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Revue de presse Afrique

A la Une: le «Bouteflexit»

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Abdelaziz Bouteflika lors de sa prestation de serment le 28 avril 2014.
Abdelaziz Bouteflika lors de sa prestation de serment le 28 avril 2014. REUTERS/Louafi Larbi/File Photo
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C’est un dessin du caricaturiste Dilem qui court sur les réseaux sociaux et qui est à la Une notamment du site d’information TSA : on y voit notre planète avec cette exclamation : « les Algériens l’ont fait ! Le Bouteflexit ».

Dans une ultime lettre adressée hier aux Algériens, lettre publiée par le Huffpost Algérie, entre autres, le président démissionnaire demande pardon à ses concitoyens : « je vous demande pardon pour tout manquement, par une parole ou un geste, à votre égard ».

À l’instar de nombreux autres médias algériens, Le Matin d’Algérie fait peu de cas de ce repentir tardif et enfonce le clou : « voilà, un tragique tournant de l’Histoire. Une ironie de la vie. Ce scénario qui a duré 20 ans ressemble à cette pièce utopique de Marivaux où Arlequin devient roi et celui-ci devient vassal. Le sacro-saint Bouteflika croyait longtemps finir sa carrière en Narcisse politique, en Zeus invincible, et être une empreinte de gloire dans l’Histoire. Il a fini humilié, honni, et sera pour l’Algérie un tout petit souvenir de honte ! L’Olympe s’effrite et Zeus tombe par terre, Narcisse sombre dans le lac… Désormais, conclut Le Matin d’Algérie, on ne parle plus de Sa Majesté Bouteflika, mais de Sa Majesté le peuple algérien. »

« Les 3 B doivent partir ! »

Alors, « l’Algérie se réveille sans Bouteflika, mais avec beaucoup d’incertitudes », relève TSA. Notamment en ce qui concerne la transition politique…

« Bouteflika est parti “dans le cadre constitutionnel” comme l’a voulu l’armée, note le site, mais l’application stricte des alinéas de l’article 102 risque de poser problème. C’est simple : cette clause dispose que l’intérim du chef de l’État est assuré par le président du Conseil de la nation et que le gouvernement en place reste jusqu’à l’élection d’un nouveau président sous la supervision du Conseil constitutionnel. Or, pointe TSA, ces trois institutions sont présidées par des personnages auxquels le peuple ne fait que trop peu confiance. Non seulement ils ont été désignés par le président sortant (y compris pour le président du Sénat qui est censé être élu), mais ils sont aussi perçus comme des figures clés du système, quand bien même ils étaient de simples serviteurs dociles et loin d’être des décideurs. »

Pour TSA, « les trois “B” que sont Abdelkader Bensalah, Noureddine Bedoui et Tayeb Belaïz doivent donc aussi partir. La question est épineuse et pourrait même constituer le premier point de discorde entre l’armée et le peuple, jusque-là sur la même longueur d’onde. »

Une IIe République ?

Quelle solution ? Pour Algérie Focus, il faut réviser la constitution : il faut « user du référendum afin de réunir une constituante, affirme le site. Il s’agit aujourd’hui de maintenir la pression pour éviter des élections en 45 jours, car il est impossible, estime Algérie Focus, de construire une nouvelle Algérie en organisant des élections aussi vite. Qui peut lancer une campagne dans un délai aussi court ? Uniquement les forces en présence que le peuple ne veut plus. [...] La précipitation est le meilleur moyen de faire perdurer le système actuel en changeant le visage des acteurs en présence. Dans le même temps, le pouvoir actuel doit comprendre que le peuple a besoin de changement concret à court terme. Cette équation est difficile à résoudre, mais elle correspond bien à la réalité. »

Article 7 contre article 102…

En fait, résume le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou, « c’est article 7 contre article 102 » : c’est-à-dire, la conduite de la transition par un cacique de l’ancien régime ou bien le peuple qui gère le pouvoir en désignant ses mandataires pour diriger cette même transition…

Et c’est cette deuxième option qui a la faveur des Algériens, pointe Aujourd’hui : « ceux qui sont dans les rues d’Alger, d’Oran, de Constantine, de Tizi-Ouzou, estiment que de toute façon le pouvoir, qui s’étiole actuellement, a tellement piétiné la constitution qu’il en faut une nouvelle et passer à une IIe République. Une déconstruction de ce système vieux de 20 ans s’impose, c’est ce que veulent les manifestants, qui promettent encore d’en remettre une couche demain, vendredi. Désormais, ce sont les articles 7 et subsidiairement 8, contre l’article 102, c’est-à-dire, la rue contre le système Boutef. Une “débouteflikisation” qui s’avèrera corsée, conclut Aujourd’hui : 20 ans de pouvoir ne s’effacent pas en quelques jours. »

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