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Aujourd'hui l'économie, le portrait

Jean-Dominique Senard, nouveau patron de Renault

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Le conseil d'administration de Renault, a nommé jeudi 24 janvier Jean-Dominique Senard, président du groupe. Actuellement président de Michelin, il exercera simultanément les deux fonctions jusqu'en mai, date à laquelle il était prévu qu'il passe la main. En prenant les rênes de Renault, Jean-Dominique Senard tourne la page Carlos Ghosn.

Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin, devrait succéder à Carlos Ghosn à la tête de Renault.
Jean-Dominique Senard, président du groupe Michelin, devrait succéder à Carlos Ghosn à la tête de Renault. Christophe Archambault/AFP
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L'État, premier actionnaire de la firme au losange, a choisi un homme d'expérience dans le secteur automobile. Né à Neuilly, fils de diplomate, il est titulaire d'une maitrise de droit et diplômé d'HEC. Il débute sa carrière à 26 ans chez Total, comme responsable de financement. Six ans plus tard, il rejoint Saint-Gobain où il devient directeur financier de la délégation générale pour l’Allemagne et l’Europe centrale. Puis, il intègre le groupe industriel Pechiney, spécialiste de l'aluminium. Il en est le président de 2003 à 2005, année où il part pour Michelin, l'équipementier automobile. En 2012, suite au décès accidentel d'Edouard Michelin, il est nommé président et devient le premier patron non issu de la famille Michelin. Il laisse derrière lui un bilan positif, avec un bénéfice net de 1,7 milliards d'euros, soit une hausse de 1,4% en 2017. Pour Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem, Jean-Dominique Senard est l'homme de la situation :

« Pour pouvoir remplacer Carlos Ghosn, il faut quelqu’un qui connaisse bien le monde de l’industrie automobile, que ce soit coté constructeur ou coté équipementier automobile. Il faut que ce soit quelqu’un qui ait la dimension internationale d’une entreprise, puisque Renault Nissan est vraiment une entreprise internationale, présente partout dans le monde, et donc il faut avoir cette capacité à diriger des équipes ayant des cultures différentes. Monsieur Senard a ce profil-là, on peut dire qu’il coche toutes les cases. »

Chez Michelin Jean-Dominique Senard a imposé son style.

Durant ses six années chez Michelin, Jean-Dominique Senard a développé le groupe à l’international, notamment en Inde, au Brésil et en Chine, propulsant le Bibendum, emblème de Michelin, parmi les leaders mondiaux des pneumatiques. Une expérience indispensable pour diriger l'Alliance Renault-Nissan, où selon Flavien Neuvy, de nombreux défis attendent Jean-Dominique Senard :

« C’est surtout l’avenir de l’alliance qui est en question et le rapport de force capitalistique au sein de cette alliance, donc il y aura forcément des discussions qui viendront par la suite entre Renault et Nissan pour savoir comment cette alliance peut fonctionner, mais de toute évidence, il faut quelqu’un qui ait une expérience solide. »

Le nom de ce grand industriel circulait depuis plusieurs jours...

Homme de dialogue, diplomate et très bon communicant, il échange facilement avec les salariés et les organisations syndicales. Il fait même entrer au conseil de surveillance du groupe, un représentant syndical. Une première dans l'histoire de la maison... Ce qui n'empêche pas Jean-Dominique Senard de trancher, parfois douloureusement, comme en 2013 avec la fermeture de l'usine de Joué-lès-Tours et la suppression de 700 postes. En contrepartie il renforce la recherche et le développement, la formation et multiplie les investissements.

Jean-Dominique Senard avait reçu un hommage appuyé du président Emmanuel Macron lors de sa visite il y a un an sur le site de Clermont Ferrand. Le président de la république avait déclaré que :

« Michelin, c’est un exemple parfait de ces entreprises qui ont à la fois une très grande productivité » et qui « dans le même temps, a toujours été attachée au dialogue social et à la formation. »

Jean-Dominique Senard avait également le soutien du ministre de l'économie et des finances, Bruno Lemaire, qui publiquement soulignait sa fibre sociale.Depuis longtemps Jean-Dominique Senard plaide pour pouvoir négocier le temps de travail avec les salariés au niveau de l'entreprise. En décembre 2015, il expliquait vouloir que « l'accord d'entreprise prenne le pas sur la convention collective, voire la législation ». Jean-Christophe Laourde délégué syndicale CFE-CGC chez Michelin salut l'homme avec toutefois un bémol pour le patron :

« Son bureau est toujours ouvert, ce ne sont pas tous les grands patrons de grands groupes qui font cela. J’ai la conviction que monsieur Senard a effectivement une fibre sociale, après là où je mets un petit bémol, c’est que monsieur Senard est un très grand communiquant. Je suis un peu partagé. L’homme, je crois fondamentalement en lui et ses valeurs, après dans l’application il y a des choses qui diffèrent. La théorie est parfois différente de la réalité. »

Au printemps dernier Jean-Dominque Senard a rendu un rapport, coécrit avec Nicole Notat, l’ancienne numéro un de CFDT, sur « l’entreprise, objet d’intérêt collectif », dans lequel il était question de la prise en compte des questions sociales et environnementale au sein de l’entreprise. Ce rapport met en lumière son sens de la modération et de l’écoute.

Aux antipodes de Carlos Ghosn, Jean Dominique Senard revendique un capitalisme apaisé et responsable, il fustige la rentabilité à court terme. En 2017, il briguait la présidence du Medef, l'organisation patronale française, mais atteint par la limite d’âge, il avait dû renoncer. Agé de 66 ans, Jean-Dominique Senard pourra exercer son mandat sans entrave... L’âge limite à la présidence de Renault, est fixé à 72 ans.

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