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Le grand invité Afrique

RD-Congo: «Mettre fin aux arrestations arbitraires» (ministre des Droits humains)

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Diomi Ndongala est libre. Après six ans de prison, le chef de la Démocratie chrétienne du Congo Kinshasa a été libéré hier, jeudi 22 mars, à la demande de Félix Tshisekedi. Autre décision du nouveau président congolais : le limogeage de Kalev Mutond, le chef de l'ANR, l'Agence nationale de renseignements, autrement dit la sécurité d'Etat. Depuis décembre 2016, Marie-Ange Mushobekwa est la ministre congolaise des Droits humains. Après deux ans sous le leadership de Joseph Kabila, comment vit-elle ces décisions du nouveau chef de l'Etat congolais. De passage à Paris, elle répond aux questions de RFI.

Marie-Ange Mushobekwa, ministre des Droits humains de la République démocratique du Congo.
Marie-Ange Mushobekwa, ministre des Droits humains de la République démocratique du Congo. Michael Ali\MONUSCO\wikimedia.org
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RFI : 535 hommes, femmes, et enfants ont été massacrés les 16 et 17 décembre dernier dans le territoire de Yumbi. Ce mercredi à Genève, vous avez apporté de nouveaux détails atroces sur les circonstances de ce massacre, pourquoi ce déchainement de violence ?

Marie-Ange Mushobekwa : Je regrette ce cauchemar, en effet dans un conflit intercommunautaire, lié essentiellement à la terre, des gens se sont entretués, beaucoup d’enfants ont été tués, des jeunes garçons, non seulement ont été tués, mais émasculés, des femmes éventrées et leurs bourreaux ont mutilé même des fœtus, c’est horrible et ce n’est pas un motif de fierté pour la République démocratique du Congo.

Les victimes sont principalement des membres de la communauté Banunu, qui ont été agressés très violemment par une communauté rivale, les Batende, est-ce que les autorités locales ont téléguidé ces massacres ?

Ce que je peux vous dire au regard des informations que j’ai pu récolter, c’est que certains acteurs politiques ou administratifs locaux ont instrumentalisé ce conflit à des fins politiques, et je peux vous garantir que la sanction sera sévère, à la hauteur des crimes qu’ils ont commis.

Alors parmi les personnes mises en cause, notamment par l’Eglise catholique, il y a le gouverneur de la province de Mai-Ndombe, Gentiny Ngobila, qui nous a répondu sur RFI, « on m’accuse parce que j’appartiens à la communauté Batende, mais au contraire, j’ai essayé d’empêcher les choses ».

Il est évident que le gouverneur qui était en fonction devait prendre des mesures pour arrêter les massacres, et quoi qu’il en soit, ça sera un témoin clef pour le moment du procès. Il devra expliquer pourquoi on n’a pas pu arrêter les massacres.

Franck Diongo, Firmin Yangambi, Eugène Diomi Ndongala… Des prisonniers emblématiques sont libérés, mais ne reste-t-il pas beaucoup de prisonniers d’opinion ?

Je salue la libération de 700 personnes qui ont bénéficié de la grâce présidentielle et certains détenus dont des acteurs politiques bien connus ont déjà été libérés, mais le ministère des Droits humains travaille avec le bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme. Dans les milieux carcéraux, il essaye d’identifier toutes les personnes qui ne méritent pas de rester en prison, afin que ces personnes puissent être libérées. Cela va non seulement mettre fin aux arrestations arbitraires, mais va aussi permettre le désengorgement des prisons.

Pour Eddy Kapend et les 28 autres condamnés sans preuve et toujours détenus à la suite de la mort de Laurent-Désiré Kabila - ce sont des personnes d’ailleurs à qui vous avez rendu visite à la prison de Makala -, toujours pas de libération, pourquoi ?

Ces personnes ont été condamnées par la justice congolaise et moi, en tant que ministre des Droits humains, je ne peux pas me substituer aux Cours et tribunaux. Ceux qui ont été libérés ont bénéficié de la grâce présidentielle, et si le président de la République Félix Tshisekedi estime que ceux que vous venez de citer devraient également bénéficier de la grâce présidentielle, il va le faire, mais ce n’est pas à moi en tant que ministre des Droits humains de commenter les décisions du président de la République.

A la suite de la mise à l’écart du chef de l’ANR, Kalev Mutond, de nombreuses organisations de défense des droits de l’homme l’accusent d’avoir fait de cette ANR une police politique et veulent le poursuivre pour détention arbitraire et torture, qu’est-ce que vous en pensez ?

Eh bien écoutez, la constitution de la République démocratique du Congo reconnait à chaque Congolais le droit de saisir les instances judiciaires s’il se sent lésé, et ça sera aux Cours et tribunaux de décider de la culpabilité ou non de ces personnes qui sont accusées.

Quand le président Tshisekedi dénonce les cachots de l’ANR, il a raison ?

Je peux vous dire, en tant que ministre des Droits humains, qu’il y a des cachots qui doivent être fermés, ce n’est pas aujourd’hui que je l’ai dit.

Oui, c’est-à-dire que, quand vous demandiez la suppression des cachots, on vous répondait « restez dans votre périmètre » …

Ce n’est pas vrai, plusieurs fois le président Joseph Kabila a demandé que tous ces cachots soient fermés.

Vous dites que le président Kabila demandait la suppression de ces cachots, l’ANR était-elle un Etat dans l’Etat ?

Non, si les chefs de certains services ou certains ministres, dont je fais partie, ne respectent pas les orientations qui ont été données, on ne peut pas faire porter toute la responsabilité au président de la République.

Depuis le 24 janvier, depuis que Félix Tshisekedi est président, c’est toujours aussi compliqué pour vous d’être ministre des Droits humains ou c’est plus facile ?

Pour répondre à votre question, je travaille très bien, comme auparavant. J’attends la nomination de mon successeur, mais je travaille très bien avec le président Félix Tshisekedi, et autant j’ai parfaitement travaillé sous le leadership du président Joseph Kabila. Lorsque mon successeur sera nommé, il va poursuivre ce que j’avais déjà commencé.

Le prochain gouvernement, c’est pour quand ?

Je ne suis pas au courant.

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