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Le monde en questions

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban enfin menacé par l’Union européenne

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Comme chaque vendredi, nous retrouvons la chronique de Bruno Daroux, « Le Monde en Questions ». Vous revenez cette semaine sur la décision du Parlement européen de recommander le déclenchement de sanctions contre le Premier ministre hongrois Viktor Orban, pour non-respect de l’état de droit. Et la question que vous posez est la suivante : « Avec ce vote, l'Union européenne a-t-elle retrouvé un peu de son honneur perdu ? »

Le premier ministre hongrois, Viktor Orban au Parlement européen de Strasbourg, le 11 septembre 2018.
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban au Parlement européen de Strasbourg, le 11 septembre 2018. ©REUTERS/Vincent Kessler
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Et bien on peut dire que oui.

C’est la première fois que, à une très large majorité, le Parlement européen propose au Conseil européen de sanctionner un des 28 états membres, en défense des valeurs fondatrices de l'Union européenne - l'état de droit, et donc la liberté de conscience, la liberté de la presse, le respect des opposants et des ONG, et une attitude ouverte sur l'extérieur.

Des valeurs de moins en moins respectées depuis 2010 par la Hongrie, sous la férule autoritaire et xénophobe de son Premier ministre, Viktor Orban, qui fait régulièrement un bras d'honneur à ces valeurs, tout en bénéficiant des fonds structurels européens, qui représentent tout de même plus de 4% de son PIB - ce qui n'est pas rien.

En huit ans, Monsieur Orban a fait adopter des lois en contradiction avec les valeurs de l'Union. Alors ce fut d’abord l’embarras au sein du club policé de Bruxelles.

Et puis survient la crise migratoire de 2015. Viktor Orban, au nom de la défense des valeurs de l'Europe chrétienne et par crainte du terrorisme - les migrants syriens, afghans ou érythréens étant tous assimilés à de dangereux jihadistes, décide d'ériger un mur à ses frontières pour stopper ce danger.

Certains États s'en émeuvent, d'autres - la Pologne, l'Autriche, la Slovaquie, ou plus récemment l'Italie, approuvent peu ou prou cette triste initiative.

Mais, quand même et peu à peu, l'idée de déclencher contre Budapest l'article 7 du Traité de Lisbonne fait son chemin. Cet article prévoit la suspension du droit de vote d’un État qui représente une menace systémique contre les valeurs de l'UE. 

Le vote du 12 septembre au Parlement européen à Strasbourg.

L'affaire n'était pas gagnée : il fallait en effet une majorité des deux tiers pour faire adopter la recommandation de déclenchement de l'article 7. Elle fut votée haut la main, grâce au vote de la moitié des membres du PPE (le Parti populaire européen) en faveur de l'adoption. Or cette formation de droite est la plus importante, et surtout elle abrite en son sein la formation de Monsieur Orban, le Fidezj.

Un PPE divisé mais qui ne va pas pour l'instant jusqu'à exclure le Fidezj de ses rangs. Même si le président du PPE Manfred Weber, qui brigue la succession de Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne, a voté pour l'article 7. Désignant donc Viktor Orban comme étant classées à l’extrême droite.

Alors que peut-il sortir de ce vote ?

Essentiellement un signal fort envoyé à Budapest - qui pourtant ne paraît guère impressionné pour l'instant. Car ce vote n'est donc qu'une recommandation. L'article 7, pour être effectivement déclenché, doit au final être approuvé à l'unanimité des membres du Conseil européen. L’unanimité, cette éternelle épine dans le pied de l'Europe. En l'espèce, la Pologne a déjà fait savoir qu’elle mettrait son veto à la mise en œuvre de sanctions contre la Hongrie. On comprend mieux, du coup, la réaction bravache de Budapest, qui parle de complot des partis pro-immigration !

Et donc, de ce vote sortira surtout une pression forte, mais symbolique, pour que Budapest change de ligne politique. C’est bien - mais encore insuffisant.

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