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Afrique économie

L'Afrique du Sud disjoncte

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Le secteur de l’électricité sud-africain est en crise : le géant public Eskom, responsable avec ses centrales à charbon de la quasi-totalité de la fourniture en électricité du pays, est en passe de s’effondrer. Sa dette est colossale et ses capacités de production ne sont plus suffisantes : les grandes villes du pays sont régulièrement plongées dans le noir depuis le début de la semaine suite à des délestages tournants. Une crise qui est le résultat d’une dizaine d’années de mauvaise gestion et qui pourrait bouleverser l’économie du pays.

Une coupure d'électricité à Prétoria en Afrique du Sud le 13 février 2019.
Une coupure d'électricité à Prétoria en Afrique du Sud le 13 février 2019. Waldo Swiegers/Bloomberg via Getty Images
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Le bilan du géant public de l’électricité est accablant : Eskom, aujourd’hui c’est 27 milliards d’euros de dette, des prix en hausse et une fourniture insuffisante qui conduit à des délestages massifs. Pour l’analyste Claude Baissac, du cabinet Eunomix, c’est le résultat d’une décennie de gestion catastrophique : 

« Eskom ça a été une vaste entreprise de corruption à travers le fameux projet de "capture de l’état" de Jacob Zuma, l’ancien président. Et on a placé des amis, et il y a eu mauvais investissements, vastes détournements de fonds, une incapacité de faire la maintenance nécessaire. C’est la stratégie entière de production d’électricité et de capitalisation qui a échoué. »

La chute de géant public a ces derniers jours un impact très concret sur la vie des Sud-Africains, avec des commerces qui tournent au ralenti ou encore un trafic routier perturbé faute de feu de circulation. Et le risque est à terme très important pour le pays tout entier selon l’économiste Mike Schussler :

« C’est vraiment très inquiétant, car si cela continue, on verra apparaïtre un ralentissement de l’économie. Le chômage va encore augmenter. Et du côté des investisseurs, s’ils veulent placer leur argent ici, ils ont besoin d’électricité ! »

Pour tenter de redresser la barre, le président Cyril Ramaphosa a annoncé un plan de restructuration pour la compagnie publique, lors de son discours devant le Parlement la semaine dernière :

« Nous devons tout de suite lancer le projet de séparer Eskom en trois entités différentes : une pour la production, une pour le transport et une pour la distribution. Ainsi, on isole les coûts et chaque entité aura sa part de responsabilisé. »

Une mesure qui n’est pas pour plaire aux syndicats, descendus dans la rue jeudi. Luphert Chilwane, est le porte-parole du Syndicat national des mineurs :

« Nous comprenons cette mesure comme étant un premier pas pour privatiser Eskom. Cela va amener du chômage. Nous n’avons même pas été consultés avant cette annonce ! »

Mais selon l’économiste Claude Baissac, le gouvernement devra bien finir par trancher vers quel modèle Eskom doit évoluer :

« Ou alors on a de la production d’électricité de marché, avec les règles de marché, de concurrence... Ou alors on a un monopole d’Etat, mais véritablement développemental, c’est à dire que l’état endosse la dette et la capitalisation, de sorte que les tarifs d’électricité soient des tarifs compétitifs. Ils n’ont pas choisi. Ils ont cette espèce de non-modèle hybride, où on a un monopole d’état qui ne sert à rien d’un point de vue économique. »

De son côté, la commission qui enquête autour des accusations de corruption au sommet de l’état devrait se pencher sur le cas d’Eskom à partir de la semaine prochaine.

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