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Bonjour l'Europe

La Roumanie, un eldorado pour les revendeurs de déchets

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En Roumanie, l’industrie du ciment se fait épingler dans une investigation journalistique intitulée « Le Business sale du ciment ». Avec un chiffre d’affaires de 750 millions de dollars par an, elle prospèrerait en brûlant pour moins cher et sans contrôle des déchets de toute l’Europe.

Des travailleurs trient les ordures à la décharge de Pata-Rat, près de la ville de Cluj-Napoca, le 7 février 2019.
Des travailleurs trient les ordures à la décharge de Pata-Rat, près de la ville de Cluj-Napoca, le 7 février 2019. AFP/Daniel Mihailescu
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L’enquête de l’ONG roumaine Rise Project démontre que l’industrie roumaine du ciment est une zone de non-droit notamment en matière d’environnement. Le business sale du ciment a emmené les enquêteurs en Italie et en Allemagne.

On y apprend que ces pays envoient leurs déchets sales vers la Roumanie et ses sept cimenteries qui délaissent le charbon et les énergies fossiles pour ce carburant plus économique. Elles brûlent chacune entre 200 000 et 300 000 tonnes de déchets par an, soit plus de 50% de leurs besoins en énergie. Argument imbattable : la filière serait plus « verte », car elle génère moins de gaz à effets de serre et réduit le volume de déchets. Une logique démontée point par point par la journaliste Romania Puiulet après deux ans d’enquête.

Rise Project est une ONG roumaine spécialisée dans le crime organisé. Réputée pour son sérieux, elle met régulièrement en lumière toutes sortes d’affaires transnationales impliquant la Roumanie.

Attractivité

La Roumanie est attractive pour les revendeurs de déchets. Première raison : les cimentiers roumains se font payer moins cher pour la besogne. Selon l’enquête, le prix de la tonne de déchets à brûler est de 10-15 euros en Roumanie contre des prix pouvant aller jusqu’à 700 euros à l’ouest.   

Forcément, cela attire les vendeurs de déchets et pas les plus vertueux. L’enquête évoque des liens avec la mafia italienne et des contrats concernant plusieurs milliers de camions ou cargos de déchets. Pareil pour l’Allemagne qui, après le veto chinois sur l’importation de déchets, a recherché de nouveaux débouchés. « Ils n’ont plus de place et les envoient ici, car c’est pas cher et plus facile », explique Romana Puiulet.  

Deuxième argument : c’est moins contrôlé en Roumanie même si les cimenteries sont gérées par des poids lourds comme Lafarge-Holcim, HeidelbergCement ou CRH Romania. L’enquête explique comment l’État roumain se défausse sur ces entreprises en leur disant de se contrôler toutes seules.

Des outils pour mesurer la pollution ont même été achetés par l’État avec des fonds européens, sans jamais servir. L’agence de l’environnement roumaine, qui laisse entrer les déchets dans le pays, ne surveille rien. Pire : son ancien directeur possède lui-même une société qui fait les relevés des indicateurs de pollution pour les cimentiers. Un bel exemple de conflit d’intérêt et de corruption.

Des déchets sales et non triés

Les douaniers interrogés dans le film montrent le contenu de plusieurs camions interceptés. Il y a aussi le témoignage d’employés d’usines qui disent avoir vu passer des cadavres de fœtus. Les gens qui habitent à proximité des cimenteries racontent tous qu’ils vivent les fenêtres fermées. Ils parlent d’odeurs insoutenables, d’eaux polluées et de toits noircis.

Les médecins des hôpitaux se trouvant près des cimenteries constatent, eux, une augmentation des maladies respiratoires et des cancers. Les cimentiers se défendent en disant qu’à 2 000 degrés, tous les déchets sont détruits et s’évaporent. La question est de savoir si cela marche avec des déchets contenant des métaux lourds ou des dioxines.

D’autant que les appareils utilisés par les sociétés qui contrôlent les cimentiers ne les mesurent pas. On parlait de contrôles biaisés dans les usines, il n’y a pas non plus d’étude d’impact réalisée à proximité des cimenteries, conclut l’enquête.

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