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Le grand invité Afrique

RDC: «Malgré les irrégularités, le peuple congolais a réussi à s'exprimer»

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Les irrégularités observées ne remettent pas en cause la volonté populaire exprimée le 30 décembre. C’est ce qu’a annoncé, hier, la conférence épiscopale de RDC. La Cenco a la plus grande mission d’observation électorale du pays : elle a 40 000 observateurs déployés sur le terrain, et, sur la base de ses observations, elle dit même connaitre le nom du président élu. L’Eglise catholique au Congo met en demeure la Commission électorale de publier des résultats conformes à ceux affichés dans les bureaux de vote. La Céni dit connaître des difficultés et envisager un report ; 20% à peine des plis auraient été compilés, hier, alors que les résultats sont annoncés pour ce dimanche. L’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco, répond aux questions de Sonia Rolley.

Un agent électoral de la Céni scelle une urne devant des observateurs dans un centre à Kitendo, à Lubumbashi, lors du scrutin du 30 décembre (photo d'illustration).
Un agent électoral de la Céni scelle une urne devant des observateurs dans un centre à Kitendo, à Lubumbashi, lors du scrutin du 30 décembre (photo d'illustration). AFP/Caroline Thirion
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RFI : Quelles sont les principales conclusions préliminaires d’observation électorale ?

Donatien Nshole : Il y a eu des irrégularités, mais nous considérons que ces irrégularités n’ont pas pu entamer considérablement le choix exprimé par le peuple congolais. C’est clair. Malgré ces irrégularités, nous considérons que le peuple congolais a réussi à s’exprimer. Le plus important, c’est le respect de cette vérité des urnes.

Au niveau de l’affichage des résultats et des PV de résultats, vous ne voyez pas de véritable remise en cause de la volonté populaire ?

Exactement.

On a quand même vu des retards dans le début des opérations de vote, on a vu des populations comme à Limete où les listes électorales n’avaient pas été affichées, et que ces électeurs n’ont pu voter que tardivement. Tous ces problèmes-là, quand même, ne remettent pas en cause la qualité du travail ou de l’organisation de la Commission électorale nationale indépendante, la Céni ?

Il ne faut pas considérer seulement le retard avec lequel le bureau a ouvert, il faut voir la fermeture. Il y a des bureaux où on a voté jusqu’à 23 heures. Evidemment, ce n’est pas agréable, mais tout pris en compte, nous considérons que, malgré ces irrégularités, la volonté du peuple congolais a été respectée au moins dans les urnes.

On a des cas de fraudes qui sont signalés un peu partout dans le pays, de machines à voter qui continueraient de produire des bulletins ?

Oui, nous sommes en train d’observer tout ça. Mais entre temps, nous avons des données qui nous permettront facilement de nous rendre compte si on a bourré les urnes ou pas, parce que, en toute logique, les résultats de la compilation ne peuvent pas être plus élevés de ce qu’on a observé plus ou moins.

Quand vous dites que vous êtes en mesure de dire que la volonté populaire s’est exprimée, cela veut dire que vous-même vous êtes en possession de procès-verbaux de résultats et que vous avez des indications déjà des résultats ?

Bien sûr que oui, parce qu’il y a un bon nombre de bureaux, une bonne majorité de bureaux avait affichée les résultats et les PV. Nous sommes en possession de ceux-là. Et nous sommes mieux placés par rapport au système mis en place pour nous rendre compte de la réalité du vote.

Donc vous savez par exemple qui est élu à la présidentielle ?

Je vous dis qu’il ne nous revient pas de proclamer les résultats, mais nous avons observé que le peuple congolais a fait le choix d’un candidat comme président de la République. C’est à la Céni de proclamer. Nous, nous sommes là pour observer.

Et que va-t-il se passer si la Céni proclame des résultats qui ne sont pas conformes à ceux que vous avez ?

C’est notre droit de contester.

Vous allez dire publiquement : on a les résultats sur autant de bureaux de vote, et c’est tel candidat qui va être élu ?

Quelle que soit la forme, nous allons être le plus clairs possible pour dire que c’est ça ou ce n’est pas ça.

Vous craigniez aujourd’hui d’entrer dans un rapport de force avec les autorités ?

On n’a pas à craindre un rapport de force. Chacun a sa mission. Notre mission, c’est d’observer, de rendre compte de notre observation qui est d’ailleurs une observation citoyenne. Je ne vois pas pourquoi on doit penser à un rapport de force.

Vous avez un appel particulier à la population en attendant la publication des résultats ?

Non.  Pour le moment, nous demandons à la population d’être sereine et vigilante.

Est-ce que quand même, parmi les conclusions que vous avez sur toute cette période, il y a des problèmes à signaler qui, pour vous, doivent être revus par la Céni ?

Pour le moment, ce que nous avons vivement recommandé à la Céni, à cette étape de ne tenir compte que des résultats de ceux du comptage manuel qui avaient été publiés, affichés devant les bureaux de vote et de dépouillement ; aussi de s’assurer que le contrôle de cohérence, au niveau des centres locaux de compilation des résultats,  s’effectue en présence d’observateurs et de témoins, aussi de publier les résultats bureau par bureau pour plus de clarté.

Est-ce que vous, vous avez une présence effective aujourd’hui dans les centres locaux de compilation des résultats ?

Oui, nous avons nos observateurs dans tous ces centres.

Vous serez capables de dire exactement si la compilation est conforme aux résultats que vous avez des bureaux ?

En principe, oui.

Mais est-ce que vous n’êtes pas inquiet de voir que la Céni dit, elle, aujourd’hui, après vos différentes déclarations et vos différentes rencontres, ne plus être en mesure peut-être de proclamer les résultats le dimanche 6, et dit être seulement en possession aujourd’hui de 20% des résultats compilés ?

Le plus important pour nous, c’est la procédure et l’accessibilité des témoins, des observateurs. Le reste, que ce soit un jour avant, un jour après, si c’est pour une affaire de choses qui n’est pas trop carrée.

Mais en tout cas, vous pouvez promettre qu’il n’y aura pas de négociation particulière avec le pouvoir sur ces questions ?

Négocier quoi ? Une vérité ? Nous demandons que les résultats soient respectés, qu’ils soient publiés dans la vérité, dans la justice.

Mais est-ce que le fait que cette volonté populaire soit aujourd’hui exprimée malgré tout à travers les PV, en tout cas qui sont affichés sur les bureaux de vote, n’est pas dû à la mobilisation de la population qu’on a vue à la fois très calme pendant le vote, et qui est restée très mobilisée jusqu’à l’affichage des résultats ?

Cela a beaucoup joué cette détermination à certains endroits. En fait, c’est seulement une très grande satisfaction. Nous nous rendons compte que maintenant, le plus grand travail qui a été fait à l’église, à savoir l’éducation civique, est en train de porter, c’est vraiment un motif de satisfaction. Je crois que les prochains dirigeants vont en tenir compte dans leur gouvernance. Avec ce projet-là d’éducation civique et électorale, on a touché 17,5 millions Congolais. On les a formés pour ça, mais c’est la première fois qu’ils réagissent de façon un peu plus manifeste.

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