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Bonjour l'Europe

Yandex, le géant de l'Internet russe en pleine zone de turbulences

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En fin de semaine dernière, le titre de Yandex, l’équivalent russe de Google, a perdu en deux jours, près de 20% de sa valeur à la Bourse de Moscou, soit plus d’un milliard de dollars de valorisation. Il se murmure en effet que Sberbank, la plus grande banque russe propriété de l’Etat souhaiterait s’accaparer 30% du capital du géant russe de l’Internet pour constituer une minorité de blocage. Ce qui visiblement déplaît aux investisseurs qui se délestent du titre.

Le bureau central de «Yandex», le géant de l'Internet russe, la nuit à Moscou.
Le bureau central de «Yandex», le géant de l'Internet russe, la nuit à Moscou. Ralf Smallkaa/wikimedia.org
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De notre correspondant à Moscou,

Tout d’abord, pour planter le décor, qu’est-ce que c'est Yandex et que représente cette entreprise en Russie ?

Yandex, c’est à l’origine un moteur de recherche, très similaire à Google, mais qui bénéficie d’un avantage important sur son concurrent américain en Russie : ses algorithmes sont plus efficaces que ceux de Google pour ce qui est de la recherche en langue russe. Cela lui vaut donc d’avoir en Russie des parts de marché supérieures au géant américain, et du même coup la main sur la manne publicitaire.

Tout comme Google, Yandex a diversifié ses activités, offre des services comme un comparateur de prix, mais aussi des taxis sur le même principe qu’Uber, un service de commande et de livraison de repas et la plus importante plateforme de paiement électronique de Russie. Un dynamisme qui lui vaut la réputation d’être une entreprise branchée, sachant valoriser… récompenser le travail et la créativité de ses collaborateurs tout en offrant un cadre de travail fun, si l’on peut dire, avec hamac, billard, salle de relaxation, coin cuisine ou sport, etc.

Mais d’où proviennent les problèmes de la société ? A vous entendre, elle incarne la modernité du XXIe siècle en Russie, le dynamisme que peut offrir le secteur privé mais pourtant les investisseurs semblent s’en détourner.

Et bien c’est que les milieux d’affaires bruissent de rumeurs persistantes. Plusieurs services semblent poser problème aux autorités, plus précisément Yandex News qui agrège tous les contenus d’information mais aussi Yandex Zen, un service qui propose un flux personnalisé d’informations en fonction des goûts individuels. Comme une source l’indique au quotidien Vedomosti, des discussions importantes se seraient déroulées en haut lieu et il en serait ressorti que les autorités n’ont pas la possibilité de contrôler l’importante activité média du groupe. Elles chercheraient donc à trouver un moyen de superviser ces activités.

C’est là qu’intervient Sberbank, la plus grande banque de Russie contrôlée par l’Etat ?

Exactement. Yandex et Sberbank ont déjà des relations d’affaires. Sberbank possède en effet 75% de la plateforme de paiement électronique YandexMoney et c’est ensemble que les deux entités travaillent à la création d’un Amazon russe qui est déjà en phase de tests. Mais depuis la semaine dernière, il se murmure que Sberbank négocierait le rachat de 30% du capital de Yandex, d’où la dégringolade du titre sur les marchés malgré les démentis de Sberbank. Aux yeux des autorités, l’option est attrayante car Yandex ne passerait pas directement sous le contrôle de l’Etat. Mais elle n’est pas optimale non plus, comme le prouve l’évolution négative du titre du géant russe de la tech.

Les investisseurs se souviennent de la prise de contrôle par un oligarque proche de Vladimir Poutine du réseau social Vkontakte, l’équivalent russe de Facebook, qui s’était soldée par le départ de son fondateur qui ne partageait pas la vision de son actionnaire majoritaire. En tentant de mieux contrôler Yandex, les autorités risquent de faire fuir les responsables clés portés par la philosophie, les valeurs et la liberté dont ils bénéficient, dans une activité où la ressource principale est le capital humain. Si d’aventure, Yandex devait perdre des parts de marché, Google, l’actuel numéro deux, prendra vraisemblablement la place de leader et les autorités russes resteront confrontées au même problème : celui du contrôle la circulation de l’information.

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