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Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une: répondre… et vite!

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Le président Emmanuel Macron (c) en face du Premier ministre Edouard Philippe lors de la réunion de crise à l'Elysée, le 2 décembre 2018.
Le président Emmanuel Macron (c) en face du Premier ministre Edouard Philippe lors de la réunion de crise à l'Elysée, le 2 décembre 2018. STEPHANE MAHE / POOL / AFP
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L’exécutif est désormais dos au mur. Face au mouvement des Gilets jaunes qui pourrait se encore se durcir et s’élargir, le gouvernement se doit de faire des propositions de sortie de crise. C’est la tonalité de la presse ce matin…

A commencer par Les Echos : « “Maître des horloges”, se définissait Emmanuel Macron. Depuis ce 1er décembre qui a embrasé Paris, l’horloge est devenue le maître. L’exécutif est dans une course contre la montre, s’exclame le quotidien économique. Casser l’escalade en cours, éviter l’agrégation des mécontentements quand des lycéens, des ambulanciers, des agriculteurs se mettent à enfiler le gilet. Le président qui détestait la pression doit désamorcer en urgence le nouveau samedi noir qui se profile. Comment ?, s’interrogent Les Echos […] Un moratoire des taxes carburants pouvait peut-être désamorcer le mouvement il y a quinze jours, il n’est plus qu’un préalable insuffisant, reconnaît l’exécutif. Les reculs qu’il hésite à concéder aujourd’hui seront peut-être largement dépassés demain. Il faut donc viser juste, estime encore le quotidien économique. Chaque jour qui passe voit se remplir le cahier des revendications et se fracturer l’assise politique. Macron court après le temps. »

En attendant, « où êtes-vous, Monsieur le Président ?, s’interroge Le Républicain Lorrain. Scrutez-vous la carte pour situer Baden-Baden (comme De Gaulle en 68…), ou cherchez-vous conseil auprès de Francis Joyon sur l’art et la manière de garder un cap ? Emmanuel Macron n’aime pas réagir sous la pression, explique son entourage. Ce qui en temps ordinaire peut passer pour une qualité devient aujourd’hui une marque de faiblesse, ou à tout le moins un aveu de profond désarroi. Pendant que le Président réserve ses marques d’affection aux forces de l’ordre, qui en ont certes bien besoin, le Premier ministre, envoyé en première ligne pour recevoir les coups, peine à trouver des interlocuteurs avec qui négocier. Et la situation s’enlise. »

Conjuguer solution et immédiateté…

Alors vers quoi s’oriente-t-on ?, s’interroge Le Figaro. « Dissolution, référendum, rétablissement de l’impôt sur la fortune, moratoire ou annulation de la hausse de la taxe sur les carburants, états généraux de la vie chère, taxe sur les intérêts et profits des banques, Grenelle de la fiscalité et de la dépense publique… La palette est large. […] “L’enjeu c’est de trouver des solutions d’immédiateté, mais le problème c’est qu’on ne sait pas conjuguer solution et immédiateté”, confie un ministre. Emmanuel Macron cherche pourtant. Hier lundi, le chef de l’État a commencé par vider son agenda. Emmanuel Macron a également annulé un rendez-vous prévu ce mardi avec des associations d’élus locaux. Il a enfin reporté son déplacement en Serbie initialement prévu pour mercredi et jeudi. Du temps pour préparer sa réponse aux Gilets jaunes et pour la présenter aux Français. » Mais, prévient Le Figaro, « l’horloge tourne. Et l’acte IV se rapproche dangereusement. »

Hier, La Croix appelait à une grande réforme fiscale. Ce matin, le quotidien catholique expose ce qui pourrait en être le premier pas, à savoir, la restauration de l’impôt sur la fortune. C’est « une des revendications les plus citées parmi toutes celles que portent les Gilets jaunes. De nombreux Français, pointe La Croix, ont le sentiment que les plus favorisés savent prendre, mais ne se préoccupent guère de donner. Les “premiers de cordée”, pour reprendre une métaphore chère à Emmanuel Macron, semblent avoir coupé ce qui les reliait au reste de la société. »

Une autre voie ?

Dans une tribune publiée par Libération, Dominique Méda, professeure d’université à Paris-Dauphine, Pascal Lokiec, professeur de droit à Paris-I et Eric Heyer, Directeur adjoint à l’Observatoire français des conjonctures économiques, exposent les racines du mal, à leurs yeux. « La colère des classes populaires et moyennes qui s’exprime aujourd’hui, affirment-ils, est le résultat de vingt ans de politiques néolibérales pendant lesquelles on a voulu nous faire croire aux marchés autorégulateurs et à la culpabilité de notre modèle social. Ce sont avec elles qu’il faut rompre. […] Une autre voie est possible, affirment les trois universitaires : une voie permettant à la fois de s’occuper du péril écologique, dont nous sommes désormais tous conscients, et de la question sociale en profondeur. Que faudrait-il faire ? Relancer au plus vite l’activité de manière sélective   et non pas la croissance qui mélange productions utiles et toxiques  , notamment en investissant massivement dans les mesures permettant d’engager notre pays dans la grande bifurcation nécessaire à la reconstruction de notre économie. » Exemple, un investissement conséquent, « au moins 20 milliards d’euros dans la rénovation thermique des bâtiments, les énergies renouvelables, l’agroécologie, ce qui nous permettrait, affirment-ils, non seulement de réduire la dépendance de notre pays par rapport à l’extérieur, mais devrait aussi être massivement créateur d’emplois. »

Le point de bascule du quinquennat

En tout cas, pour Le Monde, nous sommes à un « point de bascule du quinquennat » : « de fait, à la lumière de la crise actuelle, tous les principes qui avaient fait le succès de la campagne du candidat Macron se sont retournés pour faire apparaître la fragilité du président. L’opération commando d’alors n’est plus qu’une solitude accompagnée par une poignée de fidèles placés aux postes-clés. La page blanche sur laquelle devaient s’écrire les réformes est devenue une scène désertée que le parti présidentiel ne parvient pas à occuper. »

De plus, poursuit Le Monde, « la remise en cause des corps intermédiaires, systématiquement contournés depuis le début du quinquennat, est un handicap majeur, alors qu’ils seraient si cruciaux pour canaliser un conflit social de ce type. La modernité affichée s’est inversée en une incapacité à comprendre les nouvelles formes d’expression et de mobilisation d’un mouvement inédit. La posture régalienne s’est muée en une inaptitude de plus en plus visible à obtenir des résultats en matière de maintien de l’ordre. Le courage réformateur mis en avant se heurte à l’image de “président des riches” accolée en raison des premières décisions fiscales, notamment sur l’ISF. »

Enfin, conclut Le Monde, « un mélange continu d’arrogance et de provocation verbale a achevé de refermer le piège actuel. Il sera difficile d’en sortir sans amender en profondeur un mode de gouvernance qui n’a pour l’heure en rien interrompu le cycle délétère des détestations successives des présidents en place. Cette réforme-là est la plus exigeante de toutes : elle commence par soi-même pour parvenir enfin à convaincre les autres. »

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