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Bonjour l'Europe

Allemagne: les évolutions de la langue, source de conflits

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Ceux qui ont appris l'allemand le savent : la langue de Goethe compte trois genres, le masculin, le féminin et le neutre. Mais dans la vie, les choses sont encore plus compliquées. Car il n'y a pas que des hommes et des femmes mais aussi des personnes du troisième sexe, des trans, des personnes intersexes... La politique de genre voudrait que cette diversité puisse se retrouver dans la langue parlée mais cette volonté crée des polémiques. La dernière en date est un appel lancé au début du mois à la veille de la journée internationale des droits de la femme contre les « absurdités » du « gender ». Que disait ce texte et qui est derrière cet appel ?

Walter Krämer, président de l'association «Verein Deutsche Sprache», à l'origine de la lettre.
Walter Krämer, président de l'association «Verein Deutsche Sprache», à l'origine de la lettre. Wikimedia
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Cet appel a été lancé par l’association pour la défense de la langue allemande qui faute d’équivalent en Allemagne de l’Académie française, tente de s’imposer comme autorité de référence. Cette fédération dénonce par exemple régulièrement le nombre trop élevé d’anglicismes en Allemagne.

L’appel lancé le 7 mars dénonce les « atteintes de plus en plus nombreuses contre la langue allemande justifiée par l’égalité des sexes ». Le texte appelle les responsables politiques, les entreprises, les syndicats ou encore les journalistes à protéger la langue contre les « absurdités » de la politique du genre.

L’appel a été signé par 100 personnalités, linguistes, journalistes, écrivains... On trouve dans cette liste des figures connues du monde culturel allemand comme l’auteur Peter Schneider connu pour son engagement à gauche dans les années 60. A ses côtés figurent également des personnalités conservatrices comme l’ancien patron des renseignements généraux Hans-Georg Maassen limogé à l’automne dernier à qui on a régulièrement reproché sa complaisance vis-à-vis du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne.

Un combat déjà vieux

Les féministes se sont d’abord battues pour que la domination du masculin soit remise en cause. Comme en français, on a traditionnellement utilisé le pluriel masculin même si des femmes faisaient partie d’un groupe. Il est aujourd’hui quasi impensable qu’un maire ne commence pas un discours par « Chères citoyennes, chers citoyens ». Des formes féminines des mots se sont développées. Puis des constructions nouvelles ont été lancées pour créer un mot inclusif : à la racine masculine s’ajoute une barre oblique ou un tiret du bas suivi d’une terminaison féminine. Ces dernières années on a vu aussi une petite étoile s’insérer qui doit représenter tous les autres genres et profils que celui d’hommes et de femmes binaires. Autre possibilité, éviter tout simplement les mots genrés pour une forme neutre. Au lieu d’étudiantes et étudiants, on parlera de « personnes faisant des études ». En allemand, c’est plus court, ça donne Studierende au lieu de Student ou Studentin. Les féministes n’apprécient pas toujours cette solution qui fait disparaître les terminaisons féminines.

Des débats aux retombées politiques

Les milieux conservateurs dénoncent cette évolution. Une responsable de la CSU bavaroise qui travaille à la chancellerie aux côtés d’Angela Merkel l’a qualifiée récemment de « gaga ». L’extrême droite est vent debout contre ces propositions qui remettraient en cause non seulement la langue allemande, mais porteraient atteinte à l’identité nationale. La reconnaissance et l’introduction par l’Allemagne d’un troisième sexe à l’état civil alimentent aussi ces débats. La ville de Hanovre a au début de l’année publié une brochure pour promouvoir une langue administrative dégenrée que les agents municipaux sont priés d’appliquer.

Réticences

A ces polémiques linguistiques s’en ajoutent d’autres sur l’introduction ou non dans les bâtiments publics de toilette unisexes pour les personnes non binaires. L’extrême droite et les plus conservateurs ont dans le passé mobilisé contre des mesures pédagogiques visant à informer les élèves sur la pluralité des identités sexuelles.

Pour revenir aux aspects purement linguistiques, les Allemands en général restent à convaincre. Un sondage au début de l’année montrait que les deux tiers d’entre eux rejettent le développement des formules dégenrées et inclusives.

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