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Chronique agriculture et pêche

Repenser la filière thon en Côte-d’Ivoire (rediffusion)

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« Repenser la filière thon : une pêche responsable et une gestion durable des thonidés tropicaux », c’est le thème central d’une conférence internationale qui a rassemblé tous les acteurs de la filière thon à Abidjan du 27 au 28 décembre 2018 à Radisson Blu Hôtel. Cette conférence internationale a été présidée par Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques.

Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques.
Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques. ©RFI/Sayouba Traore
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Disons d’emblée que la question revêt une importance économique et sociale. Quelques chiffres pour situer les enjeux. De 2014 à 2017, les entreprises agréées, au régime franc de transformation des produits halieutiques, ont commercialisé 86 235 tonnes de produits dont 82 346 tonnes à l’exportation soit 95% des ventes vers l’Union européenne, notamment la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et la Belgique, ainsi que la Grande-Bretagne. En 2017, l’industrie thonière ivoirienne a généré plus de 97 milliards de francs CFA (près de 150 millions d’euros) et le port d’Abidjan est le premier port thonier d’Afrique. Si bien que le gouvernement ivoirien a adopté la loi n° 2005-556 du 02/12/2005 instituant le régime d’entreprise franche de transformation des produits halieutiques.

Pour le professeur Jacques Datté du Laboratoire nutrition et pharmacologie de l’Université Félix Houphouêt Boigny, secrétaire exécutif du Comité d’administration du régime franc, et à tous ces titres, président du comité d’organisation de la conférence internationale sur la filière thon, « Le sous-secteur du thon constitue un volet important de l’économie nationale en termes de lutte contre le chômage, de création et de maintien d’emplois et d’entrée de devises ». En effet, la filière thon en République de Côte-d’Ivoire emploie directement plus de 3 500 personnes, dont 70% de femmes, et fait vivre plus de 15 000 ménages.

Il se trouve qu’à présent, cette filière importante doit faire face à de nombreux défis. Parmi ces défis, la surpêche qui fait peser une menace sur l’ensemble de cette économie. Autorités, chercheurs et opérateurs du secteur sont mobilisés pour une pêche plus responsable. En effet, l’action nécessaire semble contradictoire. Dans le même temps, il faut moderniser, amplifier, développer et valoriser le secteur, tout en protégeant la ressource et les conditions naturelles de son maintien.

Il faut quitter les eaux maritimes ivoiriennes pour percevoir réellement ce qui se joue. Donnée importante : le thon est une espèce sujette à des migrations. Pour faire plus simple, quand il fait froid dans les mers du Nord, le thon rouge de l’Atlantique migre vers les mers du Sud. Pour protéger une ressource qui migre à travers les océans, il faut connaître ses modes de migrations et les causes profondes de ces déplacements.

En Côte d’Ivoire, cette migration se fait dans la zone où se pratique la pêche maritime industrielle, sur une ZEE de 200 000 km² et à partir d’un littoral long de 550 km. Non seulement il y a la surpêche dont on vient de parler, mais il y a plus grave : ce que les spécialistes appellent la piraterie halieutique. Or, il faut savoir que 20 pays se partagent la pêche au thon rouge en Atlantique et que les intérêts sont divergents. C’est-à-dire que tout le monde ne fait pas ce qu’il faut au bon moment. Circonstance aggravante : le thon rouge de l’Atlantique ne représente que moins de 0,1% des prises mondiales, mais cette espèce est la plus prisée au monde. La conséquence de tout ceci, c’est la diminution des stocks de thon rouge de plus de 80% entre 1970 et 1993 dans l’atlantique ouest.

On devine facilement que cela n’est pas sans conséquence sur l’activité maritime, tant industrielle qu’artisanale, si une solution n’est pas rapidement trouvée à ces différents fléaux. Car cela pourrait porter une grave atteinte au développement durable de l’activité de pêche et avoir de ce fait un impact négatif sur la sécurité alimentaire des Ivoiriens.

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