organisme d’État, le « National empowerment fund », seuls 3% des grandes entreprises cotées en Bourse sont contrôlées par des Noirs sud-africains.

Globalement, le marché du travail s’est beaucoup tertiarisé au détriment de l’industrie (minière notamment). Donc, il réclame compétences et diplômes et à cause de la pauvreté qui persiste et d’un système éducatif public qui s’est détérioré ces dernières années, la population noire reste éloignée de ces emplois qualifiés et de ses relativement bons salaires.

Certes, une classe moyenne noire s’est épanouie avec les années de croissance, mais on est loin de l’objectif du gouvernement d’éradiquer la pauvreté en 2030 et de donner à la population majoritaire toute sa place dans la sphère économique.

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