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Le grand invité Afrique

Exercice Flintlock: «Se focaliser sur les problèmes confrontés dans la vie réelle»

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L’invité Afrique ce matin est l’ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso, Andrew Young. Cette semaine et jusqu’au 1er mars, le Burkina accueille l’exercice militaire Flintlock, organisé par l’armée américaine. Trente-trois pays y prennent part dont 16 Africains. C’est le plus important exercice de forces spéciales en Afrique. Il intervient cette année dans un contexte sécuritaire très tendu pour le Burkina Faso. Andrew Young répond aux questions de Gaëlle Laleix.

Andrew Young, ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso.
Andrew Young, ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso. bf.usembassy.gov/fr
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►Exercice militaire Flintlock

Un soldat des forces spéciales américaines montre comment détenir un suspect lors de Flintlock 2014, une mission internationale de formation dirigée par les États-Unis pour les forces armées africaines, à Diffa, au Niger, le 4 mars 2014.
Un soldat des forces spéciales américaines montre comment détenir un suspect lors de Flintlock 2014, une mission internationale de formation dirigée par les États-Unis pour les forces armées africaines, à Diffa, au Niger, le 4 mars 2014. REUTERS/Joe Penney/File photo

RFI : Nous sommes en plein exercice Flintlock. Est-ce que vous pouvez nous expliquer cette année, pour Flintlock 2019, quelles seront les priorités de cet exercice militaire ?

Andrew Young : L’année 2019 est vraiment une opportunité d’engager trente pays de quatre continents ensemble pour aider les forces de la région à faire face au terrorisme. Nous allons essayer de renforcer les structures que les pays de cette région ont créées eux-mêmes. Par exemple, nous avons le G5 Sahel, une institution créée, de la région, par la région et pour la région. Et le travail que nous allons faire pendant le Flintlock ces deux semaines va être vraiment focalisé sur le genre de problèmes auxquels ils vont faire face dans la vie réelle.

Alors concrètement, quels sont ces problèmes ?

C’est sûr que nous avons vu des défis sécuritaires au Burkina Faso et dans les zones du Sahel. Et nous voulons faire face à ces défis d’une manière complexe et complémentaire avec la justice, avec la société civile, avec les femmes, dans la paix et la sécurité. Nous allons vraiment chercher une solution qui implique toutes les parties constituantes de la société.

Vous parliez du G5 Sahel. Il y a un an maintenant, quasiment jour pour jour, il y avait la conférence de Bruxelles, la conférence des bailleurs. Les Etats-Unis ont promis 60 millions de dollars. Où en sommes-nous de cet argent ? Qu’est-ce qui a été décaissé, qu’est-ce qui a été fourni ?

Les Etats-Unis ont promis 60 millions de dollars pour la première tranche de soutien au G5 Sahel. Trente, de ces millions de dollars, vont être ciblés pour le Burkina Faso sur le terrain. Pour aider les troupes qui sont en ligne, il y a déjà l’équipement américain qui les soutient.

Quel type d’équipement, concrètement ?

Par exemple, des véhicules, des gilets pare-balles. Mais aussi en dehors de cela, il y a beaucoup de formations pour aider les Burkinabè à faire face à cette menace, des engins explosifs improvisés.

Cela c’est pour le Burkina. Est-ce que les autres pays sahéliens ont aussi bénéficié de fonds ?

Les autres pays ont bénéficié des fonds américains destinés au G5 Sahel. Toute la contribution des Etats-Unis pour le G5 Sahel est montée à 110 millions de dollars.

Les Etats-Unis ont fait le choix d’une aide bilatérale. C’est-à-dire que les Etats-Unis choisissent à quels pays ils donnent et les modalités de ces dons, plutôt que de passer par la structure du G5 et le fonds qui est à Bruxelles. Pourquoi ?

Nous pensons que l’institution du G5 Sahel est vraiment une formidable initiative de la région, par la région et pour la région. Nous pensons que la meilleure façon de renforcer cette structure et de renforcer chaque membre constituant de cette institution. C’est pour cette raison que nous allons continuer à aider de manière bilatérale avec les millions de dollars qui ont été donnés par les contribuables américains.

Les Etats-Unis ont toujours eu un rapport un peu ambivalent, quand même, avec le G5. Ils n’ont pas beaucoup soutenu la proposition de rendre le financement pérenne par les Nations unies, il y a eu ce choix de l’aide bilatérale. Pourquoi ?

Nous avons toujours soutenu le G5 Sahel et nous pensons continuer à soutenir le G5 Sahel. Mais nous pensons que cette structure, qui tend à aller à travers une institution internationale, n’est pas très convaincante, pas très efficace pour la durabilité de cette institution à long terme.

Cela apporterait une certaine visibilité, quand même. Parce que là, un an après Bruxelles, nous ne savons pas qui a donné quoi, combien, à qui, comment… Et les pays sahéliens semblent dire que, de toute façon, il n’y a pas assez d’argent, que ce n’est pas durable.

Je sais où se trouvent les 30 millions de dollars qui viennent des Etats-Unis. Je sais quel équipement, à quelle contrepartie et comment nous avons fait le travail ensemble pour la formation à utiliser cet équipement. Pour moi, c’est clair et je crois que mes partenaires burkinabè vont vous dire qu’ils comprennent la structure et la perspective américaine pour les aider à faire face à la menace.

Je reviens au Burkina, où la violence s’est intensifiée cette année. Nous avons vu dans le centre un début de conflit communautaire. Est-ce que vous redoutez que cela prenne ce chemin ?

Il est vrai que la menace communautaire lève sa voix. Je dois vous dire que je suis vraiment content de la résilience du peuple burkinabè face à ces tentatives des extrémistes à créer des différences entre des communautés qui ont vécu ensemble pendant des milliers d’années. C’est sûr que l’on doit aider à renforcer la tolérance religieuse et culturelle qui existe dans ce pays. Les Etats-Unis sont vraiment contents de pouvoir soutenir ces actes de réconciliation. Il y a certaines initiatives des Américains qui aident à encourager les liens entre différents membres de la communauté. Je crois que cela va aider à renforcer la réponse à ces tentatives de division dans la société.

Les habitants des régions comme le Soum ou le centre du pays se plaignent beaucoup de l’absence de l’Etat burkinabè. Aujourd’hui, en tant que partenaire de cet Etat burkinabè, comment le soutenir pour qu’il soit de nouveau présent dans ces régions où il n’y a plus d’écoles, plus de gouverneur, plus de maire, plus d’institutions ?

Le gouvernement est conscient de ces menaces. Il a pris les actions pour y répondre. Par exemple, après certains défis communautaires, Son Excellence le président du Faso est allé sur le terrain. Le gouvernement a fait un changement avec des élévations de ministères, un ministre de l’Etat à la Sécurité et aussi ministre d’Etat pour la Défense, un nouveau Premier ministre, un nouveau chef d’état-major des armées. Je crois que ce sont des exemples d’actions du gouvernement pour faire face à ces défis et nous sommes là pour les aider, avec tous les partenaires internationaux et régionaux et à travers un exercice comme Flintlock.

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