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Le grand invité Afrique

RCA: «Notre processus de paix doit être soutenu par l'ensemble de la communauté internationale»

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« N’oubliez pas la République centrafricaine », a dit en substance Faustin-Archange Touadéra hier, jeudi, à la tribune du 17e sommet de l’OIF. Le président centrafricain a plaidé pour un soutien politique et financier de la communauté internationale à son pays. A la sortie de la cérémonie d’hier, il s’est exprimé aussi sur la présence russe à Bangui et sur sa querelle présumée avec Karim Meckassoua. Faustin-Archange Touadéra répond aux questions de Christophe Boisbouvier.

Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, interviewé par Christophe Boisbouvier à Erevan, le 11 octobre 2018, après son discours à la tribune du sommet de la Francophonie.
Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, interviewé par Christophe Boisbouvier à Erevan, le 11 octobre 2018, après son discours à la tribune du sommet de la Francophonie. RFI/Romain Ferré
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RFI : Vous avez fait un discours en axant sur la communauté internationale et ce qu’elle peut apporter pour la paix dans notre pays. C’est-à-dire ?

Faustin-Archange Touadéra : Comme vous le savez, depuis fin 2012, la République centrafricaine a traversé des moments très difficiles. De mémoire de Centrafricains, on n’a pas connu ça. Maintenant, le peuple centrafricain a montré sa capacité de résilience grâce au soutien de la communauté internationale, dont l’Organisation de la Francophonie. Aujourd’hui, nous sommes dans un processus de paix avec des problèmes de réconciliation entre le gouvernement et les groupes armés, sous l’initiative de l’Union africaine. Notre vision, c’est que ce processus doit être soutenu par l’ensemble de la communauté internationale. Donc mon appel, c’était que la communauté internationale doit se mobiliser pour soutenir la discussion qu’il y a entre le gouvernement et les groupes armés, qu’il n’y a pas d’autre voie que la réconciliation. Maintenant, il y a d’autres aspects, c’est aussi le développement, le relèvement parce que, pendant cette crise, des écoles, des dispensaires, beaucoup de structures qui pouvaient apporter un soutien à la population, ces structures ont été détruites. Donc il nous faut, on a un programme, une stratégie, le RCPCA [Plan national de relèvement et consolidation de la paix en RCA], et nous demandons que des partenaires se mobilisent autour de cette stratégie pour nous aider. Donc mon appel, c’était mobiliser la communauté internationale, notamment la communauté francophone autour de la République centrafricaine.

Dans votre discours, vous avez dit que les 14 groupes armés acceptaient d’entrer dans ce dialogue avec l’Union africaine. Etes-vous sûr de leur bonne foi ? Ne craignez-vous pas qu’il y ait un double langage comme il y a beaucoup eu dans le passé ?

Il y a eu des réunions préliminaires avec le panel où tous les groupes ont participé. J’espère, comme vous le dites, j’espère que ça c’est une dernière fois que nous puissions aller véritablement vers la paix, et que mes compatriotes doivent comprendre que le peuple centrafricain a beaucoup souffert et qu’il est temps que nous puissions aller autour de la table pour que paix revienne définitivement. J’espère que cette fois-ci, c’est la bonne. Comme vous l’avez mentionné, il y a eu beaucoup de rendez-vous manqués. J’espère que ce sera la dernière fois et j’invite mes compatriotes des groupes armés à entendre raison, à saisir la main tendue que je leur ai toujours donnée pour qu’on retrouve la paix une bonne fois pour toutes.

Et cette initiative russe pour une réunion à Khartoum, pourquoi n’y avez-vous pas donné suite ?

Cette initiative a été, comment dirais-je, le Soudan et la Fédération de Russie ont voulu apporter un soutien tout simplement. Mais ce n’est pas une initiative parallèle. Et cela a été réaffirmé aussi bien par le ministre des Affaires étrangères du Soudan que par le représentant de la Fédération de Russie, par toute la communauté internationale. Aujourd’hui, il ne s’agit pas de plusieurs initiatives, mais de la contribution, plutôt du Soudan, pour renforcer cette initiative. Cela va aider à la réconciliation et, vraiment, à cet accord de paix.

Que répondez-vous à ceux qui s’inquiètent de la trop grande présence russe dans votre pays ?

La présence des Russes est liée au fait que la Fédération de Russie a bien voulu nous donner gracieusement des armes pour aider à soutenir nos forces de défense et de sécurité qui en étaient vraiment démunies. Et je crois que la place est à tout le monde. La République centrafricaine a des problèmes, a des difficultés et nous demandons à tous les amis de la République centrafricaine de venir l’aider. Il y a de la place pour tout le monde. Il y a beaucoup de défis en République centrafricaine que de nous limiter à cela. C’est un partenaire, d’ailleurs la Fédération de Russie, ce n’est pas la première fois. C’est depuis les années 60 qu’il y a eu la coopération avec la Fédération de Russie. Ce n’est pas aujourd’hui. Donc c’est un soutien que la Fédération de Russie apporte à la République centrafricaine pour la restructuration de ses forces armées, pour aider à une montée en puissance, pour permettre à ces forces armées d’assurer la protection de la population, d’assurer la protection de nos institutions. Non, je pense qu’on soulève beaucoup de questions, mais j’invite tous nos partenaires, nos amis, ceux qui veulent nous aider, de venir soutenir la République centrafricaine. Nous sommes très loin de ces préoccupations géostratégiques et autres. C’est la stabilité, c’est de limiter et de lutter contre la violence. Il y a eu des viols, des tueries. C’est de mettre fin à cela. Et nous invitons nos partenaires à revenir nous appuyer.

Beaucoup s’inquiètent d’une querelle à Bangui entre le président de l’Assemblée, Karim Meckassoua, et vous-même…

Il n’y a pas de querelles en ce qui me concerne. Je suis le président de la République, garant des institutions. Donc je suis là pour le bon fonctionnement de toutes les institutions. D’après la Constitution, j’avais une année pour mettre en place ces institutions, c’est ce que j’ai fait. Et notre République, elle est nouvelle. Et donc c’est cette nouvelle République, on doit la mettre en place. Les institutions doivent fonctionner. Ce qui se passe, je pense qu’il y a des problèmes internes au niveau de l’Assemblée nationale. C’est à ce niveau qu’il faut résoudre. Nous on veut la paix. Le président de la République travaille pour qu’il y ait paix. Il n’y a pas de discordance, non. Il n’y a pas de confusion de rôle.

Vous ne voulez pas faire tomber Karim Meckassoua de son perchoir ?

Non.

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