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Aujourd'hui l'économie

Zimbabwe: les mesures d’austérité mises à l’épreuve

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La colère monte au Zimbabwe où le nouveau gouvernement a annoncé ce week-end une mesure très impopulaire : la hausse du prix du carburant qui va plus que doubler. L’objectif affiché : empêcher la contrebande vers les pays voisins. Mais la situation économique de la population est déjà désastreuse. Les semaines qui viennent promettent d’être explosives sur le plan social, avec plusieurs appels à la grève contre les mesures d’austérité du gouvernement.

Des partisans du mouvement d'opposition zimbabwéen MDC Alliance dans les rues de la capitale Harare, le 29 novembre 2018, pour protester contre la situation économique du pays et la gouvernance du président Emmerson Mnangagwa.
Des partisans du mouvement d'opposition zimbabwéen MDC Alliance dans les rues de la capitale Harare, le 29 novembre 2018, pour protester contre la situation économique du pays et la gouvernance du président Emmerson Mnangagwa. Jekesai NJIKIZANA / AFP
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La confédération syndicale demande aux Zimbabwéens de ne pas aller travailler à partir d’aujourd’hui pour dénoncer cette hausse et plus généralement la dégradation des conditions de travail. Cela fait plusieurs semaines déjà que dans les hôpitaux, les écoles, la colère monte, d’abord à cause des pénuries.

Le Zimbabwe importe son carburant, mais aussi ses produits médicaux. Or, l’Etat est de plus en plus contraint pour le faire parce qu’il n’exporte pas assez, il n’a plus assez de dollars dans ses réserves pour répondre à la demande. Conséquence : dans les magasins, les étals sont souvent vides.

Les automobilistes n’ont plus vu de telles files devant les stations-service depuis la crise (traumatique) de 2008. Il y a aussi de plus en plus d’entreprises qui stoppent leur activité par manque de dollars pour payer leurs fournisseurs à l’étranger. Car évidemment, pas question de les payer avec les « bond-notes », la monnaie de substitution au dollar qui n’a aucune valeur en dehors du pays.

Vers une nouvelle monnaie nationale

Pour répondre au manque de liquidité, le gouvernement a instauré depuis 2006 une monnaie de substitution au dollar américain, le « bond-notes », sorte de mini-obligation ; puis un autre système électronique, le RGTS que la population s’est résignée à utiliser pour ses transactions quotidiennes. Là aussi, il est censé être à parité avec le dollar américain. Mais en réalité, il ne cesse de perdre de la valeur par manque de confiance des opérateurs.

C’est pourquoi l’exécutif a annoncé il y a quelques jours qu’il voulait instaurer une « nouvelle » nouvelle monnaie. Mais l’équation est la même : il faut qu’il ait assez de réserves en dollars sur laquelle puisse s’adosser cette nouvelle monnaie.

Mais pour cela, il faudrait un niveau de réserves équivalent à six mois d’importation. Or, le gouvernement n’en détiendrait actuellement que l’équivalent de deux semaines.

La marge de manœuvre du gouvernement limitée

La marge de manœuvre du gouvernement est d’autant plus limitée que la population semble lui dire que sa patience est à bout. Après la chute de Mugabe en 2017, les gens ont cru au changement, à la sortie de la crise économique. Ce que le nouveau président Emmerson Mnangagwa promettait.

Mais désormais on leur dit qu’il faudra se serrer la ceinture. Les mesures d’austérité se multiplient, avec la coupe dans les effectifs de fonctionnaires, à laquelle s’ajoute l’instauration d’une taxe de 2 % sur les transactions financières et la dernière en date : cette hausse très importante du prix du carburant qui va forcément se répercuter sur les prix d’autres produits.

Le gouvernement à la recherche d’économies

Le dégraissage de l’administration, c’était incontournable, la masse salariale représente 90 % des revenus de l’Etat. Là encore, un héritage de Robert Mugabé.

Les coupes dans les dépenses, la hausse des prélèvements pour combler le déficit du budget, c’est aussi une exigence des bailleurs internationaux, FMI en tête. Le gouvernement sollicite leur soutien, mais pour obtenir un nouveau prêt, il faut d’abord qu’il rembourse ou renégocie 2 milliards d’arriérés de dettes, vieilles de 20 ans.

C’est le ministre des Finances Mthuli Ncube, un ancien dirigeant de la Banque africaine de développement qui est en charge du dossier. Il vient de faire une tournée en Europe et la semaine prochaine, le président et lui seront au Forum de Davos. Ce sera la 2e fois pour le Zimbabwe qui veut vendre l’image d’un pays ouvert à l’économie de marché, aux investissements étrangers et d’un pays qui a tourné la page « Mugabe ».

Les Etats-Unis, qui ont maintenu leurs sanctions malgré la chute de Mugabe, demandent quant à eux des gages politiques sur les droits de l’homme et les droits de l’opposition. Une opposition qui conteste toujours les résultats de la présidentielle.

Finalement, le mouvement de grève qui est en train de monter pourrait servir de test pour le gouvernement.

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