Le temps presse pour finaliser un accord sur les conditions du départ britannique de l'Union européenne prévu le 29 mars prochain et les négociateurs espéraient que lors de ce sommet de Bruxelles, présenté comme l’heure de vérité, suffisamment de progrès auraient été accomplis pour convoquer un sommet spécial en novembre afin de conclure ce divorce et énoncer les grandes lignes de la relation future entre Londres et les 27. Or rien n’est moins sûr désormais car entretemps les négociations se sont sérieusement enrayées sur la question de la frontière irlandaise.
de notre correspondante à Londres,
Ce point reste le principal point de blocage alors qu’une grande partie de l’accord de retrait a été réglée, notamment les droits des expatriés de chaque côté de la Manche, le règlement financier du divorce et une période de transition jusqu’à fin 2020... Le Royaume Uni et le bloc européen sont d’accord pour éviter le retour d’une frontière physique entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande, membre de l’Union européenne, afin de respecter et protéger les accords de paix de 1998 qui avaient mis fin à trente ans de violences. Mais Londres et Bruxelles n’arrivent pas à s’entendre sur la solution et en attendant tentent de tomber d’accord sur un filet de sécurité qui s’appliquerait en dernier ressort si aucun accord ou solution technologique ne parvient à conserver la fluidité des échanges entre Dublin et Belfast d’ici fin 2020.
Le fameux « backstop » qui pose tant de problèmes
Les 27 ont proposé que l’Irlande du Nord reste dans l’union douanière et une grande partie du marché unique, mais Londres refuse cette solution qui instaurerait des contrôles en mer d’Irlande et créérait une frontière entre le Royaume-Uni et sa province nord-irlandaise. A la place, Theresa May propose un backstop qui permettrait à l’ensemble du Royaume-Uni de rester dans l’union douanière pendant une période limitée après 2020. Or Bruxelles ne veut pas que ce soit temporaire. Et ce n’est pas le seul blocage : les brexiters conservateurs craignent qu’un backstop maintienne indéfiniment le Royaume Uni prisonnier du giron européen. Quant aux unionistes nord-irlandais du DUP, dont le soutien est indispensable à Theresa May au Parlement, il est pour eux absolument inacceptable de séparer de quelque manière que ce soit leur province du reste du royaume. Pour empêcher Theresa May d’accepter le moindre compromis, ils ont même menacé de lui retirer leur soutien par exemple en votant contre le prochain budget dans quelques jours, ce qui pourrait faire chuter le gouvernement…
Dans cette situation, que peut-on attendre de ce sommet à Bruxelles ?
Les deux parties ont annoncé avoir mis en pause les négociations jusqu’à ce mercredi soir pour tenter de faire retomber la pression après l’échec des pourparlers le week-end dernier. La dirigeante britannique a réuni son cabinet hier, mardi, pour s’assurer du soutien de ses ministres au milieu de rumeurs de démissions. Pour le moment, elle garde leur confiance après avoir décidé de ne pas leur présenter une nouvelle proposition ferme sur le Brexit et la frontière irlandaise. Une manœuvre dilatoire qui est une de ses tactiques favorites quand elle est en difficulté et qu’elle emploie également depuis plus de deux ans face aux européens. L’objectif de Theresa May semble de tenter de convaincre les leaders des 27 d’abandonner leur proposition controversée de backstop et de repousser la finalisation d’un accord au mois de novembre. Mais l’UE semble à bout de patience: Donald Tusk, le président du Conseil européen n’a pas caché son pessimisme. Il demande à Theresa May de nouvelles propositions « créative et concrètes » pour sortir de l’impasse et estime la possibilité d’un « no deal », une sortie sans accord, plus réelle que jamais…
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