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Aujourd'hui l'économie, le portrait

Louis Camilleri, patron détonnant de Ferrari

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Intronisé dans l’urgence à la tête du constructeur automobile italien, Louis Camilleri est un homme qui brille par... sa discrétion ! A l’heure de présenter son plan stratégique pour la marque prestigieuse, il affiche un parcours qui tranche avec ses illustres prédécesseurs.

Le logo légendaire de Ferrari.
Le logo légendaire de Ferrari. AFP/Saeed Khan
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C’est l’homme que l’on n’attendait pas. Louis Camilleri, 63 ans, est apparu au mois de juillet, lorsqu’il a fallu remplacer au pied levé Sergio Marchionne, président de Ferrari depuis 2004, décédé brutalement. Présenté comme une légende de l’automobile, cet Italo-Canadien avait su sauver la marque de voitures de luxe et l’alliance Fiat-Chrysler. Son successeur lui a d’ailleurs rendu hommage à sa manière au siège historique de Maranello (Italie) en préambule à la présentation du plan stratégique de Ferrari : « Il y a deux mois, j’avais prévu d’être dans la salle avec vous pour écouter Sergio. Mais la vie est ainsi, c’est moi qui vous parle. Je sais qu’il est là-haut, en train de nous sourire. »

Ambiance d’enterrement

De fait, Louis Camilleri n’était que très peu connu des amateurs de belles voitures, avec une personnalité très différente. « Marchionne était quelqu’un d’assez volubile et expansif, comme un vrai italien », explique Julien Dupont-Calbo, spécialiste de l’automobile au journal Les Echos, et qui a assisté à cette première grande apparition publique. « Louis Camilleri est beaucoup plus froid. L’ambiance était assez morne, une ambiance d’enterrement… » Un changement total de style, comparé aux dirigeants historiques de Ferrari : le très charismatique Luca di Montezemolo et plus encore le fondateur en 1947, Enzo Ferrari surnommé Il Commendatore (« le commandeur »), ancien pilote de course.

Succès dans la cigarette

Louis Camilleri a d’autres atouts, à commencer par son parcours personnel, très international. De nationalité américaine, il est né au Caire en Egypte de parents d’origine maltaise, il a passé son bac en Angleterre, fait ses études en Suisse, avant de faire carrière chez un grand fabricant de cigarettes aux Etats-Unis, Philip Morris. C’est là qu’il a commencé à côtoyer Ferrari, Philip Morris étant un des sponsors historiques de la Scuderia, l’écurie de Formule 1 qui a fait la légende de l’entreprise, grâce à des pilotes tels qu’Alberto Ascari, Gilles Villeneuve, Niki Lauda, Alain Prost ou Michael Schumacher. Bien que collectionneur des voitures de la marque au cheval cabré (« cavallino rampante »), Louis Camilleri n’est pas issu du monde automobile. Sa nomination a donc surpris les spécialistes du secteur. « Il faut bien comprendre que Ferrari est une entreprise assez spéciale dans l’univers de l’automobile », relativise Julien Dupont-Calbo. « Sur les marchés, on la considère plutôt comme une marque de luxe, comme LVMH ou Kering. » Son entrée sur les marchés financiers en 2015 est un succès, avec une capitalisation autour des 25 milliards de dollars.

Electrique et nostalgie

La stratégie de Louis Camilleri pour les prochaines années ? A double détente. D’abord augmenter légèrement les ventes en nombre de véhicules. Mais pas trop, pour garder le côté exclusif de la marque, avec des véhicules toujours plus chers, toujours plus personnalisés pour les clients les plus riches. 15 nouveaux modèles doivent être lancés dans les 4 années à venir, avec l’objectif de faire grimper le chiffre d’affaires à près de 5 milliards d’euros. « Le problème », explique Julien Dupont-Calbo, « est que si Ferrari vend plus de 10 000 voitures par an, la réglementation européenne sur les émissions de CO2 sera plus stricte. ». D’où sans doute l’annonce par Louis Camilleri d’un virage écologique pour Ferrari : « D’ici à 2022 », a précisé le nouveau patron, « près de 60% des modèles seront construits autour de moteurs hybrides », afin de « respecter les exigences en termes de régulation ». Mais le constructeur de Maranello n’oublie pas le passé avec des séries limitées : un nouveau concept baptisé Icona (icône en italien). Des bolides sans toit, inspirés des années 50, l’âge d’or des voitures de course.

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