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Afrique économie

Les modes de financement du cinéma africain se réinventent

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En Afrique francophone, le financement du cinéma fait sa révolution. L'époque où l'argent public français dominait chez les cinéastes est en partie révolue. Les modes de production sont plus souples, grâce au numérique, et les canaux de financement font la part belle au secteur privé.

Pour le cinéma et les séries africaines, un basculement s’est opéré en termes de financement.
Pour le cinéma et les séries africaines, un basculement s’est opéré en termes de financement. Getty Images/Sanaepong Chaichomphusakun / EyeEm
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En Afrique francophone pendant trois décennies, la France a financé le cinéma. Un modèle qui a fait ses preuves et fait encore rêver en Afrique anglophone. « Pour être honnête, je pense que beaucoup de réalisateurs sud-africains aimeraient avoir le soutien financier de la France ! », admet Sean Drummond, producteur et scénariste sud-africain.

Sans ces financements publics français, des réalisateurs comme Souleymane Cissé n’auraient peut-être pas pu s’exprimer. Mais, si généreuses soient-elles, les mamelles de l’ex-puissance coloniales ne donnent rien gratuitement. Claude Forest, spécialiste de l’économie du cinéma africain, souligne les effets pervers de ce système.« Toutes les aides étaient des aides liées à une condition. On donnait de l’argent, mais il fallait qu’une partie de cet argent, la moitié en général, soit dépensée sur le pays donateur, c’est-à-dire la France. Donc, grosso modo, on a empêché une filière de se construire parce que, justement, l’argent allait principalement aux techniciens français », explique-t-il.

Nouvelles méthodes de financements

Aujourd’hui l’argent public est plus rare et les producteurs francophones adoptent plus facilement les méthodes anglophones. Charie Kodjo est producteur ivoirien de séries télévisées, pour sa dernière production ; il a appris à jongler avec les différentes sources de financement. « On a d’abord le financement classique par le biais de chaînes de télévision. On a également des subventions, soit de l’État, de la Francophonie par le Fond Image, mais cela ne suffit pas. Donc, on a décidé de développer toute une série de produits dérivés qui nous permettront de pouvoir financer la série. Et enfin, nous avons la diffusion, les canaux traditionnels et notre propre plateforme de vidéo à la demande. Donc, c’est toute cette panoplie qui nous permet de financer la série. »

De nouveaux acteurs sont venus bouleverser les systèmes traditionnels. Plateformes numériques, comme Iroko TV au Nigeria ou acteurs multiformes comme Canal Plus Afrique, à la fois distributeur, diffuseur et producteur. « Pour alimenter, et ses chaînes et ses salles de cinéma, ils ont fait un gros effort d’aide à la production »,expliqueClaude Forest.« Cela passe par les séries aujourd’hui, car c’est cela qui plaît au public, il y a une forte demande au niveau mondial pour les séries. Eux, ils ne font pas d’idéologie ni de politique, et pour avoir des succès sur les antennes nationales, il faut des séries produites par des nationaux et qui montrent des histoires nationales. »

Pour le cinéma et les séries africaines, un basculement s’est opéré en termes de financement. L’amortissement en salle ou par la télévision n’est plus indispensable. Il s’agit désormais de préfinancer intégralement les productions.

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