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Afrique économie

Afrique du Sud [Série 1/5]: l’expropriation des agriculteurs blancs

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Début aujourd’hui dans Afrique économie d’une série de reportages consacrée à l’Afrique du Sud. Une économie émergente en grande difficulté -le pays est entré en récession depuis le mois de septembre- et vit un tournant politique depuis l’arrivée au pouvoir du président Cyril Ramaphosa, il y a moins d’un an, c’était en février dernier. Tout au long de la semaine, nous vous parlerons de la stratégie sud-africaine pour attirer les investissements, du chômage endémique dans le pays, mais pour commencer on s’intéresse à un projet présidentiel potentiellement explosif : l’expropriation, sans compensation, des agriculteurs blancs.

24 ans après la fin de l’apartheid, la minorité blanche, moins de 10% des Sud-Africains, détient toujours les trois quarts des terres du pays.
24 ans après la fin de l’apartheid, la minorité blanche, moins de 10% des Sud-Africains, détient toujours les trois quarts des terres du pays. ©MIKE HUTCHINGS/REUTERS
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Le président sud-africain Cyril Ramaphosa l’a annoncé pendant l’été, à la télé : il veut modifier la Constitution, afin d’exproprier, sans les indemniser, les propriétaires de terres. La cible, ce sont les grands fermiers blancs : 24 ans après la fin de l’apartheid, la minorité blanche, moins de 10% des Sud-Africains, détient toujours les trois quarts des terres du pays -les chiffres varient, mais assez insensiblement, selon les sources-.

Tokelo Nhlapo est membre des Economic Freedom Fighters, mouvement politique qui entend replacer les Sud-Africains noirs au cœur de l’économie nationale. L’expropriation des propriétaires blancs, sans indemnisation, est pour lui une question de justice historique.

« Les Noirs ont été expulsés, par la force, de là où ils vivaient. Leurs terres ont été volées, par les armes et par la loi. Aujourd'hui encore, la majorité des Noirs n'a pas de terre pour cultiver ou pour construire sa maison. La Constitution actuelle, sous sa forme actuelle, garantit les droits d'une minorité à continuer de détenir des terres acquises de manière immorale. »

Benedict Hall est blanche. Elle possède 113 hectares près de Fochville, à une centaine de kilomètres de Johannesburg, où elle élève des vaches, des porcs et des moutons. Cette terre, elle l’a rachetée à son beau-père, fermier blanc lui aussi. Farouchement opposée au projet d’expropriation envisagé par le Président sud-africain, elle aussi parle de justice.

Mrs Hall va se battre : « Je suis née et j'ai grandi en Afrique du Sud. Ma famille est ici depuis les années 1820 ! Comment pouvez-vous prendre quelque chose qui ne vous appartient pas ? J'ai acheté ma ferme légalement, je l'ai payée, j'ai les actes de propriété. J'ai travaillé dur pour cette ferme, si je dois me battre, je me battrai. Si je dois prendre les armes pour la protéger je le ferai, si je dois lancer une procédure judiciaire, je le ferai. Mais je ne vais clairement pas rester sans rien faire. Nous sommes quelques fermiers à penser la même chose, quoiqu'il arrive nous ferons ce qu'il faut. »

Afriforum est une association de défense des agriculteurs afrikaners, descendants des colons néerlandais. Ian Cameron, un cadre d’Afriforum, met en avant le risque économique que représente le projet d’expropriation.

« Rien que cette année, la valeur des propriétés a baissé de plus de 30%. Depuis que le président Ramaphosa a fait son annonce. Ça a déjà un impact énorme sur l'économie sud-africaine. Il est évident que la production alimentaire va être sérieusement affectée. Je ne vois pas d'avenir durable dans un pays où les droits de propriété ne sont pas respectés. La plupart des grandes fermes commerciales qui marchent appartiennent à des Blancs en Afrique du Sud. »

Certains craignent un scénario à la zimbabwéenne, où la réforme agraire a entraîné l’assassinat de fermiers blancs. Épouvantail pour les uns, menace réelle pour les autres, les fermiers blancs sont déjà la cible, chaque année, de plusieurs centaines d’attaques.

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