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Aujourd'hui l'économie

Pourquoi les Ukrainiens continuent à quitter leur pays

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L'Ukraine se vide de sa population depuis 2014. Cette vague d'émigration massive commence à préoccuper les autorités, c'est devenu l'un des enjeux du débat de l'élection présidentielle dont le premier tour aura lieu dimanche.

Drapeaux ukrainiens, et drapeau de l'UE lors d'un rassemblement à Kiev le 15 Octobre 2014.
Drapeaux ukrainiens, et drapeau de l'UE lors d'un rassemblement à Kiev le 15 Octobre 2014. REUTERS/Gleb Garanich
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Depuis que la Russie a provoqué l’effondrement de l’économie ukrainienne en envahissant le Donbass et en annexant la Crimée, « un million d’Ukrainiens partent chaque année tenter leur chance ailleurs », affirme Ioulia Timochenko. L’infatigable candidate à la magistrature suprême estime que c’est le deuxième plus grand danger auquel l’Ukraine doit faire face, le premier étant l’agression militaire russe. Un ancien haut responsable du renseignement ukrainien parle lui de « tragédie nationale ». Et la banque centrale du pays considère aussi que c’est devenu un problème économique, un frein au développement. Conjuguée à la baisse de la natalité cette migration est devenue l’un des puissants moteurs du dépeuplement de l’Ukraine.

Cette diaspora constitue aussi une source appréciable de devises

D’après la banque centrale, 12 milliards de dollars seront cette année injectés dans l’économie par les travailleurs émigrés, c’était 7 milliards en 2015. Cela représente plus de 10% du produit intérieur brut de l’Ukraine. Cette rivière de devises est un complément de revenus précieux pour les aînés ou les enfants restés chez eux, bien plus importants en volume que le soutien à l’Etat des institutions internationales. Une manne inespérée pour ce pays considéré aujourd’hui par le FMI comme le plus pauvre de toute l’Europe en termes de produit intérieur brut par habitant.

Un phénomène d’une ampleur démesurée

Les experts parlent de 5 millions d’émigrés économiques, cela signifie qu’un actif ukrainien sur quatre manque à l’appel. D’après le ministre ukrainien des Affaires sociales, plus de trois millions d’Ukrainiens travaillent à l’étranger de façon permanente avec un permis de travail en bonne et due forme, un chiffre auquel s’ajoutent sept à neuf millions de travailleurs qui s’exilent régulièrement pour quelques mois de labeur par an. On parle de la plus grande vague migratoire qu’ait connue récemment l’Europe. Si l’arrivée d’un million de réfugiés en Allemagne a provoqué une crise politique, migratoire, dans toute l’Union européenne, en revanche, cette transhumance ukrainienne est passée quasiment inaperçue. Sans doute parce que c’est aussi une aubaine pour le principal pays d’accueil, le voisin polonais.

2 millions d’Ukrainiens en Pologne

C’est une évaluation officieuse qui inclut ceux qui viennent ponctuellement et qui ne sont pas soumis à l’impôt en Pologne parce que leurs salaires sont trop bas, voire ceux qui ne sont pas déclarés du tout. La Pologne, hostile à l’immigration non chrétienne, non blanche, a tout fait pour attirer les Ukrainiens avec des permis très souples, car, elle aussi, s’est vidée d’une bonne partie de ses habitants, partis en Europe de l’ouest, au Royaume-Uni notamment. « L’économie polonaise est aujourd’hui florissante grâce aux Ukrainiens », estime le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkin. L’an prochain, l’Allemagne accordera des visas de travail à des ressortissants de pays tiers pour des emplois qualifiés. Une ouverture redoutée en Pologne et en revanche attendue impatiemment par les Ukrainiens. Car pour l’instant ce désir d’ailleurs ne se tarit pas, la corruption et le manque de perspective continuent de pousser les Ukrainiens à l’exil.

 

EN BREF

Opération séduction pour Boeing qui a présenté hier la mise à jour logicielle du système de vol de l’A737 MAX. L’avionneur s’est expliqué devant des centaines d’experts. Les compagnies aériennes exigent que ces modifications soient certifiées. Pour le moment, la levée de l’interdiction de vol de ces appareils n’est pas d’actualité.

Washington ordonne à un groupe chinois de céder l’application de rencontre homosexuelle Grindr au nom de la sécurité nationale. Ce nouveau couac va-t-il compliquer les négociations en cours à Pékin pour mettre un terme à la guerre commerciale ? Les Américains estiment que les informations collectées via l’appli pourraient être utilisées par le renseignement chinois pour faire chanter les usagers. Grindr a été racheté par Beijing Kunlun Tech, le spécialiste des jeux en ligne.

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