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Afrique économie

Sauver la filière laitière ouest-africaine

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En Afrique de l'Ouest, les producteurs de lait font face à une concurrence monumentale, celle du lait en poudre importé du monde entier : d’Australie, d’Uruguay, et bien sûr d'Europe. 80 % des industriels présents en Afrique de l'Ouest utilisent exclusivement du lait en poudre importé. Difficile de les blâmer, le lait local est plus difficile à conserver et, surtout, il coûte en moyenne deux fois plus cher. Un séminaire organisé par le Pafao, le programme de Promotion de l'agriculture familiale en Afrique de l'Ouest, a réuni à Paris des acteurs de la filière, venus de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, pour trouver des solutions pour sauver les filières laitières locales.

Une femme sénégalaise trayant une vache.
Une femme sénégalaise trayant une vache. RFI/François-Damien Bourgery
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Le lait en poudre importé est très peu taxé : 5 % seulement, et cela en vertu d'accords signés par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest. Pour mettre un terme à cette concurrence jugée déloyale, la première revendication, ancienne et portée par tous les acteurs de la filière, est d'augmenter cette taxe. Sans quoi, tout effort de valorisation des filières locales restera vain.

Par ailleurs, certaines pratiques des industriels pourraient également être modifiées nous explique Guillaume Duteurtre, agro-économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.

« C'est faire en sorte que ces produits ne soient l'objet de tromperies auprès des consommateurs, puisqu'il ne s'agit pas de produits laitiers au sens strict, dans le cas des mélanges réengraissés. Donc, dans un premier temps, il faut travailler sur l'étiquetage. 70% du lait importé en Afrique de l'Ouest, c'est sous forme de mélange de lait en poudre et de matières grasses végétales. »

Or, les pays ouest-africains produisent du lait et peinent à écouler leurs stocks. Soutenir la filière, c'est donc soutenir les mini-laiteries pour la collecte, la conservation ou même pour la transformation.

Moustapha Dia est président de l'Adena, une association sénégalaise de développement pastoral, qui rassemble une vingtaine d'organisations communautaires, plus de 7000 éleveurs. Il y a presque dix ans, il a créé sa propre unité de transformation, non sans difficultés.

« Ce sont des équipements que nous ne maîtrisons pas, que nous apprenons à connaître. C'est le cas pour les équipements de pasteurisation, conservation ou les équipements de conditionnement. On a des véhicules pour le commerce du lait, et des réfrigérateurs qui fonctionnent au solaire. Or, nous ne maîtrisons pas le système solaire, et nous rencontrons des difficultés. »

Autre piste pour valoriser la production locale de lait : miser sur de nouveaux produits. Malick Diallo vétérinaire à ICD, une ONG malienne qui accompagne plus de 400 producteurs dans une dizaine de mini-laiteries abonde dans ce sens.

« On est arrivé à faire des produits à forte valeur ajoutée, genre fromage, beurre liquide, cela permet de conserver et de les revendre plus tard. C'est à mon avis une opportunité car il y a une forte demande. Mais c'est une technique à développer et il faut que l'on ait les financements pour. »

Les producteurs locaux demandent de véritables politiques nationales de valorisation de leur filière. Ils comptent également sur l'aide internationale et même sur les industriels eux-mêmes, qui pourraient à terme trouver leur intérêt à financer et utiliser la production locale.

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