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Revue de presse Afrique

A la Une: la Céni sous pression en RDC

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Des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) depouillent des bulletins après les élections, à Kinshasa le 30 décembre 2018.
Des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) depouillent des bulletins après les élections, à Kinshasa le 30 décembre 2018. REUTERS/Baz Ratner
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Trois jours après les élections générales en RDC, le chef de la mission d’observation de l’Union africaine, Dioncounda Traoré, a invité hier la Céni, la Commission électorale nationale indépendante, à proclamer des résultats « conformes à la volonté exprimée par le peuple congolais ».

« Dans la soirée, pointe le site d’information congolais Cas-Info, l’ancien président malien a réuni le patron de la même Céni, Corneille Nangaa, les candidats à la présidentielle et les membres de la mission d’observation de la SADC. Objectif, appeler à l’apaisement, mais aussi réitérer le même message. »

A cette occasion, relève encore Cas-Info, « plusieurs sources ont confirmé à la presse une annonce de la Céni de repousser la publication des résultats provisoires au-delà de dimanche prochain. Et ce, en raison de la faible collecte des votes dépouillés. Le président de la Céni, Corneille Nangaa, aurait lui-même fait savoir aux participants à la réunion que les centres de compilation n’avaient à ce jour reçu que 17% des bulletins dépouillés. Seulement. »

Le bâillon médiatique

En attendant, le black-out médiatique se poursuit dans le pays. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, dénoncent la coupure d’internet, de même que de nombreuses organisations de la société civile, et nombre aussi de médias, directement impactés par cette mesure. Notamment le site d’information Direct CD qui voit là « une censure qui vise violemment à bâillonner les voix, celles des Congolais, cruciales pour une démocratie certaine en RDC. »

Pour sa part, RFI affirme « regretter le retrait de l’accréditation de sa correspondante à Kinshasa, Florence Morice, qui n’a exercé que son travail de journaliste professionnelle ». RFI qui déplore aussi que « depuis mardi 1er janvier, sa diffusion en FM sur la quasi-totalité de ses émetteurs de RDC ne soit plus opérationnelle ».

Pas une première…

Bâillonner les médias et couper internet : « la nouvelle tentation des régimes africains », relève Le Monde Afrique. En effet, la RDC « n’est pas le premier pays du continent à user de cette méthode ». Et ça n’est pas non plus une première en RDC : « il y a deux ans, il en avait été de même. La veille du 19 décembre 2016, date de la fin officielle du deuxième et dernier mandat de Joseph Kabila, marquée par des violences populaires, le régime congolais avait déjà ordonné à tous les opérateurs de suspendre leurs services. »

Et Le Monde Afrique de constater que « les territoires numériques africains sont de plus en plus menacés par des régimes autoritaires pour qui l’information en ligne est difficilement contrôlable. Mi-décembre, c’est le Soudan d’Omar Al-Bachir, surpris par des manifestations d’ampleur, qui a privé son peuple d’Internet. Un exemple qui confirme que les chefs d’Etat africains sont parmi les principaux utilisateurs des blocages des télécommunications, selon le rapport “Transparency” de Facebook. A cela s’ajoute la promulgation de lois antiterroristes intégrant la cyberdimension ou prévoyant une augmentation drastique du prix des télécommunications. Car d’autres, comme l’Ouganda, ont décidé de taxer l’usage des réseaux sociaux. »

Vers un hold-up électoral ?

Pour Le Pays au Burkina, il n’y a aucun doute : « lentement mais sûrement, Kabila et ses acolytes sont en train de franchir le Rubicon. Leur attitude montre clairement qu’ils sont en train de préparer quelque chose de louche. Le pouvoir Kabila voudrait tricher sans témoin qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Et l’on ne serait pas surpris de voir Kabila faire un hold-up électoral au profit de son dauphin Ramazani Shadary. Si en plus des irrégularités constatées on en vient à couper le signal d’une radio comme RFI sur l’ensemble du territoire, c’est que le pouvoir ne veut pas que les populations sachent ce qu’il trame dans le noir. »

Enfin, dans une interview à Afrikarabia, Bienvenu Matumo, militant du mouvement citoyen la Lucha, prévient : « personne n’acceptera le résultat qui donnera Shadary vainqueur. […] La population va réagir. Il y aura des manifestations spontanées pour chasser ce pouvoir qui devait déjà partir en 2016. La Lucha, les organisations citoyennes, les partis d’opposition, l’Eglise catholique, le Comité laïc de coordination… nous avons l’obligation de nous organiser. Et ce, malgré nos divergences. On ne peut pas se permettre, conclut Bienvenu Matumo, que la Céni nous vole cette victoire. »

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