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Aujourd'hui l'économie

En Algérie, patrons et syndicats lâchent Bouteflika

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La pression de la rue algérienne a fini par dissuader le président Bouteflika de se présenter à un cinquième mandat. Au cours de ces journées décisives le chef de l'Etat a été aussi en partie lâché par ses alliés traditionnels issus du patronat et du principal syndicat.

Le portrait du président algérien Abdelaziz Bouteflika, à Alger, le 11 février 2019.
Le portrait du président algérien Abdelaziz Bouteflika, à Alger, le 11 février 2019. RYAD KRAMDI / AFP
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Les premières fissures sont apparues dans les milieux patronaux. Il y a quelques jours Ali Haddad, le président du Forum des chefs d'entreprises, la principale organisation patronale algérienne, prend la parole pour réitérer son soutien indéfectible à une nouvelle candidature de Bouteflika parce que, dit-il, c'est la décision prise à la majorité par le Forum. Une déclaration faite dans l'urgence pour enrayer la vague des défections. Son numéro deux Mohamed Laïd Benama a pris publiquement ses distances. D'autres grandes figures du Medef algérien quittent aussi le navire.

Appartenir au Forum des chefs d'entreprises n'est plus vraiment dans l'air du temps ?

Jusqu'à maintenant cela équivalait à faire allégeance à Bouteflika en finançant ses campagnes électorales. Cela s'est amplifié à partir de son troisième mandat, en échange de facilités dans le monde des affaires, et bien sûr pour pouvoir mieux profiter des commandes publiques. L'ascension d’Ali Haddad a été fulgurante grâce à sa proximité avec le régime. Président du forum depuis cinq ans, il est aussi devenu le numéro un du BTP, il possède plusieurs médias et le club de foot USM d'Alger. Quelque 30 000 chefs d'entreprise sont membres du forum et beaucoup d'entre eux aspirent aujourd'hui à un changement de gouvernance dans leur propre organisation.

Du côté des salariés, le principal syndicat, l'UGTA, connaît lui aussi pas mal de remous internes.

Il y a eu plusieurs appels à la grève générale mais là encore ils n'émanent pas de l'autorité centrale du syndicat. Le secrétaire général de l'UGTA, l'indéboulonnable Abdelmadjid Sidi Saïd, en poste depuis 1997, est un fervent d'Abdelaziz Bouteflika. « Oui, nous sommes l’UGTA du pouvoir, nous sommes les soldats de la République », affirme-t-il au dernier congrès. « Nous avons été avec Bouteflika. Nous sommes toujours avec lui, nous n’allons pas le trahir. » Certains journaux algériens évoquent sa possible mise en retraite dans les prochaines semaines. Car plusieurs fédérations se sont désolidarisés de leur secrétaire général. Dans les télécoms, le métro algérien, la branche exploration de la Sonatrach, la toute puissante société pétrolière nationale ou encore la sidérurgie. Dans la nuit de dimanche à lundi une vingtaine de syndicats de Tizi Ouzou ont aussi pris position contre le cinquième mandat et dans la foulée ils ont retiré leur confiance à leur dirigeant.

En quoi ces turbulences dans les organisations traditionnellement acquises au régime peuvent-ils influencer le cours des choses ?

Ce matin les Algériens sont à la fois soulagés par l'annonce faite par leur président et aussi inquiet sur la suite, puisqu'il n'y a pas encore de nouvelle échéance électorale. Pour maintenir la pression sur le régime, ils ont besoin de s'organiser, de trouver des relais, et pourquoi pas auprès des corps intermédiaires existants. A condition que ces organisations jusqu'à maintenant inféodées au pouvoir en place soient capables aujourd'hui de se régénérer pour coller aux aspirations de la rue. On verra dans les prochains jours si les nouveaux convertis sont en mesure de porter ce changement en interne, ou bien de construire de nouvelles organisations représentatives, à conditions qu’ils en aient la liberté et les moyens.

 En bref

Singapour décide à son tour d'interdire les Boeing 737 MAX dans son espace aérien.

Cette mesure drastique affecte les cinq compagnies qui utilisent cet aéroport comme hub régional. La Mongolie a aussi pris des mesures similaires. La fédération américaine de l'aviation demande à Boeing d'apporter des modifications à l'appareil mis en cause dans le crash de l’Ethiopian Airlines tout en estimant qu'il reste un modèle fiable. Le 737 MAX est une machine à cash pour Boeing, il lui a procuré l'an dernier 60 % de ses revenus.

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