A la Une: Emmanuel Macron à l’offensive

Emmanuel Macron lors de ses vœux à la nation, le 31 décembre 2018. REUTERS

« Debout. Et à l’offensive, relève Le Parisien. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron a souhaité se montrer aux Français, lors de ses vœux pour 2019 hier soir. En premier lieu à l’égard des Gilets jaunes – qu’il ne cite pas – lorsqu’il prévient que “l’ordre républicain sera assuré sans complaisance”. Ou quand il dénonce les “manipulations”, les “intoxications” qui entament la “confiance démocratique”. Qu’elle semble loin son allocution d’il y a trois semaines, souligne Le Parisien, celle d’un président contraint de faire profil bas et de mettre reculs et milliards sur la table pour tenter d’éteindre l’incendie des “gilets jaunes”. [...] Comme si la colère qui lui a explosé au visage n’était qu’une parenthèse, le chef de l’Etat veut retenir cette leçon : “Nous ne sommes pas résignés”. Ce lundi, il a si souvent semblé dire que cette formule s’appliquait aussi à lui, qui a joué en défense face aux vagues de difficulté qui se sont succédé depuis cet été. Et qui continuent de déferler. En témoignent ces Gilets jaunes qui appellent à continuer la mobilisation. Ou l’affaire Benalla – dont il n’a dit mot – qui le poursuit comme son ombre. »

Pas de changement de cap !

La Charente Libre renchérit : « “nous ne sommes pas résignés” est donc la leçon présidentielle de 2018. Elle est résolument optimiste : “Notre pays veut bâtir un avenir meilleur reposant sur notre capacité à inventer de nouvelles manières de faire et d’être ensemble”. Emmanuel Macron a même prononcé le mot qui avait marqué ses vœux précédents, il y a un an, il y a un siècle : “renaissance”. Comme un clin d’œil signifiant qu’il ne renonce à rien. »

« Dix-neuf mois après son élection à la présidence de la République et alors qu’il vient de vivre six semaines de violente contestation, Emmanuel Macron est apparu offensif lors de ses vœux aux Français, relève également Le Monde. Comme un symbole, c’est debout que le chef de l’Etat a d’ailleurs prononcé son allocution. »

Emmanuel Macron qui ne veut pas changer de cap, pointe encore Le Monde : « au-delà de garantir “sans complaisance l’ordre républicain”, Emmanuel Macron s’est surtout engagé à poursuivre les réformes promises durant sa campagne électorale, au risque d’attiser la colère d’une partie des Français. “L’impatience que je partage ne saurait justifier aucun renoncement”, a-t-il expliqué. Comme il s’y était engagé, le chef de l’Etat a indiqué qu’il avait l’intention de “changer en profondeur les règles d’indemnisation du chômage, afin d’inciter davantage à reprendre le travail, l’organisation du service public, pour le rendre plus efficace, et notre système de retraite, pour le rende plus juste”. »

« Déterminé à mener le combat »

Libération retient également le caractère offensif des vœux du chef de l’Etat : « bousculé par une révolte qui le vise personnellement, il a parlé plus vite qu’à son habitude, accompagnant son discours d’une gestuelle volontariste. Il n’a pas jugé utile d’en passer une fois de plus par des mots de contrition, comme il l’avait fait le 10 décembre dans l’allocution qui se voulait une réponse aux revendications des gilets jaunes. On l’attendait profil bas, soucieux surtout de ne pas alimenter les colères, il s’est dit, relève Libération, “au travail”, “fier” de la France et de tous les Français et “déterminé à mener le combat”. Ce combat, il n’a pas laissé de doute sur sa nature : il s’agit bien pour lui de poursuivre dans “la ligne” de ce qui a été engagé “depuis le premier jour”. Avec “constance et détermination”, il s’agit d’inventer “un projet profondément français et européen”. »

Des vœux sans relief et sans remords ?

De son côté, Mediapart est beaucoup plus critique… « Les vœux pour rien d’un président affaibli », titre le site d’information. « Rattrapé par l’affaire Benalla et toujours malmené par le mouvement des Gilets jaunes, le président de la République a livré hier soir des vœux sans relief et sans remords. Réaffirmant sa volonté de mener ses politiques à leur terme, il a souhaité s’exprimer comme si de rien n’était. » En effet, poursuit Mediapart, « il n’a rien dit. Rien dit de plus que ce qu’il répète depuis des mois. Hier soir, Emmanuel Macron s’est prêté à l’exercice des vœux présidentiels en jouant sur la forme – il était filmé debout – à défaut d’innover sur le fond. Pendant 16 minutes, le chef de l’État a réaffirmé sa volonté de mener jusqu’au bout les “transformations” qu’il a engagées depuis le début de son quinquennat. »

Que l’on remette rapidement les pieds sur terre !

Enfin pour Sud-Ouest, cette année 2019 devra être celle du « nécessaire sursaut » : « L’impression qui domine encore ce matin est celle de l’irréalité dans laquelle nous avons dérivé ces derniers mois, pointe le journal. Irréalité vers laquelle a cheminé un pouvoir d’abord sûr de sa jeunesse, de son énergie et de sa vision, avant d’entrer en collision avec un pays prompt à la révolte dès lors qu’on l’infantilise en le privant de considération et d’une perspective partagée. [...] Irréalité, poursuit Sud-Ouest, dans laquelle baigne une société dont le seul projet est de consommer toujours plus au mépris de nos ressources et de nos portemonnaies. [...] Irréalité encore produite par le double effet d’images de poubelles en flammes, diffusées en boucle, et de prolifération sur les réseaux sociaux de fausses informations. [...] Dès lors, s’exclame Sud-Ouest, qu’espérer de 2019 ? Que l’on remette rapidement les pieds sur terre. L’orgueil des uns face à la colère des autres : ce face-à-face ne dessine pas d’autre perspective que de précipiter notre République dans les ténèbres. Participer à ce sursaut est un projet auquel adhère une majorité de Français et dans lequel les médias doivent jouer pleinement leur rôle. »