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Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une: 1er mai, «l’insurrection attendra»

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Des manifestants et des syndicalistes le 1er-Mai 2019 à Bordeaux, en France, pour la journée des travailleurs.
Des manifestants et des syndicalistes le 1er-Mai 2019 à Bordeaux, en France, pour la journée des travailleurs. AFP/Georges Gobet
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Au lendemain des traditionnelles manifestations, la presse retient plusieurs images. La première, symbolique, a fait le tour des réseaux. Celle de La Rotonde, le restaurant parisien où Emmanuel Macron avait fêté sa victoire à la présidentielle. Hier il était encerclé par un cordon impressionnant de gendarmes mobiles. Une garde rapprochée qui traduit l’ampleur du dispositif de sécurité dans la capitale. Après un Mc Donald saccagé l'année dernière, une Rotonde barricadée cette année.

« Comme si elle incarnait ce président dont les gilets jaunes réclament semaine après semaine la destitution » écrit Libération.

Mais à l’image de La Rotonde, Paris n’aura donc pas été véritablement défiguré. Alors c’est d’abord « le soulagement » qui prévaut ce matin selon Le Figaro. « Les prophètes de l'apocalypse, les sectateurs de l'émeute avaient promis le chaos : il n'a pas eu lieu. Cette extrême gauche qui ne reconnaît qu'une violence légitime, la sienne, a dû remettre son grand soir à plus tard : il faut s'en réjouir [...] », le quotidien conservateur garde le sourire. 

Les syndicats, eux, font grise mine, ils ont été totalement dépassés

Oui car « S'il s'agissait de fêter le travail, c'est celui des CRS qui a monopolisé les écrans » résume La Charente Libre. Les violences ont une nouvelle fois monopolisé l'attention, ce qui pousse L'Humanité à s'indigner ce matin :

« Des casseurs, une répression policière aveugle et sans aucun discernement, et même un secrétaire général de la CGT gazé... Tout fut donc entrepris pour tenter de détourner le sens et l'esprit de la Fête des travailleurs. »

L'Huma fait ici référence à une autre image forte, celle de Philippe Martinez contraint de quitter temporairement le rassemblement pour échapper aux violences. « La police nous a clairement gazés et chargés, accuse le secrétaire général de la CGT. Je me trouvais tout près de la camionnette de l’Union régionale, floquée de nos drapeaux rouges, il ne pouvait y avoir aucune confusion. »

Les syndicats dénoncent donc de manière quasi unanime un maintien de l’ordre « scandaleux », rappelle Mediapart. « On n’a jamais connu de telles scènes violentes. C’est à l’image du pouvoir », s’emporte aussi une retraitée de la CGT dans les colonnes du parisien ce matin.

C'est certain, l'humeur de ce premier mai parisien n'était pas vraiment à la franche rigolade.

« Du monde, du soleil et du muguet : cela ressemble à un 1er Mai, mais ce n'est pas un 1er Mai » souligne Les Echos. Les banderoles sont rares. L'odeur des merguez a disparu sous celle des grenades lacrymogènes.

Autre image marquante, ces manifestants qui ont tenté de pénétrer dans l’hôpital de la Pitié Salpetrière

La scène est édifiante, elle est racontée notamment dans 20 Minutes ce matin. « Des dizaines de participants ont fait brièvement irruption ce mercredi dans l’hôpital parisien. Certains ont même tenté de pénétrer dans un service de réanimation avant d’être délogés par la police » raconte la directrice de l’établissement. Une trentaine de personne ont été placée en garde à vue, le ministre de l’Intérieur parle d’une « attaque ». D’autres manifestants évoquent, eux, les gaz lacrymogènes qui auraient conduits certains d'entre eux à se réfugier dans l’hôpital.

Cette polémique fait donc échos à celle sur les violences policières. Et dans ce contexte une vieille affaire refait surface. L'Affaire Malik Oussekine, du nom de cet étudiant franco-algérien mort sous les coups de matraques de policiers en marge d'une manifestation, c'était en décembre 1986. Un député LaREM, et ancien patron du RAID, Jean Michel Fauvergue, avait affirmé sur France 5 qu'il faillait désormais « oublier cette affaire ». Seule solution pour permettre aux forces de l'ordre de se libérer de ce traumatisme selon lui. Tollé dans l'opposition, qui s'indigne. Interrogé aujourd'hui par Le Parisien, le député assure « ne pas regretter ses propos. Pour lui, ces critiques relèvent de la bien-pensance ». On ne sait pas en revanche, de quoi relève la mémoire sélective.

La lutte contre la bien-pensance, c'est son cheval de bataille. Marine Le Pen organisait hier un « banquet patriotique » à Metz.

Mais son premier mai, aussi, a mal tourné. En marge du meeting de la responsable d’extrême droite, un incident avec des militants de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). Ils tentaient de distribuer des tracts lorsqu'ils ont été pris à parti par le service d'ordre du Rassemblement national, explique franceinfo.

Dans une vidéo diffusée par l’UEJF, on voit le service d’ordre évacuer plusieurs personnes manu militari. Puis cela dégénère, des coups sont portés. Ce qui pousse Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a réagir ce matin: « Le Rassemblement national a beau chercher à ripoliner sa façade, les couches de peinture ne seront jamais assez épaisses pour masquer sa nature profonde ». L’UEJF et le Rassemblement national ont tous deux annoncé qu’ils portaient plainte.

Et puis c’était une fête du travail sous tension aussi au Venezuela

Un homme cagoulé devant une barricade en feu, la photo en Une du site de la Croix nous vient non pas de Paris mais de Caracas, où « le 1er mai 2019 a commencé avec 24 heures d’avance » nous dit le journal, référence aux affrontements très violents la veille entre l’armée et des manifestants de l’opposition.

« Une tentative de coup d’État » selon les mots du président Nicolas Maduro. Mais son principal opposant Juan Guaido avait appelé ses partisans à continuer le combat. « Pour ce premier mai, il entendait faire la "plus grande manifestation de l'histoire du Venezuela", ils étaient donc des milliers à agiter des drapeaux et crier leur rejet du président Maduro » raconte France24. Mais là non plus ce n’est pas le grand soir attendu. Le régime est toujours en place.

Le 1er  mai vénézuélien a donc surtout ressemblé à un « bras de fer entre Maduro et Guaido » estime Le Monde. Bras de fer tragique car une femme a perdu la vie, tuée par balle selon une ONG. Une trentaine de personnes ont également été blessées.

Malgré les violences, l’opposition ne désarme pas : « "On va continuer dans la rue jusqu'à obtenir la liberté", a lancé hier Juan Guaido à la foule de partisans. Avec peut être un changement de méthode à venir, une grève générale se dessine. » Arrêter de travailler, Voilà qui ressemble un peu plus à l’esprit du 1er mai.

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