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Revue de presse Afrique

A la Une: l’armée lâche Bouteflika

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Le président candidat algérien Abdelaziz Bouteflika.
Le président candidat algérien Abdelaziz Bouteflika. AFP
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« La solution (à la crise actuelle) est dans l’application de l’article 102 » : déclaration hier du général Ahmed Gaïd Salah, le patron de l’armée algérienne. Article 102 qui décrète la vacance du pouvoir en cas d’empêchement du président de la République.

Commentaire d’El Watan : « ce que le Conseil constitutionnel n’a pas eu le courage d’entreprendre, l’armée l’a fait [...]. Pour sauver l’Algérie. »

Mais attention, prévient El Watan, « l’armée doit rester neutre, elle ne doit pas s’impliquer dans une quelconque démarche politicienne, surtout dans celle des anciens du système Bouteflika qui ne manqueront pas de revenir à la charge [...]. »

Méfiance…

En tout cas, l’opposition reste méfiante. « Sans surprise, les premières réactions émanant de l’opposition sont négatives, pointe le site d’information TSA. Le RCD dénonce une tentative de coup d’État et le MSP appelle à la poursuite des manifestations pour contraindre l’armée à respecter la volonté populaire. L’opposition garde un mauvais souvenir de l’intervention de l’armée dans la politique. En 1992, les généraux n’avaient tenu aucune des promesses faites aux Algériens. Au lieu de l’ouverture promise, ils avaient confisqué le pouvoir, s’étaient enrichis et, pour finir, ils avaient installé Bouteflika à la présidence. »

Méfiance également de la part du peuple, poursuit TSA : « quelques heures après les annonces de Gaïd Salah, sur les réseaux sociaux, les Algériens réclamaient déjà une vraie transition. Ils pourraient le dire massivement vendredi prochain lors de nouvelles manifestations à travers tout le pays. Dans tous les cas, le peuple a déjà fait savoir qu’il voulait le changement du système et pas seulement le départ de Bouteflika. La réponse de l’armée au maintien de ces revendications fournira une bonne indication sur ses intentions pour l’avenir. »

Déphasage !

En effet, renchérit Le Matin d’Algérie, le peuple attend bien plus que l’empêchement et le départ de Bouteflika : « pour la majorité des manifestants, la question du départ de Bouteflika est déjà tranchée et elle est bien derrière et dépassée. Et ce que semble ne pas comprendre le régime, c’est qu’il refuse de voir qu’on assiste à une révolution “blanche”. [...] Considérées comme le bras armé du système moribond, les deux chambres parlementaires (qui seraient au centre du processus de transition) ne peuvent être partie prenante dans le changement, comme n’ont cessé de clamer des centaines de milliers de manifestants. Ils demandent même leur dissolution. [...] En déphasage par rapport à l’exigence de la rue, la sortie de Gaïd Salah risque d’être interprétée, conclut Le Matin, comme une tentative d’avortement du mouvement et de la “révolution”. »

Le Monde Afrique dit peu ou prou la même chose : « en choisissant de faire pression pour l’application de l’article 102, l’armée cherche à éviter la mise en place d’une transition dirigée par des personnalités indépendantes, soit l’option réclamée par une bonne partie des acteurs de la contestation. »

Sauver le système…

En fait, analyse le site Maghreb Intelligence, « le général Ahmed Gaïd Salah sacrifie Abdelaziz Bouteflika pour sauver “le système”. [...] “C’était ça ou bien la contestation risquait d’atteindre la Grande muette dont les jeunes cadres sont très impressionnés par le mouvement de la rue”, croit savoir un général de l’APN aujourd’hui à la retraite, interrogé par le site. En demandant d’enclencher la procédure d’empêchement contre le président Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah donne une véritable bouffée d’oxygène à un “système au bord de l’asphyxie”, poursuit Maghreb Intelligence. Les quatre prochains mois de délai avant les prochaines élections prévues par la constitution pourraient certainement servir aux ailes du pouvoir de s’étendre sur une nouvelle feuille de route. A moins que le peuple ne soit d’un autre avis. »

Quoi qu’il en soit, pointe Ledjely en Guinée, « si l’appel du chef d’Etat-major de l’armée prospère   ce qui est fort probable   c’en sera définitivement fini du président Abdelaziz Bouteflika à la tête du pays. Ce sera notamment la fin d’un long règne de 20 ans. Et cela consacrera surtout l’ultime échec du président de la République face au soulèvement auquel il fait face depuis cinq semaines. »

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