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Aujourd'hui l'économie

Pourquoi le mariage Alstom-Siemens est aujourd’hui mal parti

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Le projet d'un « Airbus » du chemin de fer, avec la fusion du constructeur de train français Alstom et de l'allemand Siemens, est-il menacé par des « technocrates rétrogrades » comme le laisse entendre le patron de l'entreprise allemande ?

La fusion du constructeur de train français Alstom et de l'allemand Siemens, est-elle vraiment menacée par des «technocrates rétrogrades»?
La fusion du constructeur de train français Alstom et de l'allemand Siemens, est-elle vraiment menacée par des «technocrates rétrogrades»? REUTERS/Staff/Files
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Il y a aujourd’hui un malentendu complet entre la Commission européenne ou plutôt la commissaire chargée de la concurrence Margrethe Vestager, et les capitaines d’industrie français et allemands qui rêvent de cette fusion. Ces derniers pensent à la conquête du marché mondial tandis que la commissaire pense, elle, à la protection du marché européen. Et c’est son mandat : la commissaire à la concurrence est chargée de dire si la fusion menace les intérêts des clients et des concurrents des entreprises concernées pendant que Joe Kaeser le patron de Siemens dénonce : « l’incapacité de l’Union à devenir une véritable puissance ». Il poursuit : « il est naïf de penser que les Etats européens, chacun séparément, peuvent concurrencer la Chine et l’Amérique [...] c’est impossible ».

Un nouveau géant, néfaste aux clients européens ?

Le Britannique Network Rail s’est publiquement opposé à cette fusion, car Alstom et Siemens sont ses deux seules fournisseurs pour la signalisation. En revanche, le mariage pourrait mécaniquement faire grimper les prix. « C’est un peu comme si les compagnies aériennes avaient protesté au moment de la création d’Airbus en regrettant de n’avoir plus que deux fournisseurs d’avions, Airbus et Boeing », commente Arnaud Aymé du cabinet Sia Partners.

Mais ce qui a conduit les deux frères ennemis à vouloir raccrocher leurs wagons, ce n’est pas le marché européen où chacun a déjà sa part du gâteau, la SNCF pour Alstom et Deutsche Bahn pour Siemens, mais c’est bien le marché mondial. Dans lequel ils trouvent sur leur route des acteurs beaucoup plus puissants, à commencer par le mastodonte chinois CRRC. Son chiffre d’affaires est supérieur à la somme de ceux des trois grands présents en Europe : Alstom, Siemens et le Canadien bombardier.

Pour la Commission européenne, CRRC n’est pas un concurrent dangereux

« CRRC a signé quelques contrats en Serbie, en Macédoine et en République Tchèque, c’est encore un acteur marginal », selon Arnaud Aymé du cabinet Sia Partners, mais déjà un prédateur à l’affût : Alstom et Siemens ont pris peur quand le chinois a voulu mettre la main sur la branche ferroviaire du tchèque Skoda. C’est alors qu’ils ont sérieusement envisagé de fusionner.

Néanmoins, les ambitions européennes de CRRC sont très claires. « Le stand géant qu’il a loué cet automne au salon Innotrans à Berlin, la vitrine européenne de l’industrie ferroviaire, ne laisse aucun doute sur ses intentions », estime Arnaud Aymé. CRRC a la haute main sur son marché domestique et il est déjà présent dans une centaine d’autres pays. 

Qu’est-ce qui peut infléchir la position de la Commission européenne ?

Alstom et Siemens ont proposé de renoncer à certaines de leurs activités, Margrethe Vestager attend encore de nouvelles concessions pour se laisser convaincre. Mais trop déshabiller la future mariée n’est pas dans l’intérêt des fiancés et Siemens a déjà annoncé qu’il n’irait pas plus loin.

C’est donc une partie de poker menteur qui se joue aujourd’hui, si la fusion venait à être retoquée à Bruxelles, l’information serait connue dans les jours qui viennent. Quelle conclusion les Européens devront-ils en tirer ? Faudra-t-il revoir le mandat de cette Commission ? Ces questions pourraient alimenter la campagne des élections européennes. La danoise Margrethe Vestager, très respectée pour sa mise au pas des Gafa doit sans doute avoir un avis et il comptera puisqu’elle est souvent présentée comme une potentielle future dirigeante de la Commission européenne.

 

EN BREF

En Chine les usines sont à la peine pour le deuxième mois consécutif. En janvier l’indice PMI qui informe sur le carnet de commandes des industriels est à nouveau en dessous de la barre des 50, ce qui signale une contraction de l’activité. L’industrie chinoise souffre visiblement de la hausse des droits de douane américains.

Facebook a retrouvé de sa superbe d’après les résultats présentés hier pour l’année 2018. Son bénéfice net a explosé au quatrième trimestre 2018 : +60 %. Malgré les polémiques Facebook attire de nouveaux usagers, leur nombre est même reparti à la hausse en Europe et aux Etats-Unis. Ses revenus tirés de la publicité sont donc toujours croissants : en un an son chiffre d’affaires a bondi de 37 %.

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