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Afrique économie

Afrique du Sud [Série 2/5]: des expropriations prévues aussi en ville

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Le président Cyril Ramaphosa prévoit une vaste expropriation des propriétaires fonciers. Les terres agricoles des grands fermiers blancs sont les premières visées, mais pas seulement : ce projet, aux contours encore flous, concerne également les villes. Le reportage de notre envoyé spécial à Johannesburg, David Baché.

Le quartier de Braamfontein à Johannesburg. Le projet du président Ramaphosa prévoit des expropriations en zones urbaines.
Le quartier de Braamfontein à Johannesburg. Le projet du président Ramaphosa prévoit des expropriations en zones urbaines. RFI/David Baché
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Le projet présidentiel, ce n’est pas seulement une réforme agraire, c’est une réforme foncière. Qui concerne aussi des zones urbaines, par exemple des immeubles abandonnés ou des bidonvilles informels. Or le logement décent est une priorité pour Tokelo Nhlapo, des Economic Freedom Fighters.

Ce mouvement politique prône la nationalisation et la redistribution de ces terrains comme l’explique Tokelo Nhlapo : « Les Noirs vivent toujours dans des bidonvilles ou dans des camps de squatteurs. Si vous faites un tour dans cette province, vous verrez beaucoup de Noirs qui se trouvent un bout de terrain vide et se construisent une cabane, juste pour avoir un abri au-dessus de leur tête. La sagesse du projet d’expropriation, sous la tutelle de l’Etat, c’est que l’Etat pourrait construire des logements sociaux, même au milieu de Sandton, qui est un quartier très cher de la ville »

Des promoteurs immobiliers inquiets

Neil Gopal préside la Sapoa, l’association sud-africaine des propriétaires, qui rassemble près d’un millier de membres. S’il n’a rien contre la réquisition des immeubles insalubres, d’ailleurs déjà possible, il redoute un autre type d’expropriation : « les promoteurs immobiliers achètent des terrains vides en spéculant sur leur développement futur, ce qui peut prendre trois, cinq ou même dix ans. Certains de nos membres sont concernés. Nous avons deux investisseurs internationaux qui ont stoppé la construction d’un centre d’appel, parce qu’ils ne savent pas ce que ce projet d’expropriation va donner. Donc nous demandons au gouvernement des certitudes, plus de clarté sur ce sujet. »

Neil Gopal se veut confiant, il tente à la fois de rassurer les investisseurs et de convaincre les autorités de ne pas modifier la constitution. Mais les inquiétudes demeurent nombreuses.

Un projet flou

Nicolas Pons-Vignon est économiste et spécialiste des politiques publiques à la Wits University de Johannesburg : « potentiellement c’est n’importe quoi qui peut être touché. De la terre sur lequel se trouvent des usines, des écoles. Et la crainte des gens, c’est de dire dans un pays perçu de plus en plus comme corrompu que ça pourra donner l’occasion à ceux qui sont connectés politiquement de s’approprier les terres qu’ils veulent, un peu de manière arbitraire. Et c’est justement pour ça que c’est dur de commenter de manière plus précise parce qu’il n’y a pas de vraie proposition sur ce que sera la vraie politique. »

Les inquiétudes des grands propriétaires fonciers grandissent, ce qui donne d’ailleurs lieu à des alliances cocasses : le roi des Zoulous, qui détient personnellement près de 3 millions d’hectares de terres, demande à l’association Afriforum, qui défend les Afrikaners, descendants des colons néerlandais, de l’aider à protéger ses terres.

Afrique du Sud [Série 1/4]: l’expropriation des agriculteurs blancs

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