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Aujourd'hui l'économie, le portrait

Nanjira Sambuli, l'enfant d'internet

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La Kenyane Nanjari Sambuli, tout juste trentenaire, est responsable politique à la Fondation Web, un organisme créé par l’inventeur de la Toile et chargé de faire d’internet un bien public mondial. Une mission qui fait écho avec le parcours de la jeune femme.

Nanjira Sambuli en 2018.
Nanjira Sambuli en 2018. Wikimedia/CC0
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À quelques mois près, Nanjira Sambuli a le même âge que le Web, trente ans cette année. Elle est née à Nairobi, la toile a été créée dans un laboratoire suisse, mais la Kenyane se rappelle bien de leur première rencontre : « Je crois que j’avais huit ou neuf ans. J’étais dans le bureau de ma mère, qui avait une connexion Internet assez tôt. Un jour, elle m’a emmenée avec elle et elle m’a placé devant l’ordinateur. C’était excitant, c’était un champ de possibles immense, et aujourd’hui j’en suis toujours là », raconte-t-elle.

Dix ans après sa première connexion, vient l’âge de son premier vote. Le Kenya connait une crise postélectorale qui fait plus de 1 500 morts et c’est sur Internet que Nanjira Sambuli voit naitre un mouvement citoyen d’une forme nouvelle « Internet était encore assez nouveau et il y avait seulement quelques privilégiés qui y avait accès, mais il y a eu des histoires incroyables de résistance et de partage de connaissances. La radio et les textos qui étaient plus populaires étaient coupés, et ceux qui avaient accès à internet informaient les autres et c’est comme ça qu’est née une plateforme qui s’appelait Ushaïdi qui collectait les informations » se rappelle aujourd’hui la jeune femme, qui tweete depuis lors à foison pour relayer ce qui agite son pays. En 2013 elle relaie ainsi le hashtag #WeAreOne pour assurer l’unité du peuple kenyan, après l’attentat du centre commercial Westgate en 2013, qui devient en quelques jours #WeAreOne_Dering, phonétiquement « nous nous demandons » en français, devant le peu d’informations que font circuler les autorités.

Deux ans plus tard, c’est le hashtag #147isnotjustanumber (147 n’est pas qu’un chiffre) qu’elle retweet, après les 147 morts de l’attaque terroriste de l’université de Garissa qui ne n’a pas beaucoup d’échos sur les médias mondiaux. Elle en est depuis persuadée, il faut œuvrer à l’accès à internet, comme on œuvre à l’accès à l’eau potable ou l’électricité : « L’accès à internet est un droit humain parce que sans internet, clame la jeune femme déterminée, on détruit des moyens de communication essentiels et les voix individuelles ne peuvent plus s’exprimer. Récemment par exemple il y a un cyclone qui a dévasté le Mozambique et l’accès Internet a été perturbé, et donc la question est maintenant de reconnecter rapidement les gens pour que l’on sache qui a besoin de quoi, où sont ceux qui ont besoin d’aide. »

Après des études en maths et des travaux de recherches en cybersécurité, Nanjira Sambuli est aujourd’hui responsable de l’égalité numérique à la Web Foundation, créée par l’inventeur de la toile. Elle y combat notamment un phénomène en particulier : l’écart numérique entre les hommes et les femmes. En milieu urbain pauvre, les femmes sont par exemple moitié moins susceptibles d’être connectées et sont éloignées des enjeux politiques et économiques. Une réalité qui n’étonne pas tellement Nanjira Sambuli : « internet est un miroir de la société. On fait fausse route quand on pense qu’on connecte tout le monde et que ça leur profite tous de la même façon. En fait cela se cale toujours sur les mentalités d’une société, et on vit encore dans un monde sexiste. » Nanjira Sambuli qui se dit donc féministe sur le clavier comme dans la vie, rêve aussi d’un accès à Internet plus égalitaire sur un plan géographique en rappelant par exemple que sur les 10 langues les plus parlées sur Internet, aucune n’est africaine.

Autant de problèmes à résoudre qui, dit-elle en rigolant lui donne depuis dix ans « un mal de tête très intéressant ».

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