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Revue de presse des hebdomadaires français

A la Une: la France reconnaît sa responsabilité dans la mort de Maurice Audin

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Le président Emmanuel Macron en compagnie de Michèle Audin, fille de Maurice Audin, à Bagnolet, le 13 septembre 2018.
Le président Emmanuel Macron en compagnie de Michèle Audin, fille de Maurice Audin, à Bagnolet, le 13 septembre 2018. Thomas SAMSON / AFP
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Le mathématicien et militant indépendantiste est mort sous la torture de militaires français a reconnu le chef de l’Etat en rendant visite à sa veuve. « Une salutaire reconnaissance » selon Libération qui « va au-delà du cas individuel de Maurice Audin […] Emmanuel Macron dénonce aussi l’usage systématique de la torture en Algérie par l’armée française. »

Selon Mediapart « trop longtemps la vérité de la guerre d’Algérie fut officiellement niée, étouffée ou dissimulée […] la voici enfin assumée. »
Pour Le Monde, « la décision est historique et pourrait être à Emmanuel Macron ce que le [discours du] Vel d’Hiv en 1995 (la reconnaissance du rôle de l’Etat dans la déportation des Juifs de France durant la seconde guerre mondiale) fut à Jacques Chirac. »

Le président « entend se poser en briseur d’un douloureux tabou mémoriel de notre histoire contemporaine », juge Le Parisien, alors que L’Humanité estime qu’il s’agit d’une « victoire pour toutes les victimes et les traumatisés du dernier grand conflit colonial de la France. »

Mais selon Le Monde c’est aussi une pierre posée pour construire l’avenir : « Emmanuel Macron estime devoir le faire non seulement parce que la guerre d’Algérie a profondément fracturé les deux sociétés mais parce que la chape de plomb mise sur les scènes de torture impliquant l’armée française et, in fine l’Etat français, nourrit le ressentiment et empêche l’intégration des populations issues des anciennes colonies. »

Mais ce sujet divise la presse française

Pour Le Figaro, « Emmanuel Macron a pris le risque de rouvrir un dossier tragique de la guerre d’Algérie : à la terreur instaurée par le FLN, l’armée française répondit par une répression implacable. »

Même tonalité du côté du Télégramme toujours pas remis des déclarations d’Emmanuel Macron durant sa visite en Algérie alors qu’il était candidat à la présidentielle : « Il s'était complaisamment aventuré à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité ", se lamente le quotidien régional,entretenant cette détestable propension à la repentance à laquelle succombent parfois les dirigeants français. »

L’Alsace de son côté est sceptique : « La déclassification des archives devrait permettre de faire la lumière sur de nombreux événements de la guerre d'Algérie. Un conflit armé qu'il ne faut pas aborder de manière binaire. Tout aussi grave serait d'examiner les faits à l'aune du XXIe siècle et d'un contexte totalement différent. »

Libération répond point par point à ces plaintes : « La "repentance" qu’on déplore, outre qu’elle consiste essentiellement à reconnaître la vérité, s’accompagne de distinctions claires entre responsables, entre citoyens, tout comme du rappel des crimes commis par l’autre partie », argumente le quotidien, qui aux accusations d’anachronisme explique que « ce serait considérer que la République n’a pas de mémoire, que son héritage n’existe pas, en bien comme en mal, que chaque génération doit être oublieuse des erreurs de la précédente […] Si la République est solide et digne d’adhésion, elle peut assumer son héritage et, pour en tirer des leçons aujourd’hui, supporter la vérité. »

Et Le Parisien d’estimer que les mots du président « sonnent juste et qu’ils ouvrent la voie à un travail de vérité historique, pas à une nouvelle polémique idéologique. »

Un autre sujet qui ne fait pas l’unanimité : le plan pauvreté

« La somme dégagée (8 milliards d’euros) n’est pas à la hauteur » selon Libération pour qui le président français a beau « tendre la main gauche […] certains ont un sac de pierres sur le dos et pour l’alléger, il faut une société moins inégale. »

Alors pourquoi un tel scepticisme ? Dans les colonnes du Monde, le sociologue Nicolas Duvoux explique que « les mesures originales » proposées par le chef de l’Etat, le revenu universel d’activité, la multiplication des places en crèche et plus largement la lutte contre le déterminisme social dès l’enfance, ont beau être sur le papier assez positives, « elles risquent d’être réduites voire annulées par les choix économiques et politiques pris par Emmanuel Macron » et de citer par exemple la déréglementation du marché du travail. »

« Les mesures présentées sont intéressantes » juge de son côté La Croix, « mais seront-elles mise en application avec toute l’intelligence nécessaire ? Seul le temps permettra de répondre à la question ». Le quotidien catholique se félicite en tout cas de la philosophie du projet et de l’appel d’Emmanuel Macron à ne pas oublier les « derniers de cordées » : « une invitation bienvenue mais qui gagnerait à être plus pressante » juge toutefois le journal rappelant que la suppression de l’impôt sur la fortune mobilière a détourné les Français les plus riches des dons aux associations, synonymes d’allègements fiscaux.

Un pas vers la gauche qu’a fait le président français selon la presse

« Et il n'a laissé à personne d'autre le soin de s'en charger » souligne La Montagne, « c'est préférable quand on veut se débarrasser d'une étiquette de " président des riches ". Fini le peu empathique " pognon de dingue ". Comme touché par la grâce d'une révélation, Emmanuel Macron parle à présent de " scandale de la pauvreté. »

L’Opinion verse également quelque peu dans l’ironie : « Qui a dit qu'Emmanuel Macron était un président de droite ? (Il a offert hier) des milliards d'euros, des réformes touchant la vie quotidienne et l'aide aux plus démunis, et un discours spécial "dernier de cordée" avec ce qu'il faut de bons sentiments et de séquences émotion. »

Les Echos jugent de leur côté qu’Emmanuel Macron tente de « renouer avec la démarche qui était la sienne dans la campagne présidentielle » avec la « ruse » qu’est le revenu universel d’activité qui « puise à gauche dans le terme et à droite dans la fusion des minimas sociaux. »

Mais il faudra se montrer convaincant selon La Nouvelle République du Centre « les associations ayant toujours peur qu’Emmanuel Macron n’agisse au final en prestidigitateur social. »

Une piste de financement avec la boutique de l’Elysée

Alors pour l’instant c’est ce que nous explique Le Figaro, « les sommes récoltées seront versées à l’entretien et la restauration du Palais de l’Elysée et des résidences présidentielles. »

Mais pourquoi pas ? Nul doute en effet que les t-shirts floqués Parce que c’est notre projet, Poudre de Perlimpimpin et autre Croquignolesque ont vocation à rencontrer un large succès.

« Un trait d’humour très assumé » explique l’Elysée dans les colonnes du Parisien, décidé à montrer que la présidence ne craint pas « l’autodérision ».

La LOL présidence donc qui lorgne du côté du magasin de souvenirs de la Maison Blanche, un succès non démenti depuis 1946, explique Le Parisien.

En France, ce sera pour l’instant une boutique en ligne et le nombre de références est plus modeste, mais il y en pour toutes les bourses explique Le Figaro des bracelets en or 14 carats gravés de la devise française Liberté Egalité Fraternité, 250 euros, jusqu’aux stylos tricolores à 3 euros. Il y aura même des macarons bleu blanc rouge du célèbre pâtissier Pierre Hermé.

« L’idée est de vendre le plus possible » rapporte Le Parisien et en bon représentant de la start-up nation, l’Elysée envisage des éditions limitées, pour les fêtes de fin d’année par exemple. En quoi cela pourrait-il consister : pas d’hypothèses dans la presse. Je mise à titre personnel sur le mug EmmaNoël Macron ou sur le t-shirt « les cadeaux ça coûte un pognon de dingue ».

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