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Afrique économie

Développement en Afrique: les Européens contrôlent-ils suffisamment leurs projets?

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Suite du sujet consacré à l'entreprise Feronia, accusée par neuf communautés villageoises d'accaparement de terre. L'entreprise canadienne d'agrobusiness illustre la difficulté qu'ont les agences européennes en charge du développement à contrôler les projets qu'ils soutiennent ou financent. Les montages financiers de plus en plus complexes diluent la responsabilité, estiment certaines ONG qui réclament davantage de vigilance.

En 2009, Feronia, l'entreprise canadienne d'agrobusiness, rachète à Unilever, ses plantations congolaises, 100 000 hectares de palmiers à huile.
En 2009, Feronia, l'entreprise canadienne d'agrobusiness, rachète à Unilever, ses plantations congolaises, 100 000 hectares de palmiers à huile. © UICN/Nicolas Salaün
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En six ans, Feronia a levé 200 millions de dollars grâce aux institutions de financement du développement comme la française AFD-Proparco, la DEG allemande ou la CDC anglaise. Pourtant, Feronia est accusé par des ONG de ne pas respecter les droits des travailleurs et ceux des communautés villageoises dans ses plantations du Congo. Les agences de développement sont-elles suffisamment vigilantes ? C'est la question que pose Maureen Jorand, de l'ONG CCFD-Terre solidaire : « L'AFD-Proparco est une agence qui s'est engagée à ne pas financer des projets qui génèrent des accaparements de terre. Mais quand on va projet par projet, on s'aperçoit que tous ces cadres et ces règles ne sont pas automatiquement appliqués sur les projets. Et par exemple, si l'on avait eu une attention particulière sur le foncier dans ce projet [le projet Feronia], on aurait bien vu qu'il y a une contestation depuis plusieurs dizaines d'années années sur les plantations qui sont ciblées par le projet. »

Pierre Forestier, le directeur en charge du développement durable chez Proparco, affirme que c'est à la demande de ses partenaires que Feronia a mis en place un plan d'action de plusieurs millions de dollars par an, pour améliorer la vie des travailleurs et des populations locales : « Il y a un comité qui est chargé de la mise en place de ce plan d'action sur les questions environnementales et de responsabilité sociale qui est très proche de l'entreprise. Il y a un directeur au sein de l'entreprise qui est en charge de ces questions, et ce comité a pour fonction, en mobilisant des experts et des auditeurs, de regarder comment il est déployé. Et évidemment pour constater des manquements et des retards, s'il y en a, mais aussi des avancées. On a derrière un dispositif qui nous permet d'être le plus proche de la réalité sur le terrain. »

Si des mécanismes ont été mis en place pour contrôler l'utilisation des fonds, ils sont encore trop laxistes jugent les ONG. Ce n'est pas l'avis de Feronia. Xavier de Carnière, PDG de l'entreprise : « Je pense que nous sommes la société la plus auditée du monde. D'une part parce que nous sommes au Congo, qui souffre d'une réputation de corruption énorme, et d'autre part parce que nous avons quatre pays européens impliqués dans notre financement et que ces pays sont soumis à une pression politique énorme pour la bonne utilisation de leurs fonds. Donc, on est très souvent dans des situations où l'on doit prouver que nous ne faisons "pas" certaines choses. Ce qui est toujours très compliqué et malheureusement assez coûteux. »

Depuis quelques années, les agences de développement s'appuient sur la finance pour démultiplier leurs projets en Afrique. Sans doute efficace pour des projets industriels, mais la question est de savoir comment concilier les exigences de développement des institutions européennes, et celles de rentabilité du secteur financier privé.

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